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CHALLENGE A-Z 2023

Tout au long du mois de novembre, en lien avec le "Challenge AZ" initié sur les blogs et réseaux sociaux, les Archives nationales d’outre-mer vous invitent chaque jour à explorer leurs fonds sous la forme d’un abécédaire.

Parcourez quotidiennement de courtes notices illustrées, qui cette année, mettront à l’honneur des photographes, peintres, affichistes, illustrateurs... présents dans les fonds des Archives nationales d'outre-mer.

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La dation Zoummeroff

La dation Zoummeroff est une collection constituée par Philippe Zoummeroff entrepreneur (1930-2020), passionnée notamment par l’histoire de l’Algérie qu’il a découvert grâce à la philatélie.

Il a rassemblé des documents d’une grande valeur historique et patrimoniale acquis sous forme de dation en 1898 et 1899 par les ANOM. Cette procédure consiste à intégrer dans les collections de l’Etat des documents ou des œuvres d’une valeur reconnue en échange d’une exonération d’impôts. Cet ensemble comprend notamment un nombre important de photographies. Elles se présentent essentiellement sous forme d’albums (27). Ils portent sur une période qui va de 1856 à 1933. Nous traversons ainsi une partie de l’histoire photographique de l’Algérie.

On peut retenir les 3 albums du photographe Félix Moulin, photographe professionnel (1802-1879) qui réalise un reportage officiel « l’Algérie photographiée » (1856-1858), centré sur l’activité des bureaux arabes ou bureaux des « affaires indigènes », ces albums ont été offerts ou peut-être même constitués pour le général Damas (1803-1873), organisateur de ces mêmes bureaux. C’est le destinataire de ces albums autant que leur auteur qui en font toute leur valeur…

A ces photographies s’ajoutent des albums de voyage constitués de tirages de grands noms de la photographie d’Algérie de la fin du XIX ème au début XXème : Claudius Portier (1841-1910), Alexandre Leroux (1836-1912), Jean-Théophile Geiser (1848-1923) …

Ces albums qui ont sans doute appartenu à une clientèle aisée côtoient d’autres de plus petits formats. Ils sont constitués de photographies prises par des fonctionnaires civils ou militaires en poste en Algérie, ils peuvent pratiquer plus facilement la photographie grâce aux nouvelles techniques photographiques apparues à la fin du XIXème siècle (1888 premier appareil Kodak). Les images des grandes villes, des sites touristiques ou des photographies de genre laissent la place à des photographies de « proximité », proximité des regards mais aussi d’événements historiques violents comme celui de la bataille d’In Rhar, (1900), épisode de la « conquête saharienne ».

L’ensemble des albums photographiques de la dation Zoummeroff est accessible sur la base iconographique des ANOM Ulysse :
http://anom.archivesnationales.culture.gouv.fr/ulysse/sommaire?form=complexe&cote=&creator=&engraver=&printer=&publisher=&analyse=Zoummeroff&coverage=&spatial=&date=&from=&to=&type=&provenance=&x=0&y=0

Légendes des visuels ci-contre :

  • Bureau arabe d'Oran [1856], épreuve sur papier albuminé 16 x 22 cm de Félix Moulin
    FR ANOM 8Fi429/3
  • Alger vue de l'entrée du port [1897], épreuve sur papier albuminé 21 x 27 cm attribuée à Alexandre Leroux
    FR ANOM 8Fi436/54
  • Algérie. [Femmes et d'enfants en costume d’Ammi-Moussa 1895-1896], photographie extraite d’un album constitué probablement par Jules Meyer médecin militaire (1867-1933).
    Aristotype 12,5 x 17,5 cm
    FR ANOM 8Fi440/42

Bureau arabe d'Oran [1856] Alger vue de l'entrée du port [1897] Algérie. [Femmes et d'enfants en costume d’Ammi-Moussa 1895-1896]
Yanaon

Parmi les anciens établissements français de l’Inde, Yanaon est le territoire le moins documenté dans les fonds cartographiques des ANOM.

D’abord colonisée par les Pays-Bas, Yanaon a fait l’objet d’une première entreprise coloniale française en 1723, qui ne dura que quatre années. C’est le marquis Joseph François Dupleix, futur gouverneur de Pondichéry et commandant général des établissements français de l’Inde, qui y réinstallera la présence française sous la forme d’une loge, c’est-à-dire d’un comptoir commercial.

Les conflits avec les Britanniques pour le contrôle de l’Inde marqueront l’histoire coloniale de Yanaon, avec plusieurs périodes d’occupation entre 1758 et 1816. Cette carte intitulée « Yanaon et ses environs. Plan de la presqu’île d'Ingeram », dressée en 1772 et conservée sous la cote 30 DFC B 2, montre ainsi avec acuité l’enclavement du comptoir français (localisé par une teinte plus jaune sur la carte), entouré de forts et de loges britanniques.

En dépit de cette proximité, Yanaon restera un établissement français jusqu’en 1954, jusqu’à la formation d’un gouvernement provisoire indépendantiste, évènement alors qualifié de « coup d’État de Yanaon ». Un traité officiel de cession sera conclu avec l’Inde deux ans plus tard ; il faudra toutefois attendre jusqu’en 1962, à la fin des mouvements de décolonialisation, pour qu’il soit ratifié par le Parlement français.

Légende du visuel ci-contre :

  • Yanaon et ses environs. Plan de la presqu’île d'Ingeram, 1772
    FR ANOM 30 DFC B 2

Yanaon et ses environs. Plan de la presqu’île d'Ingeram, 1772
Xylophage

Mais que sont ces étranges motifs qui ornent ce feuillet issu du fonds des greffes du Dépôt des Papiers publics des colonies ? Des hiéroglyphes ? Un test de Rorschach ? Ou bien du kirigami, l’art japonais du découpage du papier ?

C’est après tout le propre de l’image de pouvoir susciter autant d’interprétations qu’elle a de spectateurs, témoignant du pouvoir de l’imagination humaine. Ce dessin ne doit pourtant rien à la fantaisie d’un greffier du milieu du XVIIIè siècle, ni à l’oisiveté d’un archiviste des siècles suivants.

Son auteur – qui a préféré rester anonyme – devait mesurer environ 5 millimètres et était particulièrement friand des papiers, parchemins et autres cartons. Vous l’avez reconnu ? Il s’agit bien sûr de la « vrillette des bibliothèques » (aussi appelée nicobium castaneum, pour les plus savants), petit insecte xylophage redoutable pour les documents d’archives.

Si le forage du papier constitue une importante dégradation matérielle, la composition des découpes, découverte à l’occasion du dépliage de ce feuillet au cours d’une opération de restauration, est étonnante. Le document d’archives est ainsi devenu, bien involontairement, un support d’« art organique » ou bio-art, ajoutant une dimension figurée à la multiplicité de ses fonctions.

Xylophage
Wiart, Albert

Albert Wiart (1863-1933) était ingénieur des Ponts-et-chaussées. Il fut nommé ingénieur ordinaire des travaux publics en Indochine le 1er mai 1899 avant de devenir le 26 mai, seulement quelques jours plus tard donc, chef de service des travaux publics en Indochine. Sa mission consistait à étudier au Tonkin et en Chine les moyens de pénétration par voies ferrées des provinces chinoises du Sud-Ouest. Les archives de mission conservées aux ANOM permettent de découvrir, au travers de rapports manuscrits, des éléments concernant les populations, les mines, les techniques traditionnelles, le commerce, etc. des régions du Yunnan et du Seu Tchouan (Chine). On y apprend notamment avec intérêt la technique de fabrication et de conservation de l’indigo. Les qualités avec lesquelles il remplit ses différentes missions le firent recommander par sa hiérarchie pour la Croix de Chevalier de la Légion d’honneur en 1902, distinction qu’il obtint quelques années plus tard, en 1908.

