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CHALLENGE A-Z 2020

Pour la troisième année consécutive, les Archives nationales d’outre-mer participent au #ChallengeAZ.

Ce défi, amorcé en 2013 par Sophie Bourdarel de La Gazette des ancêtres, a déjà généré plusieurs milliers de publications !

Le principe est simple : publier chaque jour, tout au long du mois de novembre, un article de généalogie sur un blog ou une page internet, en suivant les lettres de l’alphabet.

Cette année, le site internet des ANOM a été doté d’une page dédiée afin de pouvoir archiver l’édition 2020 et les suivantes #viedarchiviste. Autre nouveauté pour 2020, nous avons choisi un thème unique pour tous les billets :
les métiers dans les colonies et départements français d’outre-mer.

Retrouvez donc chaque jour un nouveau billet posté par un membre de notre équipe et suivez-nous sur Twitter @Anom_officiel et Instagram @anom_gouv !

#challengeaccepted

Zoologiste

Sur le terrain ou dans son laboratoire, le zoologiste étudie les animaux et leur mode de vie.

La richesse de la faune du vaste empire colonial va fournir de nouveaux matériaux d’étude aux savants et naturalistes. Nombreux sont les botanistes, géologues, zoologistes à être partis dans les territoires d’outre-mer afin d’observer, collecter et inventorier les espèces.

En 1931, un petit zoo est aménagé lors de l’exposition coloniale qui a lieu à Paris, il attire les foules. Pendant plusieurs années, les colonies françaises ont été les grandes pourvoyeuses des zoos, celui de Vincennes en particulier.

Parmi les zoologistes célèbres qui ont participé à l’étude de la faune, nous pouvons par exemple citer Jacques Pellegrin, Abel Gruvel ou encore Guillaume Grandidier. Né le 1er juillet 1873 à Paris où il est mort le 13 septembre 1957, ce dernier a étudié l’île de Madagascar. De ses nombreuses œuvres sur Madagascar, la plus connue est le monumental Histoire politique, physique et naturelle de Madagascar, réalisé en collaboration avec son père et d’autres savants. Cet immense travail, comparable à la Naturalis Historia de l’humaniste Pline l'Ancien, se compose de 40 volumes.

Zoologie de Madagascar. G. Grandidier, G. Petit. 1932.  BIB ECOL 17471 Zoologie de Madagascar. G. Grandidier, G. Petit. 1932.  BIB ECOL 17471 Les serpents marins de l’Indochine française. R. Bourret. 1934. BIB SOM d3097 Les serpents marins de l’Indochine française. R. Bourret. 1934. BIB SOM d3097 Sur un Caphyra indochinois commensal d’un Alcyon. Théodore Monod. 1928. BIB SOM c/Br/5296

Yogi

Abordons cette fin de #ChallengeAZ en toute sérénité ! La bibliothèque des ANOM rassemble plus de 120 000 volumes, formant un ensemble exceptionnel qui représente la littérature coloniale sous toutes ses formes. Parmi les nombreux ouvrages, périodiques, journaux… que vous pourrez y découvrir, certains abordent la discipline du yoga. Cette pratique millénaire trouve ses origines en Inde.

Si vous recherchez des informations sur l’Inde française, saviez-vous que les ANOM conservent des fonds anciens de la compagnie des Indes (1666-1944), des fonds modernes et contemporains (1823-1954) et les fonds des papiers publics (1699-1835) ? N’hésitez pas à parcourir la base IREL (http://anom.archivesnationales.culture.gouv.fr/) pour découvrir les instruments de recherche en ligne.

L’Inde secrète. BIB ECOL 14239 Etudes instrumentales des techniques du yoga. BIB AOM 13983 Base of yoga. BIB SOM a3819 The yoga of Sri Aurobindo. BIB SOM a5678 « Le yoga est un des maillons de la culture indo-africaine » Khane, Geneviève. Extrait de la revue Afrique Histoire. 1984. BIB AOM 22781/1984

Xylophone (joueur de)