Sources complémentaires aux ANOM :
Dossier de personnel d’Albert Wiart, EEII 2055(6)

Sources complémentaires aux Archives nationales, site de Pierrefitte-sur-Seine :
Dossier LH//2755/20, consultable en ligne sur la base Léonore :
https://www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr/ui/notice/379157

Légendes et cotes des illustrations :

  • Wiart_2, 3 et 8 :
    Extraits des rapports d’Albert Wiart sur les populations, les cultures et les villes indochinoises, 1899-1902, FR ANOM 56APC.
  • Wiart_10 et 11 :
    Extrait du rapport consacré aux plantes tinctoriales, éléments sur la noix de Galle et l’indigo, 189961902, FR ANOM 56APC.

Extraits des rapports d’Albert Wiart sur les populations, les cultures et les villes indochinoises, 1899-1902, FR ANOM 56APC. Extrait du rapport consacré aux plantes tinctoriales, éléments sur la noix de Galle et l’indigo, 189961902, FR ANOM 56APC.
Vaccari, Dominique
L'Album africain

L'Album africain de Vaccari possède deux atouts majeurs : d'une part, il représente une curiosité bibliographique, et d'autre part, il constitue un témoignage ethnographique intéressant en offrant, à travers les yeux d'un Européen, un aperçu surprenant de la vie quotidienne à Alger ainsi que de ses habitants.

L’Album africain ou collection de 24 costumes, lithographiés au trait, d'après nature conservé sous la cote BIB AOMRES 48838 est constitué d'un ensemble de 24 dessins lithographiés en noir et blanc. Hermann Fiori dans sa « Bibliographie des ouvrages imprimés à Alger de 1830 à 1850 » indique qu’il s’agit du premier ouvrage illustré sorti des presses d'Alger en 1831.

D'après les documents d'état civil de ses enfants, on sait que le lithographe se prénomme Dominique. D'origine italienne, il est né aux alentours de 1804 et décédé en Espagne en 1859.

Il est identifié comme peintre en portraits et s'entoure de gens du métier : les imprimeurs Grasson et Garolini, le lithographe Ansemant. Il est le fondateur, en 1831, de la première presse lithographique à Alger ; en 1834, on en compte quatre : celles du Gouvernement, de Vaccari, d'Ansemant, et de Philippe. À l'avenir, la technique de la presse typographique prendra le relais de cette méthode.

Vaccari séjourne à Alger au moins jusqu'en 1846, année de naissance de son fils César.

On ne conserve pas d'autres traces du travail de l'Italien. Pourtant, Fiori mentionne en 1833 un avis de publication par Vaccari d'une série de lithographies sur les arts et métiers et des scènes d'intérieur.

Légende du visuel ci-contre :

  • Vaccari (Dominique), Album africain, ou Collection de 24 costumes lithographiés au trait, d'après nature, Alger, Vaccari, 1831
    FR ANOM 9 Fi808

Vaccari (Dominique), Album africain
Expositions Universelles

Saviez-vous que les premières Expositions universelles étaient à l’origine des collections photographiques du ministère des colonies ? C’est, en effet, dans le prolongement des Expositions universelles de Londres en 1851 et de Paris en 1855 que l’Exposition permanente des colonies a vu le jour. Cette institution ministérielle avait pour objectif de pérenniser les moyens mis en œuvre lors des Expositions universelles pour promouvoir les colonies. Organisée comme un musée, les photographies proposées lors des expositions nationales et internationales étaient intégrées aux collections permanentes. Provenant de campagnes militaires, de missions scientifiques ou archéologiques, ces photographies étaient généralement prises par des officiers, des fonctionnaires coloniaux ou des photographes professionnels.

Les photographies les plus anciennes conservées aux ANOM ont été réunies par l’Exposition permanente des colonies. À cette structure succèderont d’autres organismes - de l’Office colonial (1899-1919) jusqu’au Service d’information et de documentation (1953) - dont la vocation était double : favoriser le commerce entre les colonies et la métropole et diffuser « l’idée coloniale ». Les photographies étaient l’un des moyens utilisés ; ces établissements étaient rattachés directement ou indirectement au ministère des colonies, ils se sont succédés en transmettant à chaque fois leurs collections photographiques.

Les ANOM conservent plus de 140 000 photographies de formats divers (plaques de verre négatives ou positives, négatifs souples, cyanotypes, épreuves albuminées ou argentiques…), couvrant la période 1844-1977. Les photographies numérisées sont accessibles sur la base Ulysse

Légendes des visuels ci-contre :

  • Exposition universelle de 1900. « Paris capitale du monde civilisé », affiche, Société Toulousaine de chromolithographie (ancien établissement Cassan, fils)
    FR ANOM 9 Fi808
  • Album constitué pour l’exposition universelle de 1889, Rue Frébaut, Pointe-à-Pitre, Guadeloupe, tirage albuminé collé sur carton FR ANOM 8Fi 72/18

Exposition universelle de 1900. « Paris capitale du monde civilisé », affiche, Société Toulousaine de chromolithographie (ancien établissement Cassan, fils) Album constitué pour l’exposition universelle de 1889, Rue Frébaut, Pointe-à-Pitre, Guadeloupe, tirage albuminé collé sur carton
Tract illustré « La Vérité en marche »

Dans ce tract rédigé en quôc-ngu (langue vietnamienne en caractères romanisés), le parti annamite de l’Indépendance ou Việt-nam Quốc dân Đảng attaque le parti communiste indochinois et son fondateur Nguyen Aï Quôc (futur Hô Chi Minh). Il préconise l’alliance des peuples opprimés représentés à droite de l’image contre les instances coloniales et colonialistes illustrées à gauche par trois figures symbolisant l’impérialisme européen, le parti constitutionnaliste et le mandarinat traditionnel vietnamien pro-français. Ce tract est une réponse à un imprimé faisant l’apologie de Nguyen Aï Quôc et illustre les dissensions entre les différents courants révolutionnaires et anticolonialistes vietnamiens en présence dans les années 1920-1930, en particulier au sein même du parti communiste dans lequel s’affrontent la branche marxiste-léniniste et la branche trotskyste.

« La Vérité en marche » a été rédigé à l’initiative de Ta Thu Thâu (1906-1945) et distribué dans la capitale et dans les principaux centres universitaires des grandes villes en février 1929 un an avant la création à Hong Kong du Parti communiste indochinois ou Đông Dương Cộng sản Đảng par Nguyen Aï Quôc. En 1931, Ta Thu Thâu (représenté au centre de l’image ?) sera expulsé de métropole suite à une manifestation qu’il avait organisée le 24 mai 1930 devant l’Élysée pour protester contre les condamnations à mort des révoltés de Yen Bay. En Indochine, il deviendra le leader du groupe trotskyste indochinois.

Légendes des visuels ci-contre :

  • Tract illustré « La Vérité en marche », 1929
    FR ANOM SLOTFOM III 117

Tract illustré « La Vérité en marche », 1929
Sahara Algérien

Eugène Letord (1867-1915), lyonnais diplômé de l’école de Saint-Cyr, est nommé au service des « Affaires Indigènes » en Algérie en 1893. Durant plus de onze ans, il occupe de nombreux postes administratifs, d’abord à Géryville puis dans plusieurs localités du Sahara Algérien. Jeune fonctionnaire, il consigne méticuleusement ses programmes de « tournées », des tracés de promenades, des relevés météorologiques ou des listes de courses dans des carnets, aujourd’hui conservés dans le fonds 311 de la série des archives privées d’outre-mer (APOM). En complément, il croque quelques paysages et constitue plusieurs albums photographiques au tournant du siècle.

L’inventaire de certaines de ses plaques de verre, consigné dans ses carnets, nous renseigne sur sa pratique de la photographie alors qu’en complément il associe dans les albums des tirages de photographes professionnels ou de camarades – le Lieutenant Delon ou le capitaine Schwab, par exemple. Les sujets et la typologie de ces images s’inscrivent dans la pratique de nombreux amateurs de la même période, fonctionnaires ou militaires : ils relèvent tant de la photographie vernaculaire que de la diffusion de topoï qui nourrissent l’imaginaire colonial. Alors que les albums suivent de façon chronologique son itinéraire entre la France et l’Algérie, l’album 8 Fi 593 semble constituer un recueil de clichés probablement sélectionnés par Eugène parmi l’ensemble, et contient un projet de menu, bordé de quelques-unes de ces images.

Durant ses séjours en Algérie, Eugène Letord entretient une relation épistolaire régulière avec Isabelle Eberardt (1877-1904), après avoir publié un « appel » à correspondance dans un journal français. Après plusieurs tentatives manquées, ils se rencontrent à Batna en 1899 puis séjournent ensemble à Alger en 1900. Alors qu’Eugène Letord consigne les détails de leurs entrevues dans ses carnets et agendas, aucun cliché de l’exploratrice n’a été à ce jour identifié dans les albums conservés.

Légendes des visuels ci-contre :
Fonds 311 APOM

  • Barika, 6 avril 1896, n°21
    Album 8 FI 585
  • 13 et 14 décembre 1897, environs de Bou Semghoum
    Album 8 FI 586
  • Projet de menu
    Album 8 FI 593


Barika, 6 avril 1896, n°21 13 et 14 décembre 1897, environs de Bou Semghoum Projet de menu
Raoelina, Louis
Peintre malgache

Louis Raoelina (dates inconnues), est un peintre malgache qui a vécu au tournant des XIXe et XXe siècle. Nous savons peu de chose de sa vie. L’artiste avait été formé aux techniques de la peinture occidentale par les missionnaires britanniques présents à Madagascar avant l’annexion de l’île par les Français en 1897.
Une exposition de ses œuvres a été organisée en 1898 dans le salon du « Figaro » à Paris. Il figure également dans le pavillon de Madagascar lors de l’Exposition universelle de 1900… Trois de ses tableaux ont été exposés lors de l’exposition Hoso-Doko en 1980.
Le Journal officiel de Madagascar du 29 novembre 1913, nous apprend qu’avec vingt-quatre autres élèves, il est reçu deuxième « à l’examen d’admission aux cours de peinture et de dessin professés par M. le peintre Ange Supparo. » La même année, ce peintre natif de Marseille fut le premier bénéficiaire du Prix de Madagascar et de La Réunion.

Les Archives nationales d’Outre-mer conservent (cote : 7Fi 208), un tableau de lui (dimension : 101x79 cm.). Il représente le portrait plein pied d’une femme noble malgache (merina) du quartier d’Antsahabe à Tananarive en avril 1899.
Gouache sur coton réalisée avec des techniques mixtes, cette œuvre d’après Pauline Monginot(1) , « ne présente aucune trace de matière, pas plus que de crayon sur le personnage principal, contrairement au fond dont le rendu n’est pas aussi léché. Les traits de construction de la maison s’y retrouvent aisément et les personnages secondaires sont traités plus grossièrement. Il en résulte une sensation de reproduction mécanique (…). Il est donc possible que la peinture malgache ait été d’abord liée à des procédés proches de la sérigraphie. »

Le musée du quai Branly - Jacques Chirac conserve (numéro d’inventaire : 75.2012.0.673) le pendant masculin de ce tableau : le portrait d’un noble malgache, daté de mars 1899, soit un mois avant celui de la femme (réalisé dans le même quartier et sans doute la même propriété). Il s’agit donc d’un couple désormais séparé dans la conservation…

1. Pauline Monginot, Peintres de Tananarive, Palettes malgaches, cadres coloniaux, Hémisphères Éditions, 2022, 362 p.

Légendes des visuels ci-contre :

  • Portrait d’une femme noble malgache (merina), Louis Raoelina, 1899, gouache sur coton
    FR ANOM 7 Fi 208
  • Portrait d’un noble merina, Louis Raoelina, 1899, gouache sur coton © Musée du quai Branly Jacques Chirac

Portrait d’une femme noble malgache (merina), Louis Raoelina, 1899, gouache sur coton Portrait d’un noble merina, Louis Raoelina, 1899, gouache sur coton © Musée du quai Branly Jacques Chirac
Quinzaine coloniale

La deuxième quinzaine impériale française (acronyme Q.I.F.) est organisée à Paris du 2 au 9 mai 1940 par la Fédération des comités du Haut-Commerce de Paris, présidée par Gaston-Louis Vuitton, et placé sous le patronage du ministre des Colonies, Georges Mandel. Elle se veut la déclinaison de la Semaine de la France d’outre-mer, organisée en 1939 pour faire connaître aux Français de métropole l’importance des apports économiques des territoires situés outre-mer et placés sous administration française.

Organisée à Paris mais aussi dans quelques villes de province au gré d’initiatives privées locales, comme à Angoulême, cette quinzaine a pour but de promouvoir les productions agricoles et artisanales ultra-marines à travers l’exposition (« étalage ») d’objets ou des conférences.

Elle donne ensuite lieu au printemps 1941 à une nouvelle Semaine de la France d’outre-mer, dont l’exposition circule en train dans une dizaine de grandes agglomérations françaises, avant d’être reconduite sous la dénomination de quinzaine coloniale en mai 1942, avec cette fois pour objectif d’inciter « l’élite de la jeunesse française » à embrasser une carrière coloniale.

Le mince dossier d’organisation conservé sous la référence AGEFOM 574/353 ne précise pas si cette manifestation a réellement eu lieu, compte tenu des évènements survenus à cette période en France.

L’affiche présentée ici en a été extraite à des fins de conservation. Dessinée par Yves Brayer (1907-1990), célèbre peintre, illustrateur et graveur de l’Ecole de Paris, d’un petit format pour une affiche, elle représente en arrière-plan un port de commerce et trois soldats des troupes coloniales en premier plan : un spahi, un tirailleur sénégalais et un tirailleur annamite.