Les traces les plus anciennes d’utilisation de xylophone remontent au XVe siècle en Europe mais son ancêtre, le Balafon, est attesté au Mali depuis le XIVe siècle. Son origine plus lointaine, aux alentours du IXe siècle serait, quant à elle, indonésienne. Parmi tous les noms qu’on peut rencontrer au fil du temps et des pays pour désigner cet instrument et ses déclinaisons locales (claquebois, échelette, orgue de paille, xylocordéon, gambang, dan t’rung ou encore marimba), tous évoquent un principe commun : des lames de bois alignées, fixées sur des résonateurs (en bambou, en calebasse, en paille, en terre cuite…), sur lesquels on vient taper avec deux maillets ou baguettes pour produire un son allant du plus grave au plus aigu. En Afrique, l’image du joueur de balafon est indissociable de celle du griot (conteur ambulant) et de la notion de fête ou de rassemblement, l’instrument est d’ailleurs souvent adapté en version portative pour permettre aux musiciens de déambuler tout en jouant. Dans ce cas-là, on préfère des calebasses aux formes fines et allongées afin de produire des sons plus aigus et des instruments plus maniables. Les joueurs de balafon se regroupent aussi en orchestres, afin d’harmoniser les gammes de leurs instruments, et peuvent être accompagnés de joueurs de tambour (djembé ou tama). Traditionnellement, l’usage du balafon est réservé aux hommes alors que la pratique du chant par exemple, est surtout dévolue aux femmes.

Xylophone. Région de Bangui. Auteur : Maurice Collin. 1946. FR ANOM 30Fi83/52 Joueur de balafon. Auteur : Pierre Gramain. 1930-1940. FR ANOM 8Fi345E/22

Wagons (fournisseur de)

Au début des années 1870, Paul Decauville, constructeur de matériel ferroviaire et de manutention de cycles et automobiles originaire de l'Essonne, invente un type de voie de chemin de fer de faible écartement, facilement démontable et transportable. Ce système rencontre vite un grand succès en France et à l'étranger, notamment pour le transport industriel (mines, cultures sucrières) ou militaire. En Indochine, une voie Decauville est inaugurée en 1874 pour ravitailler les troupes militaires cantonnées au Tonkin (nord du Vietnam) dans la région de Lang Son et Cao Bang à la frontière de la Chine. Les ANOM conservent plusieurs documents dans les archives de la Direction des Travaux publics qui concernent les différents marchés passés par le Gouvernement général avec la maison Decauville et différents fournisseurs de wagons et matériel ferroviaire comme cette intéressante brochure publicitaire proposant les voitures ou « drésines » de la société « E. Campagne et Cie » ou encore le marché passé avec la Société « Forges, ateliers et chantiers d'Indochine » pour la fourniture de matériel, voitures de voyageurs et wagons de marchandises destinés aux lignes de chemin de fer en construction.

Train sur la corniche du Cap Varella (Cochinchine), 1920/1935 (30 Fi 115N25) Brochure de la Société E Campagne et Cie : automotrice fermée, 30 places, vers 1914 (GGI 41661) Brochure de la Société E Campagne et Cie : intérieur de draisine d'inspection, vers 1914 (GGI 41661) Lettre du directeur de la société « Forges, ateliers et chantiers d'Indochine » au Gouverneur général de l'Indochine concernant une commande de voitures de 4e classe, Saïgon, 30 août 1922 (GGI 47144).

Vannier

Art de tisser des fibres végétales, la vannerie est pratiquée dans tous les territoires, et la matière première peut varier en fonction de l’environnement (paille, châtaignier, osier, rotin…). Que ce soit en ville ou à la campagne, en groupe ou isolé, les techniques n'ont cessé de se développer entrainant une diversification des objets fabriqués : paniers, corbeilles, nasses, nattes, ustensiles...

En parcourant les fonds iconographiques des ANOM vont pourrez découvrir de nombreux clichés de vanniers au travail, dont certains réalisés par la célèbre photographe allemande Germaine Krull (1897-1985).

Germaine Krull s’est illustrée parmi les avant-garde des années 1920-1940, elle était déjà une artiste engagée connue pour ses reportages photographiques dans les grands magazines quand elle rejoint en aout 1942 le gouvernement de France Libre installé à Brazzaville, capitale des Français libres qui ont rallié le général de Gaulle. Elle dirigera de 1942 à 1943 la section photographique du service de l'information avec son équipe de photographes. Les ANOM ont mis en ligne plus de 600 photographies de Germaine Krull. Le fonds qui y est conservé est un des fonds les plus importants de l'œuvre de cette photographe pour la période.

Vous pourrez bien évidement compléter vos recherches sur la vannerie grâce aux ouvrages et brochures conservés dans la bibliothèque des ANOM.

Vanniers. Cliché réalisé par Germaine Krull, 1944. FR ANOM 30Fi25/26 Vannier. Brazzaville. Cliché réalisé par Germaine Krull, 1944. FR ANOM 30Fi72/5 Atelier d'apprentissage de vannerie de Cuchi, Indochine. Auteur : Léon Busy. 1921-1935. FR ANOM 30Fi104/66 Bulletin de l’Office Colonial. Le vannier. 1939. BIB AOM 2128

Urbaniste

Selon Gaston Bardet, le mot « urbanisme » remonterait, en France, à 1910 et dériverait du néologisme espagnol urbanizaciòn, utilisé dès la fin du 19e siècle. Annexé par le langage courant le terme « urbanisme » désigne aussi bien les travaux du génie civil que les plans de villes ou les formes urbaines caractéristiques de chaque époque. Le métier d’urbaniste, quant à lui, préexistait sous des appellations diverses car l’acte de façonner le territoire est identifié depuis l’antiquité, mais va se développer et se concrétiser entre la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle, en lien avec le développement de la société industrielle et des sciences.