Légende du visuel ci-contre :

  • Brayer, Yves, Deuxième quinzaine coloniale du 2 au 19 mai 1940, Paris, Imprimerie Courbet, papier, couleur, 40 cm x 29 cm
    FR ANOM 9 Fi 276 issu du dossier FR ANOM AGEFOM 574/353 Organisation de la deuxième quinzaine impériale, 1940

Brayer, Yves, Deuxième quinzaine coloniale du 2 au 19 mai 1940
Propagande anti-communiste

Ces deux lithographies appartiennent à une brochure qui se compose de 24 feuillets reliés dont 12 planches dessinées. Elles ont été réalisées en 1931 à Hué, capitale de l’Annam (au centre du Vietnam actuel), alors territoire de l’Indochine française. Chaque image est légendée en français et en vietnamien (caractères chinois et romanisés). La brochure saisie par les services de la Sûreté a été éditée à 10 000 exemplaires et publiée dans certains journaux locaux pour être diffusée largement parmi la population. Le début des années 30 est marqué par un fort mouvement de contestation du pouvoir colonial porté par divers partis nationalistes. Dans le même temps, s’affirme un discours anti-communiste qui s’exprime par la voix de certains hommes politiques dont Ernest Outrey, député de Cochinchine de 1914 à 1936 et dans certains titres de la presse locale ou parisienne.
Les auteurs de cette brochure utilisent l'image pour dénoncer le communisme qui représente à leurs yeux un danger pour la société vietnamienne traditionnelle. Ils utilisent pour cela plusieurs moyens propres à marquer l'imagination en confrontant deux aspects contradictoires d'une même situation. Dans cette lithographie c’est le thème du bon étudiant versus l’étudiant communiste qui est exposé. Le premier « qui a travaillé au lieu de s’occuper de politique a remporté aux examens des succès mérités. Il est fêté à son retour dans son village et va s’incliner devant ses vieux parents, et devant la tablette des ancêtres, pour leur faire hommage de sa réussite ». Le second « gagné au communisme est exclu du Collège pour mauvaise conduite. Il rentre dans son village la torche au poing à la tête d’une bande de voyous armés de bâtons. Il insulte ses parents et moleste les notables ».
Il s'agit de démontrer tout ce qui dans la doctrine communiste s'oppose à la société traditionnelle d'essence confucéenne, fondée sur une stricte hiérarchisation des pouvoirs avec à son sommet l'empereur qui s'appuie sur l'administration mandarinale et protège l'ordre du monde, et à sa base la cellule familiale patriarcale s'appuyant sur le culte des ancêtres. L'obéissance à ce cadre ancestral garantit la pérennité de l'État.

Légende du visuel ci-contre :

  • Le retour du bon étudiant/le retour de l’étudiant communiste
    Lithographie 1931
    FR ANOM SLOTOM III 133

Le retour du bon étudiant/le retour de l’étudiant communiste
 - Lithographie 1931Le retour du bon étudiant/le retour de l’étudiant communiste
 - Lithographie 1931
Oran, 1896

Aristotype conservé aux ANOM sous la cote FRANOM 8FI 440/55 et mis en ligne sur le site Internet des ANOM

http://anom.archivesnationales.culture.gouv.fr/ulysse/notice?q=Oran&coverage=Alg%C3%A9rie&date=1896&from=&to=&type=Photographie&mode=list&id=FR_ANOM_8Fi440-55

Les archives nationales d’outre-mer conservent un album constitué de photographies personnelles (1896-1933) retraçant la carrière de Jules Meyer, médecin militaire, en Algérie puis sur le front de la première guerre mondiale.

La ville d’Oran passe sous le contrôle de l’armée française le 4 janvier 1831. En 1896, date de la photographie, la ville intra-muros est devenue une ville coloniale comme en témoignent l’architecture, les noms des boutiques et les calèches.

L’impression sur aristorype, papier prêt à l’emploi né au début des années 1860, facilite la photographie amateur. Les deux principaux types d'aristotypes tirent leur nom des deux liants les plus fréquemment observés dans les collections, à savoir le collodion et la gélatine.

Les aristotypes disparaissent progressivement à partir des années 1920, suite à l'introduction des procédés de développement qui réduisent le temps d'exposition et suppriment les contraintes de format liées à l'impression par contact.

Oran, 1896
Nouen, Guy

On sait peu de chose de Guy Nouen (dont le nom est parfois orthographié Noven), si ce n’est qu’il a été photographe de la ville d’Alger, auteur d’un film commandité par Jacques Chevallier, maire de la ville, sur la construction des trois cités de Fernand Pouillon, et graphiste, créateur d’affiches publicitaires comme celle présentée ici.

De l’imprimerie qui a réalisé techniquement cette affiche, on en sait un peu plus : il s’agit des établissements Baconnier, maîtres imprimeurs à Alger de père (Henri) en fils (Henry) et petite-fille (Beatrix), autrice d’un livre sur l’affiche en Algérie. La maison d’édition associée aux presses a beaucoup travaillé avec des peintres et des graphistes afin de produire de nombreuses affiches, touristiques notamment, présentant souvent une grande valeur artistique.

D’un format adapté aux panneaux d’affichage des gares et des colonnes publicitaires de l’immédiat après-guerre, cette affiche est imprimée en couleur sur du papier mécanique de médiocre qualité. Elle fait partie d’un ensemble édité par l’Office algérien d’action économique et touristique (OFALAC), pour lequel Guy Nouen a également signé l’affiche « Algérie Pays de la Qualité ».

C’est à la suite des manifestations pour le centenaire de la conquête de l’Algérie et afin de conforter les positions commerciales de l’Algérie sur les marchés extérieurs que l’OFALAC a vu le jour en tant qu’organisme public, créé par un décret du 29 octobre 1931. Refondé en 1936, rattaché au gouvernement général de l’Algérie mais disposant d’une implantation parisienne et d’un budget autonome, c’est vraisemblablement sous l’impulsion de Gabriel Audisio*, chef du Service algérien d’information et de presse (SAIP) que cette campagne publicitaire a vu le jour. La représentation est certainement plus révélatrice de l’image que l’on souhaitait véhiculer auprès d’un public étranger (comme les mentions d’édition rédigées en anglais le laissent supposer) que de la vision réelle de l’auteur.

* Audisio, Gabriel (1900-1978), écrivain et poète français, délégué de l’office algérien d’action économique et touristique à Paris de 1931 à 1943 puis chef du service algérien d’information et de presse à l’OFAAC d’Alger d e1945 à 1948.

Légende du visuel ci-contre :

  • Nouen, Guy, Office algérien d'action économique et touristique (OFALAC).
    Algérie pays de lumière, Alger, Imprimerie Baconnier, 1947, papier, couleur, 99 cm x 64 cm,
    FR ANOM 9 Fi 566

Nouen, Guy, Office algérien d'action économique et touristique (OFALAC). Algérie pays de lumière, Alger, Imprimerie Baconnier, 1947
Malsy, Jean
Fiche anthropométrique

Les Archives nationales d’outre-mer conservent près de 150 000 dossiers de bagnards correspondants aux 100 000 bagnards envoyés dans les bagnes coloniaux de Guyane et de Nouvelle-Calédonie (un bagnard pouvait avoir plusieurs dossiers) entre 1852 et 1953.

Lors de leur arrivée au bagne, les condamnés faisaient l’objet d’une fiche anthropométrique, avec photographie, réalisée selon la méthode conçue en 1879 par Alphonse Bertillon, chef du service photographique de la Préfecture de Police de Paris.

La fiche anthropométrique comprend, outre une photographie (face et profil) des mesures standardisées permettant d’identifier une personne. Les empreintes digitales s’y ajouteront au début du XXe siècle.

Seules une infime partie des fiches anthropométriques ont été conservées (moins de 2000 soit moins de 2 % des condamnés), ce qui en fait un document d’autant plus apprécié.

Nous présentons ici celle de Jean Malsy, condamné en 1927 pour désertion à 15 ans de travaux forcés et envoyé en Guyane. Malsy s’évade en 1930 et on ignore ce qu’il est devenu.

Légende du visuel ci-contre :

  • Fiche anthropométrique de Jean Malsy
    FR ANOM COL H 5098A

Fiche anthropométrique de Jean Malsy
Leguay, Marc
Le peintre du Laos

Peintre français, Marc Leguay (10 janvier 1910, Charleville – 22 mai 2001, Ban Kô Nong Saeng-Thaïlande) vécut au Laos de 1936 à 1975. Ses peintures sont connues par l’intermédiaire des timbres-poste laotiens qu’elles ont illustrés à partir de 1951.

Tout d’abord employé à l’état-civil d’Évreux, il démissionne très vite pour arpenter les routes de France, d’Espagne et d’Afrique du Nord avec son matériel de peintre. Il se fixe à Perpignan en 1931 ou il expose ainsi qu’en Espagne où il rencontre Salvador Dali.
C’est lors d’une de ces expositions qu’il est remarqué par Pierre Pagès alors gouverneur de Cochinchine. Il se voit confier en décembre 1935 une mission de trois mois en Indochine et reste finalement au Laos où il créera à Khong l’École d’art Lao. Il peindra des paysages locaux, sans personnage à l’exception de quelques silhouettes.
Il se marie en 1946 à Nang Sengdeuane Soulivong, membre d’une grande famille de Khong. Elle devient sa muse. Des personnages vont apparaître sur ses tableaux, membres de sa famille ou proches.

En 1947, il décide de s’installer avec son épouse à Vientiane où il devient professeur de dessin au lycée de la ville. Il vit et travaille au Laos près de 40 ans de 1936 à 1976.

En 1975, la monarchie est renversée et les étrangers conduits à quitter le pays. Il s’installe dans un village de Thaïlande jusqu’à son décès en 2001.

Réalisée en 1957 à la demande du 1er ministre du Laos Souvanna Phouma dont il était proche pour l’ouverture de la ligne aérienne Vientiane-Paris assurée par Air France et Air-Laos, l’affiche représente l’un des deux temples emblématiques du Laos :  Pha That Luang.
Marc Leguay a créé à cette occasion deux affiches, l’autre représentait le second temple. Les ANOM ont acquis uniquement une des deux affiches lors de la vente aux enchères Perrin-Royère-Lajeunesse du 22-23 mars 2000.

Légende du visuel ci-contre :

  • Leguay, Marc « Laos. That Louang. Reliquaire national »
    Affiche en couleurs illustrée. Édifice religieux de That Luang ainsi que le reliquaire. Texte en laotien. Imprimeur : Karcher (A.), Paris,
    1957, FR ANOM 9Fi 568 Sous réserve d’éventuels ayants-droit

Leguay, Marc « Laos. That Louang. Reliquaire national »
Kleiss, Hans
Caricaturiste

La bibliothèque des ANOM conserve un album de portraits des membres des Assemblées algériennes. Ces portraits et caricatures spontanées valurent un grand succès à son auteur Hans Kleiss. Ce peintre et caricaturiste orientaliste, époux d'Yvonne Kleiss-Herzig, elle aussi peintre orientaliste, est né en 1901 et décédé en 1973.

Trois personnalités algériennes sont présentées ici :

Amédée Froger, né le 23 mai 1882 à Philippeville, a été mobilisé dans les zouaves en 1914 après avoir obtenu son diplôme en Droit. Après la guerre, il retourne en Algérie où sa famille bretonne s'était installée en 1836.
En 1948, lors de la création de l'Assemblée algérienne, Froger est élu délégué de la 14e circonscription (Boufarik). Il est très apprécié par ses collègues des deux assemblées pour la sûreté de ses jugements et est élu à l'unanimité Président des maires d'Algérie. Dans sa commune, bien avant que les lois ne le dictent, il réalise de nombreuses œuvres sociales touchant la santé publique, l'habitat et l'éducation.
Le 28 décembre 1956, à l'âge de 74 ans, Amédée Froger est assassiné de plusieurs balles de revolver devant chez lui, dans un quartier chic d'Alger, il était connu pour ses positions intransigeantes en faveur de l’Algérie française.

Abdelmadjid Ourabah, né en 1905 à Oued-Amizour, a suivi les traces de son père en devenant agriculteur viticulteur. Très tôt, il s'intéresse aux affaires publiques et grimpe les échelons du pouvoir politique. En 1928, il est élu conseiller municipal d'Oued-Amizour, puis en 1937, conseiller général de Constantine. À partir de 1935, il est délégué financier de l'Algérie, un poste qui avait été occupé auparavant par son grand-père et son oncle. En 1946, Abdelmadjid Ourabah est élu conseiller de la République et rejoint le groupe des Indépendants, puis le groupe du Rassemblement des gauches républicaines et de la gauche démocratique (RGR-GD) après sa réélection en 1948. En tant que membre de l'Assemblée nationale, il est actif au sein de différentes commissions, dont celles des affaires économiques, des douanes, des conventions commerciales, du ravitaillement, et des beaux-arts, des sports, de la jeunesse et des loisirs à partir de 1950. Il occupe le poste de Conseiller de la République puis de sénateur de Constantine de 1946 à 1951, et enfin, il est député de Constantine de 1951 à 1955.

Armand Léon Annet, né le 5 juin 1888 à Paris, était un administrateur colonial français. Après avoir obtenu son baccalauréat en 1907, il sollicite un emploi en Afrique-Équatoriale française et est nommé commis des services civils en Oubangui-Chari. En 1914, il est en poste au cabinet du gouverneur général. Pendant la Première Guerre mondiale, il est mobilisé et participe à la campagne du Cameroun, où il est blessé. Il est promu lieutenant en 1916, puis capitaine. Après la guerre, il travaille comme chef de section dans le bataillon indigène du Moyen-Congo. En 1919, il devient chef du service des affaires politiques, puis chef de cabinet du commissaire de la République au Cameroun à partir de janvier 1920. Par la suite, il occupe des postes en France à l'Agence économique du Cameroun et devient chef-adjoint du cabinet du gouverneur-général de l'AOF. En 1935, il est nommé gouverneur de la Côte française des Somalis, puis en 1938, gouverneur du Dahomey. En 1941, il est nommé gouverneur général de Madagascar, où il poursuit la politique de la Révolution nationale prônée par Pétain. En 1947, Armand Annet est condamné à la dégradation nationale, mais il est amnistié en 1954. Il meurt le 25 avril 1973 à Paris, après avoir publié plusieurs romans et articles qui célèbrent « l'œuvre coloniale française ».