En France comme dans les territoires colonisés, il est possible de retrouver la trace de cette évolution professionnelle dans les dossiers de carrière des fonctionnaires : aux termes d’agent voyer, conducteur de travaux, ingénieur, architecte, vient progressivement s’ajouter celui d’urbaniste, souvent accolé à l’une des fonctions précédentes. Par ailleurs, des services dédiés à l’urbanisme voient le jour dans la majorité des territoires, et un bureau « des techniques industrielles, de l’électricité et de l’urbanisme » est intégré à l’Inspection générale des travaux publics au sein du Ministère des colonies.

Les documents d’urbanisme, documents dits « de gestion », sont généralement conservés dans les services d’archives des anciens territoires colonisés. On trouve cependant dans les fonds des ANOM, et notamment dans celui du Dépôt des fortifications des colonies ou dans les fonds iconographiques, de nombreux témoignages du travail concret d’aménagement du territoire mené par les urbanistes dans les anciennes possessions françaises.

Plan directeur de la ville de Cayenne. FR ANOM 14 DFC 1339A Ville de Saint Denis. FR ANOM 23 DFC 1885C Dossier de Biau, Pierre Lucien Louis, né le 11 juillet 1892 à Bordeaux (Gironde). Architecte contractuel en Indochine. Architecte chef du service d'architecture d'urbanisme au Cameroun. EEII 4030(6)

Tisserand

Ces photographies de Marcel Monnier prises lors de l'expédition de l'explorateur Gustave Binger à la frontière de la Côte d'Ivoire et de la Gold Coast (Ghana) montrent les étapes de préparation d'un métier à tisser. Binger avait saisi lors de son passage dans la ville de Kong (Côte d'Ivoire) l'importance du commerce du textile et de l'artisanat du tissage dans cette région, il témoigne dans son ouvrage Du Niger au Golfe de Guinée (1892) :

«  partout où il y avait un petit espace de libre, on s'en est emparé pour construire des cages de tisserands […] Jamais les habitants de Kong ne voyagent sans emporter un métier portatif car tous sans exception savent  tisser ».

Biblio :

L'Afrique en noir et blanc, Gustave Binger, explorateur, du fleuve Niger au Golfe de Guinée
Paris : Somogy ; L'Isle-Adam : Musée d'Art et d'Histoire Louis Senlecq, impr. 2009

Tisserand préparant un métier (1892) Tisserand préparant un métier (1892) Tisserand au travail (1892)

Sportif

Les sports dits « athlétiques » comme la course à pied, alors « pédestriasme » par la suite athlétisme, les jeux de balles et de ballons : le lawn-tennis, le football-rugby et football-association, sont des activités de plein air venant du système éducatif anglais (les public schools). Ces sports ont été codifiés par les britanniques dès la première moitié du XIXème siècle. Ils sont apparus en France à partir de 1872 (création du Havre athlétic club, doyen des clubs français), par l’intermédiaire des résidents britanniques (souvent des hommes d’affaires et des commerçants). Ces pratiques apparaissent dans les colonies au début du XXème siècle. Elles s’opposent aux activités traditionnels indigènes (danse, lutte, tauromachie…) et servent le colonisateur à asseoir sa domination en donnant en spectacle (gymnastique, tir, tennis, concours hippiques…) sa « supériorité ».

Nous illustrons cet article avec des photographies de Madagascar, car une exposition « Histoires du rugby malagasy : de ses origines aux tournées des Makis en France : joueurs sacrés et sacrées joueuses, 1900-2020 » organisée par le Service de coopération d’action culturelle de l’Ambassade de France à Madagascar et les ANOM, doit se dérouler en avril-juillet 2021 à Antananarivo. En milieu colonial, « les sports se présentent paradoxalement à la fois comme un instrument de la colonisation (instrument d’éducation, de distinction, d’intégration, d’assimilation…) et comme un levier de la décolonisation (espace d’association, de rassemblement, de combat, d’expression identitaire. » Les rugbymen malgaches en sont l’exemple parfait : car ce sport collectif de combat, permettant de mettre au sol, sans ménagement, son adversaire, a trouvé un écho puissant auprès d’un peuple en lutte contre un envahisseur. Dès la fin de l’année 1895, les Menalamba/Toges rouges, sont en action, ce mouvement politique insurrectionnel, né en Imerina (Arivonimamo), est le symbole du premier nationalisme insulaire en réaction à la présence française. Le rugby participe à la naissance des luttes nationalistes. Les malgaches voient dans sa pratique ou son spectacle, un espace et un moyen permettant l’expression de leurs corps et de leurs sentiments : tant pour les joueurs que les spectateurs, les dirigeants et les journalistes.

Nous trouvons les sources de l’histoire des sports notamment dans les archives administratives des gouverneurs généraux puis des hauts commissaires : à la direction des affaires politiques pour déclarer la création d’un club et la surveillance des évènements sportifs, à celle des travaux publics pour la construction de stade et même à celle de l’enseignement lorsque le sport scolaire se développe. La presse est également une source très importante car elle relate l’ensemble des rencontres sportives. Enfin les archives privées des acteurs du monde sportif (spectateur, joueur, entraineur, arbitre, dirigeant) sont une mine d’archives tous supports compris : affiche, ticket, maillot, coupe, médailles...

Photographie prises dans la région de Fianarantsoa circa 1902, © FR ANOM 8Fi 501 Lutteurs Bara à Fort-Dauphin, le 01/09/1934 ; © FR ANOM 8Fi261/49 Fête du Palais, en 1904, les militaires du 13e régiment d’infanterie coloniale, © FR ANOM 44PA172/13 Equipes de rugby du 1er malgaches (camp lieutenant Antoni à Tananarive), Vers 1900, © FR ANOM 44PA156/5 Rugby à Mahamasina, 1907, © Emile Pierre FR ANOM 139 FI/829 Madagascar Illustré (n°26) de mai 1934 - © FR ANOM APOM/B 678 Copie de télégramme officiel – arrivée, le 17/10/1957, suite au décès de  Raphaël Randriambahiny, dit Mbahiny, 
survenu pendant le match contre le RCF au stade Jean Boin. © FR ANOM 2HCM/96

Riziculteur

Le riziculteur est un exploitant agricole dont le métier consiste à cultiver et produire du riz. Il prépare les parcelles et procède à leur ensemencement, entretien et récoltes, opérations qui se répètent chaque année aux mêmes périodes.
La lumière et l’eau étant des facteurs indispensables à la culture du riz, la riziculture s’est donc développée dans les zones associant ensoleillement et humidité.
La riziculture irriguée est la technique la plus traditionnelle et la plus répandue dans le monde. En plaine ainsi qu’en montagne, les digues, les canaux et les terrasses ont façonné le paysage des régions rizicoles. Dans cette technique, dix centimètres d’eau sont nécessaires à la pousse du riz. Le champ est recouvert d’eau une partie de l’année : c’est la rizière proprement dite. Dans la riziculture aquatique on peut obtenir deux, voire trois récoltes annuelles.
La technique de la riziculture sèche existe également. Dans ce cas, les eaux de pluie sont exploitées en période d’inondations. Cette technique est moins répandue, elle nécessite en effet des périodes de jachère qui limitent les rendements.

En 1929 un Office indochinois des riz est créé en Indochine pour améliorer la culture des riz et obtenir un rendement meilleur. Il sera actif jusqu’en 1943.
En 1938, l’Indochine se plaçait au deuxième rang des exportateurs mondiaux de riz, avec plus d’un million de tonnes. Base de la nourriture des peuples indochinois, le riz était cultivé particulièrement dans le Nord du Vietnam, dans le delta du Fleuve Rouge mais également dans le delta du Mékong dans le Sud.
La riziculture indochinoise procède alors de traditions très anciennes. Les rizières sont délimitées en casiers par de petites digues de terre qui permettent de régulariser l’irrigation et d’obtenir dans chaque casier le dosage d’eau nécessaire. Les diverses phases de la culture sont toujours les mêmes : semailles du riz en pépinières, arrachage des jeunes plans et repiquage dans le champ plusieurs fois labouré, hersé et fumé au préalable.

Durant la deuxième guerre mondiale, la 25e compagnie de travailleurs forcés indochinois (500 hommes) est affectée à la relance de la culture du riz en Camargue qui remportera le succès que l’on connaît. En 1944, la production annuelle atteint 2200 tonnes de paddy (grains de riz non décortiqués) sur 800 hectares ensemencés.