Légendes des visuels ci-contre :

  • Amédée Froger, Kleiss (Hans), Les Assemblées algériennes, Alger, L'héliogravure d'art, 1934,
    FR ANOM BIB AOM RES14015
  • Abdelmadjid Ourabah, Kleiss (Hans), Les Assemblées algériennes, Alger, L'héliogravure d'art, 1934, FR ANOM BIB AOM RES14015
    FR ANOM BIB AOM RES14015
  • Armand Léon Annet, Kleiss (Hans), Les Assemblées algériennes, Alger, L'héliogravure d'art, 1934,
    FR ANOM BIB AOM RES14015

Amédée Froger, Kleiss (Hans), Les Assemblées algériennes, Alger, L'héliogravure d'art, 1934 Abdelmadjid Ourabah, Kleiss (Hans), Les Assemblées algériennes, Alger, L'héliogravure d'art, 1934Armand Léon Annet, Kleiss (Hans), Les Assemblées algériennes, Alger, L'héliogravure d'art, 1934
Jamet, André
Officier du Génie et photographe

André Jamet (14 juillet 1875 à Agonges (Allier) – 27 septembre 1936 à Paris) s’engage comme volontaire à 18 ans et commence une brillante carrière militaire. De 1900 à 1902, il fait partie du corps expéditionnaire de Chine. Devenu officier d’administration dans le Génie, il arrive en Algérie, en mars 1903, à Géryville (département d’Oran) - aujourd’hui El Bayadh, dont il en repart en mai 1905 pour la Casamance au Sénégal, où il participe à la construction de la voie ferrée de Thiès à Kayes, puis en Tunisie, de 1911 à 1914. Revenu à Paris en avril 1914 à la Section technique du Génie, il prend sa retraite en 1935 avec le grade de lieutenant-colonel.
Il commence à réaliser des photographies en Algérie en juin 1904 et il continuera au moins jusqu’en 1935. Certaines de ses épreuves ont été présentées à l’exposition coloniale internationale de Paris de 1931.

En 2018-2019, son petits-fils donne aux Archives nationales d’outre-mer les archives de son grand-père, dont un millier de plaques de verre stéréoscopiques, quatre carnets d’inventaire et son livret militaire.

Dans son premier carnet d’inventaire intitulé « Photographie : classement des clichés, séries J, C, Algérie et France, Sénégal, Casamance », André Jamet a enregistré du 6 juin 1904 à janvier 1908 toutes les photos qu’il prenait en complétant plusieurs colonnes, de gauche à droite : « Nos d’ordre », « marques des plaques » de verre, « date de la prise du cliché », s’il s’agit d’une « pose » P ou d’un « Instantané » I, les descriptions (avec mention éventuelle de la personne qui a pris la photo) et enfin, s’il s’agit de « négatifs » ou de « positifs ».

La stéréoscopie connaît un engouement à la fin du XIXe siècle : elle permet une vision en relief de l’image à partir de deux photographies de la même scène, prises en même temps mais à une certaine distance l’une de l’autre grâce à un appareil à double objectif. Le cerveau, en superposant ces deux images, donne l’illusion du relief.

Légendes des visuels ci-contre :

  • Danses arabes à un mariage. Aïcha et Lalia, [Géryville], 16 mars 1905, plaques stéréoscopiques,
    FR ANOM 175 Fi 308
  • Les musiciens arabes à un mariage, [Géryville], 17 mars 1905, plaques stéréoscopiques,
    FR ANOM 175 Fi 311
  • Carnet d’inventaire des photographies d’André Jamet (1904-1908) : couverture et pages intérieures où sont inventoriés les clichés J 308 et J 311,
    FR ANOM 175 Fi

Danses arabes à un mariage. Aïcha et Lalia, [Géryville], 16 mars 1905, plaques stéréoscopiques Les musiciens arabes à un mariage, [Géryville], 17 mars 1905, plaques stéréoscopiques Carnet d’inventaire des photographies d’André Jamet (1904-1908) : couverture et pages intérieures où sont inventoriés les clichés J 308 et J 311
Imprimeur I.D.E.O. Zeitler, Ernst
Prophylaxie en Indochine

Ces affiches humoristiques, parmi une série de dix, émanent du service de santé en Extrême-Orient. Elles donnent des conseils d’hygiène et de prophylaxie à la population et surtout aux soldats. Les autorités ont effectivement peur de voir les combattants décimés avant le combat par les multiples dangers présents sur le territoire asiatique. Ce « Guide d’hygiène » est remis à chaque soldat dès son débarquement.
Son illustrateur, Ernst Zeitler, du Régiment étranger d’infanterie, y croque des personnages qui rappellent l’esthétique des dessins de l’Américain Elzie Crisler Segar pour Popeye, le héros de sa bande dessinée créée à la fin des années 1920.

Légendes des visuels ci-contre :

  • Lavez, séchez, poudrez...plus de dartres !
    FR ANOM 9 Fi 693
  • L’amour avec la clandestine...c’est vraiment pas la bonne combine !
    FR ANOM 9 Fi 694
  • Ils n’auront pas ma peau ! « Repellent » la protège…
    FR ANOM 9 Fi 695
  • Au débarquement attention à l’hygiène ! Suivez le guide...
    FR ANOM 9 Fi 696
  • Eau de rizière = dysenterie, choléra, typhoïde
    FR ANOM 9 Fi 697
  • Contre le paludisme...les comprimés bouclier de ta santé
    FR ANOM 9 Fi 699

Zeitler, Ernst. Imprimeur I.D.E.O. Saïgon [1940-1945].

Lavez, séchez, poudrez...plus de dartres !L’amour avec la clandestine...c’est vraiment pas la bonne combine !Ils n’auront pas ma peau ! « Repellent » la protège…Au débarquement attention à l’hygiène ! Suivez le guide...Eau de rizière = dysenterie, choléra, typhoïdeContre le paludisme...les comprimés bouclier de ta santé
Hastrel, Adolphe

Adolphe d'Hastrel, est un capitaine d’artillerie de marine, un peintre, un aquarelliste et un lithographe français, né le 4 octobre 1805 à Neuwiller-lès-Saverne dans le Bas-Rhin et mort le 1er juillet 1874 à Nantes.

Pendant une vingtaine d'années, il parcourt le monde et met à profit ses missions militaires pour dessiner et peindre paysages, scènes de la vie quotidienne, types humains et costumes. À son retour, il publie lui-même une série d'albums lithographiques. Adolphe d'Hastrel s'est également intéressé à la musique et aux débuts de la photographie, notamment aux daguerréotypes.

En juin 1836, il s'embarque à bord de la corvette l'Aube pour poursuivre ses services à l'île Bourbon -La Réunion- où il séjourne pendant deux ans. Il croque et peint les paysages et les habitants de la colonie, tout particulièrement à Saint-Paul. Sensible aux innovations en cours dans l'île, il dessine ouvrages d'art et canaux d'irrigation mis en place par les industriels du sucre.

En 1847, la Société de géographie, particulièrement réceptive à ses réalisations qu'elle juge « des plus pittoresques », les salue en ces termes :

« Son crayon facile a reproduit avec exactitude ce que trop souvent les artistes-voyageurs négligent, je veux parler du port des grands végétaux dont le dessin seul peut donner une juste idée. Mais lorsqu’à côté de cette fidèle représentation de l'arbre exotique de la forêt vierge, on ajoute l'aspect des lieux, les rochers et les montagnes, lorsqu’on anime ce paysage original par des groupes de figures dont les physionomies s'harmonisent avec le costume et l'action, alors la scène est complète, et l'artiste vous fait partager toutes ses impressions… ».

Légende du visuel ci-contre :

  • Album de l'Ile Bourbon composé de trente-six études, sites, costumes dessinés d'après nature par Adolphe d'Hastrel, Paris, chez V. Delarue, 1847,
    FR ANOM BIB SOMRES D 640

Album de l'Ile Bourbon composé de trente-six études, sites, costumes dessinés d'après nature par Adolphe d'HastrelAlbum de l'Ile Bourbon composé de trente-six études, sites, costumes dessinés d'après nature par Adolphe d'HastrelAlbum de l'Ile Bourbon composé de trente-six études, sites, costumes dessinés d'après nature par Adolphe d'HastrelAlbum de l'Ile Bourbon composé de trente-six études, sites, costumes dessinés d'après nature par Adolphe d'Hastrel
Grecs,
comme Les frères Zangaki Georges et Constantin

Les frères Zangaki Georges et Constantin sont des photographes grecs installés en Egypte, actifs entre 1870 et 1915.