Sources aux ANOM :

Ministère des Colonies. Missions
- MIS 76BIS - Mission d'études agricoles sur la culture du riz en Espagne et en Italie pour le compte du Jardin colonial afin «  d'apporter des améliorations dans [les] colonies rizicoles d'Indochine et de Madagascar  » de Joseph Pieraerts, conservateur au musée du Congo belge de Tervuren, réfugié à Paris (1915-1917)
- MIS 99 - Mission d'études sur les procédés employés par les riziculteurs italiens d'Henri Leroy, industriel et riziculteur à Fianarantosa, accord d'une subvention pour la publication de ses notes de voyage (1926)

Ministère des Colonies. École coloniale, puis École nationale de la France d’outre-mer
Fonds des mémoires des élèves
- 3 ECOL 3  - Removille (Robert), La riziculture en Indochine, mémoire de géographie (1930-1931)
- 3 ECOl 20 – Pinson (Jean-Baptiste), La riziculture en Indochine (1933-1934)
- 3 ECOL 92 – Bourdillon (Michel), Riziculture et problème camarguais (1948-1949)

Ministère des Colonies. Direction des Affaires économiques et du Plan
- 6 AFFECO 87 - Correspondance - Commission du riz (1929-1936)

Ministère des Colonies. Inspection générale des travaux Publics
- 1 TP 819 - Note du chef du service de colonisation, « la riziculture à Madagascar : situation actuelle, son avenir » [circa 1910]

Ministère des Colonies. Agence économique de la France d’outre-mer
- AGEFOM 181/171-172 – Généralités et culture du riz en Indochine (1899-1953)

Ministère des Colonies. Commission d’enquête dans les territoires d’outre-mer dite « Commission Guernut »
- GUERNUT 87 – Documents annexes aux enquêtes sur l’alimentation des indigènes – cartes des rizières (1938)
- GUERNUT 90 – enquête sur l’alimentation des indigènes. n° 1-c. - Villages de la concession françaises avec rizières, 4 pages (31 mai 1938)

Haut Commissariat de France pour l’Indochine. Service du conseiller politique
- 2 HCI 90 – Société rizicole de Battambang : dossier de dommages de guerre : correspondance et documentation (1946-1948)

Bibliothèque

- BIB AOMB 1985 - Riziculture en Indochine / Inspection générale de l'agriculture, de l'élevage et des forêts, Hanoi : Imprimerie d’Extrême-Orient, 1931
- BIB SOM d/Br/2239 – Dournes, Jacques, Structure sociale des montagnards du Haut-Donnai, tribu des riziculteurs, Saigon : Imprimerie SILI, 1948
- BIB ECOL 13717 – Dumont, René, La culture du riz dans le delta du Tonkin : étude et propositions d'amélioration des techniques traditionnelles de riziculture tropicale, Paris : Société d’éditions géographiques, maritimes et coloniales, 1935
- BIB AOM 21125 – Gannay, les riziculteurs de Cochinchine devant la crise, dans : « La Revue du Pacifique », 1933
- BIB AOM 20605 – Teulières, Roger, L'évolution récente de la riziculture au Vietnam du sud, dans : « cahier d’outre-mer », n°76, oct.-déc. 1966
- BIB AOM 49285 – Daum, Pierre ; Duperray, Eve ; Fiori, Ambre, Indochine de Provence : le silence de la rizière. Arles : Actes Sud ; Avignon : Département de Vaucluse, 2012
- BIB AOM 14573 – Daum, Pierre ; Baloup, Clément, Les Linh Tho : immigrés de force : mémoires de Viet Kieu. Saint-Avertin : la Boîte à bulles, 2017

Travaux dans une rizière (1921-1935). Photographie de Busy 	(Léon) (1874-?) provenant du fonds de l’Agence économique de la France d’outre-mer Ensemencement d’une rizière à Cau An Ha (1920-1940). 	Photographie anonyme provenant du fonds de l’Agence économique de la France d’outre-mer Le riz. Labour de rizière à Cau An Ha (1919-1926). Photographie 	de Têtard (René) provenant du fonds de l’Agence économique de la France d’outre-mer Irrigation de Toi Hoa. Procédé d'irrigation indigène. Elévation 	d'eau par panier (1920-1935). Photographie de Vu Van Tuan provenant du fonds de l’Agence économique de la France d’outre-mer Province de Tha-Thien. Moisson dans la rizière (1920-1935). Photographie de Vu Van Tuan provenant du fonds de l’Agence économique de la France 	d’outre-mer Le gau song, appareil à palettes permettant de faire passer l’eau 	d’une rizière à l’autre (1919-1926). Photographie de Têtard (René) provenant du fonds de l’Agence économique de la France d’outre-mer

Quartier-maître

Natifs du Bordelais, de Saintonge, de Bretagne ou de Toulon, nombreux sont les quartier-maîtres qui peuplent les pages des Archives nationales d’outre-mer. Rouages essentiels de la vie à bord, ces officiers subalternes ont traversé l’histoire de la marine militaire française. Apparus très tôt dans la hiérarchie des grades, progressivement formalisée au XVIIè siècle par Richelieu puis Colbert, ils sont placés juste au-dessus des simples matelots, et en dessous du contre-maître. Leur rôle est équivalent à celui du caporal dans les troupes de terre. Ils sont patrons des canots, commandent dans les hunes, et prennent le relais des maîtres et contre-maîtres absents auprès de l’équipage.
On les trouve même à bord des vaisseaux pirates, où ils assurent sensiblement le même rôle.
Marins et militaires de carrière, on les trouve dans toutes les séries dédiées aux troupes des colonies et au personnel civil et militaire.

Extrait du dossier de personnel de François Dourmat, natif de Lorient, quartier-maître sur la flûte du Roi l’Amphitrite, mort à l’île de France (1788) Une représentation du marin, Affiche de la Ligue Maritime et Coloniale, 1924 Déclaration faite par Julien Guinard et Jean-Baptiste Dumillon, capitaine et quartier-maître du navire forban le Postillon, qui demandent à bénéficier de l'amnistie (10 mai 1719)

Pharmacien(s)

Pourquoi un pluriel ? Pharmaciens militaires, pharmaciens botanistes, pharmaciens d’officine, autant de visages différents pour une profession. Le service de santé des troupes coloniales est un important pourvoyeur de pharmaciens au début de la colonisation, à partir de 1905, l’école du Pharo, école d’application du service de santé des troupes coloniales, forme pharmaciens et médecins à Marseille.

Pharmaciens et botanistes s’allient pour repérer les plantes utiles aussi bien à la santé publique qu’à l’usage alimentaire et industriel. La figure d’Emile Perrot est emblématique : pharmacien, professeur, il est missionné au Congo, en Côte d’Ivoire et en Sénégal en 1914, et collabore également avec Alexandre Yersin pour introduire la quinquina en Annam.

L'exercice de la pharmacie d'officine dans les colonies est réglementé localement peu à peu. En 1912, les diplômes locaux sont supprimés mais dans la pratique, leur rétablissement fut souvent nécessaire.

Quelques dates et chiffres : par exemple, pour l'Algérie, une école de médecine et de pharmacie ouvre ses portes en 1859 à Alger; en 1860, ce territoire comprend 74 officines dans vingt localités différentes. En 1939, la faculté d’Alger compte 22 pharmaciens sur les 200 diplômés universitaires d’origine autochtone.

N'hésitez pas à découvrir en salle de lecture des Archives nationales d’outre-mer le fonds du docteur Sallet, qui fut chargé d’une mission d’étude sur la pharmacopée sino-annamite à la fin des années 1920 (ANOM 226 APOM).

Acte de décès en mer du pharmacien Pierre Auguste Fabre en 1818 Pharmacie Barlatier, iles de la Mascareignes (Réunion), 1860 Laboratoire de pharmacie d'Hanoï, vers 1930 Lettre relative à l'étude du docteur Sallet concernant la pharmacopée sino-annamite, 1930

Océanographe

Pendant des siècles, les explorateurs du monde moderne doivent se contenter de la surface du globe. La formation du premier empire colonial, moment décisif de la découverte des lointains, voit le règne sans partage des géographes et hydrographes sur nos représentations terrestres et aquatiques du monde. Il faut attendre le milieu du XIXè siècle pour que naisse l’océanographie, qui vise l’étude des fonds océaniques et des milieux marins, notamment grâce au développement de procédés bathymétriques permettant de mesurer les profondeurs et reliefs de l’océan. La première campagne océanographique réalisée par la corvette britannique H.M.S Challenger de 1872 à 1876 contribua à asseoir les fondements de cette science, au croisement de l’hydrographie, de la topographie et de la biologie. Particulièrement soutenue en Europe par le mécénat du prince Albert Ier de Monaco, l’océanographie trouve des terrains d’étude et d’expérimentation à travers le monde entier, à la faveur du développement des empires coloniaux européens de la fin du XIXè siècle. Dans le contexte français, l’activité de l’institut océanographique de Nha Trang créé en 1922 à Cau Da (au sud de l’Annam, actuel Vietnam) est particulièrement exemplaire. Le directeur du service océanographique de l’Indochine, Krempf, s’intéresse notamment à la problématique de la pêche dans les écosystèmes marins asiatiques, et conçoit dès 1923 un dispositif innovant de chalutier-laboratoire dédié à cette étude.

Carte de la Mer de Chine

Notaire

Le notaire est un officier public qui rédige et reçoit des actes et contrats auxquels les parties prenantes veulent donner un caractère authentique, c’est-à-dire une valeur probante au document.