Le fonds Dumoulin 29 Fi du nom du peintre de la Marine Louis Dumoulin (1860-1924) est constitué de photographies du Moyen-Orient réalisées par de grands noms de la « photographie orientaliste » : Hyppolite Arnoux, Félix Bonfils, Pascal Sebah, mais aussi les frères Zangaki.

Photographes d’origine grecque, ils voyagent en Italie, en Algérie, en Turquie et en Egypte… Comme Pascal Sebah, ils appartiennent au monde méditerranéen, orientalistes originaires de l’Orient, ils sont familiers de certaines régions qu’ils parcourent, ils reprennent toutefois les mêmes sujets à succès auprès des touristes occidentaux : ils photographient les sites archéologiques égyptiens (Sphinx, pyramide de Khéops) mais aussi les grandes villes Alexandrie, le Caire et effectuent des clichés des populations rencontrées selon les standards du genre. Ils se distinguent par un goût pour les verticales : palmiers, colonnes…

Habiles commerçants, ils ouvrent plusieurs succursales au Caire, à Istanbul, lieux de passage du peintre voyageur Dumoulin. Les 55 tirages albuminés des frères Zangaki du fonds datent des années 1889-1890, au format 22 x 28 cm, ils sont contrecollés sur carton, numérotés et signés « Zangaki » et portent au dos la mention au tampon humide : « Louis Dumoulin » qui permet d’attester de leur origine. Achetés sur place par le peintre, ils servaient de support à la réalisation de ses tableaux comme le montrent les traces de pinceaux sur le carton, véritable palette. Ces stigmates témoignent de l’un des usages de la photographie. Ces épreuves portent sur les mêmes lieux, les mêmes sujets mais photographiés par différents grands photographes, elles permettent de comparer leur regard, leur style.

La présence de ce fonds qui ne concerne pas les colonies françaises dans les archives du ministère pourrait s’expliquer par la participation du peintre à de nombreuses missions ou manifestations sous l’égide des autorités coloniales.

Légende du visuel ci-contre :

  • Palmières [sic] et pyramide, Zangaki, N 420 [1889],
    FR ANOM 29Fi 5/1
    29 Fi Fonds Dumoulin Répertoire dactylographié Marie-Hélène Degroise, conservateur en chef du patrimoine.

Bibliographie :

  • Aubenas S., Lacarrière J. Voyage en Orient, Paris Hazan, 2001.
  • Edward Saïd L'Orientalisme. L'Orient créé par l'Occident, [Orientalism, 1978], traduction de Catherine Malamoud, préface de Tzvetan Todorov, Le Seuil, 1980, (rééd. augm., 2003)

Palmières [sic] et pyramide, Zangaki, N 420 [1889], FR ANOM 29Fi 5/1
Fatma Haddad dite Baya, artiste

Cette photographie représente l’artiste algérienne Fatma Haddad (1931-1998), dite Baya, à Alger. Prise en 1947, elle donne à voir une jeune femme a l’air assuré, fixant avec aplomb l’appareil photographique.

Cette année marque pour Baya un tournant dans la présentation et reconnaissance de sa production plastique. Orpheline très jeune, elle vit depuis 1943 chez Marguerite Caminat (1903-1987) et Franck Mac Ewen (1907-1994), artistes et amateurs d’art exilés en Algérie qui obtiennent sa garde durant l’entre-deux guerres. Chez eux, elle s’initie seule à la poterie, au dessin et à la peinture, suscitant encouragements et admiration du couple. En mai 1947, le galeriste français Aimé Maeght (1906-1981) découvre ses gouaches et une sculpture par l’entremise du sculpteur Jean Peyrissac : séduit, il associe trois sculptures de Baya à l’Exposition internationale du surréalisme dans sa galerie parisienne en juillet, puis y organise quatre mois plus tard une exposition personnelle de Baya. Le succès de la manifestation l’engage à poursuivre sa collaboration avec l’artiste, notamment autour d’un projet de livre de contes issus de la tradition kabyle, que Baya narre et s’approprie.

Elle travaille sur le projet de l’ouvrage cette même année mais la publication n’aboutit pas : Marguerite Caminat demande à récupérer les planches gouachées qu’elle conserve auprès de retranscriptions de textes contés par Baya. En 1993, l’ensemble est donné aux ANOM avec une somme essentielle de documents conservés par Marguerite, qui renseignent le travail et la vie de Baya. Inédites, ces gouaches ainsi qu’une sélection d’archives issues du fonds sont présentées pour la première fois en 2022, lors de la double exposition monographique portée par la commissaire Anissa Bouayed, 75 ans après leur création (Baya, femmes en leur Jardin. Œuvres et archives, 1944-1998, Institut du Monde Arabe, 8 novembre 2022-26 mars 2023 ; Baya, une héroïne algérienne de l'Art moderne, La vieille Charité, 13 mai- 26 novembre 2023).

Légende du visuel ci-contre :

  • Portrait de Baya en burnous d’hiver au Palais d’hiver (Dar Hassan Pacha) à Alger, 1947. Tirage monochrome sur papier chamois, annotations à l’encre noire au verso, 23.4 x 17.5cm
    FR ANOM 73 APOM, Archives nationales d’outre-mer

Portrait de Baya en burnous d’hiver au Palais d’hiver (Dar Hassan Pacha) à Alger, 1947
École d’art de Giadinh. Monographie dessinée de l'Indochine - Cochinchine - Besson

L’École d’art de Gia-Dinh fait partie avec celle de Bien Hoa et de Thu-Dau-Mot, du groupe des Écoles d’art de Cochinchine rénovées au milieu des années 1920. Cette réorganisation s’intègre dans un mouvement plus général de volonté de renouveau de l’enseignement artistique en Indochine voulue et soutenue par le Gouvernement général. L’administration coloniale s’appuie en effet sur un réseau d’écoles d’art dans tous les pays de l’Union indochinoise. Celles-ci doivent permettre de transmettre les techniques, typologies et décors ancestraux tout en poussant les artisans vers une certaine modernisation des techniques et des décors. Par ailleurs, l’administration est à l’origine d’associations professionnelles destinées à mutualiser les moyens financiers et techniques, d’augmenter les ventes d’objets de qualité et de vitaliser un réseau local de production artisanale gravitant autour des différentes écoles d’arts appliqués.
Entre 1926 et 1940 Jules-Gustave Besson, inspecteur des écoles d’art de Cochinchine et directeur de l’École des arts appliqués de Gia Dinh publie une Monographie dessinée de l’Indochine, en plusieurs volumes. Cette somme illustrée est destinée à faire connaître les productions de ses étudiants et des membres de l’ « Association corporative des décorateurs graveurs et lithographes ». Chaque étape de la réalisation des planches a été assurée par un membre de ce groupement : dessin, gravure en atelier, impression noir et blanc ou en couleurs. Les sujets représentés illustrent différents aspects de la culture traditionnelle vietnamienne à travers ses paysages, son artisanat, ses travaux agricoles et des scènes de la vie quotidienne.