Les notaires sont sollicités par les habitants à titre privé ou professionnel. Ils enregistrent les contrats de mariage, reconnaissances d’enfant, les transferts de propriétés (achats, ventes), mainlevée d’hypothèque, cahier des charges de ventes aux enchères, les actes de bail et fermage, les procurations, prêts d’argent, quittances, donations, inventaires de biens après décès, testament, règlement de succession, actes de société. Mais aussi durant l’esclavage et l’engagisme : les affranchissements et engagements de domesticité.
Les ANOM conservent plus de 11.500 registres des doubles minutes de notaires rédigées dans les colonies françaises, le plus ancien datant de 1637 en provenance du Canada.

Contrat de mariage entre le Sieur Dumas et Jeanne-Baptiste Daudé, du 14 janvier 1757 en l’étude de Maître Bacquerisse Guillaume, à Louisbourg, Île Royale, Canada et Acadie Vente par le Sieur Joseph François LeBahèzre à son frère, le 8 janvier 1785, en l’étude de Maître Razond, à Léogane, Saint-Domingue

Montreur de lion

Au XIXe siècle. en France, c'est le montreur d'ours qui attire les regards des passants ; en Algérie le montreur est accompagné d’un lion. Le montreur de lion promène le fauve dans les rues, retenu par une corde faite en poils de chèvre ou en laine. Deux ou trois compagnons l’accompagnent et surveillent les badauds trop intrépides.
A la fin de la journée, le dresseur et ses compères se partagent les pièces récoltées par la promenade quotidienne de la bête. Pour étonner la foule, le montreur de lion astreint le fauve à se coucher et à lui lécher son visage. À chaque bâillement du félin, le public frémit devant ses immenses crocs. Son grognement puissant, le battement de sa queue font reculer les gamins les plus audacieux qui ont parié de toucher le pelage de l’animal.

P.-L. Dekeyser, Les mammifères de l'Afrique noire française, Dakar, Institut français d'Afrique noire, 1955 A. Robert, Métiers et types algériens, Alger, Ernest Mallebay, non daté Le montreur de lion

Laqueur

L’art de la laque est né en Chine il y a 7000 ans et a été transmis au Japon et à tout l’Extrême-Orient. Cet art fait partie de l’identité culturelle du Vietnam. La laque est préparée à partir de la sève du laquier qui pousse dans la moyenne région du Nord Vietnam en particulier dans la province de Phu Tho. Le liquide obtenu par incision de l’arbre est transparent. Il est ensuite traité pour obtenir la couleur noire ou brune avant de couvrir des supports en bois (objets d’arts, petits accessoires, panneaux, mobilier…). Le laqueur l’appliquera en plusieurs couches, en alternance avec des étapes de grattage, de ponçage, de lustrage, successives. Il peut également pratiquer des incrustations de nacre ou de coquilles d’œuf ou encore réaliser des dessins. Ces étapes réclament beaucoup de patience et une grande maîtrise technique.
Outre l’esthétique décorative qu’elle donne à un objet, la laque lui fournit tout d’abord une grande protection. Elle est résistante aux effets de l’eau, des acides, de l’abrasion et protège des insectes et des moisissures ou de la pourriture. Le bois résiste mieux à l’humidité et à la chaleur sans se gonfler, se gondoler ou se fendre.
Au Vietnam, l’utilisation de la laque dans la peinture a connu un essor important dans les années 1920 et 1930 au contact de l’art occidental et de la fondation à Hanoi de l’école des Beaux-Arts de l’Indochine en 1925.
En 1929 est créée à Paris une « Association des laqueurs annamites » leur permettant d’ouvrir des ateliers et de vivre de ce métier traditionnel millénaire.

Sources aux ANOM :

Ministère des Colonies – Agence économique de la France d’outre-mer (Agefom, 1897-1967)
Agefom 190/107 – Laque. Culture et production (1916-1940)
Agefom 207/179 – Industries par produit. Laque (1918-1945)
Agefom 613/911 - Commandes de meubles à l'Association des ébénistes et laqueurs de Thudaumot pour le compte de M.M. Dercourt et Hennequin (1936-1939
Agefom 911/2719 – exposition des arts décoratifs de Paris 1925. Dossiers particuliers des exposants : Société des laques indochinoises (1925)
Agefom 946/3114 – Participation à la foire d’Alger de l’association corporative des ébénistes et laqueurs de Thudaumot (Cochinchine) (1940)
Agefom 994/3467 – Comité de préparation de la conférence économique coloniale (avril-juillet 1934). monographie sur la laque (1934)