Légendes des visuels ci-contre :

  • Sampan, auteur Nguyen Van Khai, lithographie noir et blanc, 1935
    FR ANOM GGI 61721
  • Jarres dans la cour, auteur Lê Van Biên, lithographie couleur, 1935
    FR ANOM GGI 61721

Sampan, auteur Nguyen Van Khai, lithographie noir et blanc, 1935 Jarres dans la cour, auteur Lê Van Biên, lithographie couleur, 1935
Diplôme décerné par la République démocratique du Vietnam

Ce dessin en couleurs daté du 7 octobre 1946 et signé en bas à droite : Thuơng Vân fait partie d’un ensemble de documents graphiques provenant du fonds du Haut-commissariat de France en Indochine à l’en-tête de la République démocratique du Vietnam (Việt Nam Dân Chủ Cộng Hòa).
Le décor principal s’inscrit au centre d’un espace délimité par un cadre décoratif orné de motifs géométriques et végétaux stylisés. Elle met en scène un paysan, un ouvrier, une mère et son enfant soulevant le monde sur lequel s’inscrit la figure en marche d’un homme portant le drapeau de la jeune république du Vietnam proclamée le 2 septembre 1945 par Hô Chi Minh, chef du parti communiste vietnamien. Dans la partie inférieure du cadre décoratif un cartouche rectangulaire est prévu pour accueillir une inscription.
Ce document, comme ceux qui l’accompagnent, sont des œuvres originales destinées à servir de maquettes pour l’édition de diplômes et distinctions honorifiques. Leur date précède de quelques semaines à peine le déclenchement de la guerre d’Indochine en décembre 1946.

Légende du visuel ci-contre :

  • Diplôme décerné par la République démocratique du Vietnam, gouaches de couleurs sur papier, 1946.
    Document en cours de traitement (NC 9661)

Diplôme décerné par la République démocratique du Vietnam, gouaches de couleurs sur papier, 1946
Cachets
Accumulation de cachets sur un document daté du 15 juin 1908, long de plus d’un mètre.

Jean Gautret, né le 5 janvier 1862 en Charente-Maritime, décédé le 1er août 1912 à Paris, gouverneur hors cadres, avait été mis à la disposition du Gouverneur général de l’Indochine le 16 juillet 1906. En poste au Kouang-Tchéou-Wan (territoire à bail situé au sud de la Chine et administré à cette époque par le Gouvernement général de l’Indochine), nous trouvons dans son dossier de carrière tenu par le Gouvernement général de l’Indochine ce document. Ce dernier émane des fonctionnaires, commerçants et hommes du peuple, selon la traduction également présente dans le dossier.

Ayant appris le retour prochain en France de Jean Gautret, il s’agit d’obtenir son maintien à son poste. Jean Gautret a permis, selon le texte, au commerce du territoire d’être de plus en plus important et les actes de vol à main-armée n’y sont plus signalés. Il a entrepris des centaines et des centaines de travaux d’utilité publique.

Des avis plus contrastés sur le travail effectué se trouvent dans un rapport présent dans un second dossier au nom de Jean Gautret tenu par le ministère des Colonies (EE II 986).

Le 8 septembre 1909, Jean Gautret est nommé par Décret Gouverneur intérimaire de la Guadeloupe.

Légendes des visuels ci-contre :

  • Documents issus du FR ANOM GGI 30000, 15 juin 1908

Accumulation de cachets - traduction Accumulation de cachets - détailAccumulation de cachets
Barrière, Georges
Peintre et illustrateur français

Peintre français, Georges Barrière (28 mars 1881 à Chablis – 1944 à Đồ Sơn) suit les cours de Léon Bonnat et de Jules Adler aux Beaux-Arts de Paris dès l’âge de 19 ans. Ses peintures sont exposées au Salon d'Automne en 1903, à la Société des Artistes Indépendants en 1906 et au Salon des Artistes français en 1909.
Pendant la Première Guerre mondiale, il réalise de nombreux croquis de la vie des soldats français dans les tranchées, et après-guerre, ses peintures sont exposées à la Société nationale des Beaux-Arts.

En 1934, à l'âge de 52 ans, il remporte le prix de l'Indochine avec un portrait de son ami le sculpteur suisse August Heng (1891-1968) et passe les dix dernières années de sa vie en Indochine.
Cependant, il n'a pas montré beaucoup d'intérêt pour les techniques artistiques locales, et les historiens de l'art vietnamien moderne ont comparé de manière critique son approche de Français à l'étranger avec des peintres tels que Joseph Inguimberty qui ont adopté des techniques vietnamiennes. Il meurt dans la station balnéaire de Đồ Sơn, près de Haiphong.

Légende du visuel ci-contre :

  • Barrière, Georges. « Visit Angkor »
    Affiche de tourisme en couleurs illustrée. Un temple d'Angkor avec des bonzes, un éléphant avec son cornac. Texte en anglais. Imprimerie de l’Extrême-Orient, Hanoi-Haiphong. Editeur : Messner (A.), Angkor, 1935
    FR ANOM 9Fi 536

Barrière, Georges. « Visit Angkor » Affiche de tourisme en couleurs illustrée. Un temple d'Angkor avec des bonzes, un éléphant avec son cornac.
Auteur anomyme
Navires au mouillage dans le port de Saïgon

Ce calque de grandes dimensions (plus de 1 mètre de long) n’a pas livré tous ses secrets. Le sujet tout d’abord pose questions. Au premier plan, se détachent des silhouettes de navires et quelques sampans, embarcations à fond plat traditionnelles du delta du Mékong. Des constructions, entrepôts commerciaux, bâtiments et habitations se découpent au second plan sur un fond de paysage arboré évoqué dans les lointains. Deux croquis d’avions occupent la partie gauche du document en totale contradiction avec le reste de la composition, ce qui laisse à penser qu’il s’agit d’un croquis préparatoire (un autre dessin sur calque présente des esquisses de bateaux inachevées).
L’auteur anonyme est-il un militaire, un fonctionnaire, un dessinateur amateur ? La date elle-même est inconnue. Aucune légende n’accompagne le document qui n’est relié à aucun fonds en particulier ce qui complique son identification et son interprétation. Seule une mention manuscrite en haut à droite permet de situer la scène. Nous sommes à Saïgon, aujourd’hui Hô Chi Minh Ville au sud du Vietnam, sur la rive droite du fleuve, celle qui accueille les deux ports : l’un dédié au commerce en aval et l’autre consacré aux bateaux militaires en amont.
L’ancien port cambodgien de « Prey NoKor », dans l’estuaire du delta du Mékong, a été conquis par le contre-Amiral Rigaud de Genouilly en 1859. Il s’agit alors d’une petite ville entourée de rizières et de plantations de bananiers dominée par une citadelle construite sous la direction d’ingénieurs français à la fin du XVIIIe siècle. Siège du gouvernement colonial jusqu’en 1902 la ville devient rapidement la plus importante du sud de l’Indochine française surnommée la « perle de l’Empire ».

Les archives nationales d’outre-mer conservent de nombreuses illustrations de navires dans le port de Saïgon : cartes postales, vues aériennes, photographies, affiches. Celle-ci (et deux autres du même style cotées 7 Fi 210 et 7 Fi 211) est sans aucun doute la plus énigmatique.

Légende du visuel ci-contre :

  • Navires au mouillage dans le port de Saïgon, auteur anonyme, encre noire sur calque [sans date],
    FR ANOM 7 Fi 209

Navires au mouillage dans le port de Saïgon, auteur anonyme, encre noire sur calque [sans date], FR ANOM 7 Fi 209


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