Ministère des Colonies – Service de liaison avec les originaires des territoires français d'outre-mer (SLOTFOM) (1911/1957)
Slotfom III 1 – Association des laqueurs indochinois à Paris. Syndicat des laqueurs (1928-1930)

Gouvernement général de l’Indochine
cadre de classement N 58 – arbres à laque (1894-1921)
entrée alphabétique - Laque

Bibliothèque
BIB AOM 9830 – Cordemoy, Hubert Jacob de, Les plantes à gommes et à résines. Paris : O. Doin & Fils, 1911
BIB AOM 12407 – Crevost, Charles, des produits de l’Indochine. Tome 4, Exsudats végétaux : résines ; oléo-résines ; gommes et baumes ; laques... Hanoi : Imprimerie d’Extrême-Orient, [s.d.]

Kahouadji

Vêtu de sa kemidja1 et de son seroual2, le kahouadji3 s'active devant son fourneau recouvert de tomettes vernissées pour préparer un kahoua4 au parfum excellent, au goût parfait. Dans son local où sont pendues une trentaine de petites cafetières et autant de tasses à filets dorés, le kahouadji ne chôme pas. Les clients s'y pressent pour venir se désaltérer, siroter un café tout en fumant du tabac ou même parfois boire un thé parfumé au clou de girofle et au poivre noir. D'autres consommateurs dégustent leur café assis sur les bancs qui entourent l'établissement, en discutant entre amis. Quelques-uns jouent aux dames et aux dominos, et souvent en été, sur une natte étendue dans la rue, devant le café, un certain nombres de clients font une partie de Ronda, avec des cartes espagnoles.

(1) chemise
(2) culotte bouffante
(3) cafetier
(4) café

Partie de dominos devant le café maure, Vieux Biskra Arabes fumant le chibouk, Algérie Café maure en plein air, Alger Intérieur d’un café maure, Alger

Joueur de balafon

Photographe amateur passionné, Henri Gaden ne s’est jamais séparé de son appareil photographique pendant les quarante ans de sa carrière d’officier et d’administrateur en Afrique. Ses photographies constituent une collection visuelle unique de la vie militaire et coloniale, des communautés et des ethnies locales. Il a su se poser en témoin pour saisir des scènes de vie, des femmes et des hommes.
Le balafon, bala ou balani, est un instrument de percussion idiophone originaire d'Afrique occidentale. C'est une sorte de xylophone, soit pentatonique (cinq hauteurs de son différentes), soit heptatonique (sept hauteurs de son différentes). Balafon vient des termes malinké bala (l’instrument) et fon (sonne). On retrouve des balafons dans de nombreuses régions d'Afrique, tous différents les uns des autres. Le premier balafon serait né dans le royaume de Sosso entre la Guinée et le Mali.
Le balafon est composé de lames en bois rangées en taille croissante (plus les lamelles sont courtes, plus le son est aigu) et de calebasses placées en dessous formant des caisses de résonance. Un balafon est généralement capable de produire de 18 à 21 notes et comporte donc autant de lames.
Certains sont gigantesques ou sophistiqués, d’autres très simples.
On en joue soit debout avec des sangles soutenant le balafon, soit assis, et on le frappe au moyen de deux baguettes recouvertes de caoutchouc.

Joueurs de balafon dans le village de Sarafinian, 11 février 1899. FR ANOM 27Fi 3

Instituteurs

L’administration coloniale s’appuya d’abord sur les Pères blancs et les sœurs pour l’enseignement avant de faire appel à des instituteurs fonctionnaires. Ces derniers étaient formés en métropole à l’École normale et pouvaient avoir exercé en métropole avant de demander à partir dans les colonies.
Mais parallèlement les autorités coloniales ouvrirent dans les territoires des colonies des écoles normales destinées à former un personnel autochtone considéré comme plus proche des populations et qui était rémunéré plus modestement. Des écoles normales furent ouvertes à Alger, puis, Miliana en 1874, Constantine en 1878, Oran en 1883, en Algérie ; à Saïgon en 1874, à Tananarive en 1897, ou à Saint-Louis en 1903.
On peut citer la courte expérimentation de l’École normale Jules Ferry en métropole (1902-1913) qui était destinée à l’enseignement colonial. Elle accueillait une quinzaine d’instituteurs déjà titulaires par an. Quel était le programme ? Enseignement colonial, cours d’agriculture colonial, médecine pratique, langues indigènes, travaux techniques. La concurrence forte du réseau des écoles normales dans les colonies et la Première Guerre mirent fin à cette expérience.
Les instituteurs étaient un maillon de la colonisation mais certains voulurent infléchir la situation et furent en porte-à-faux avec le colonialisme. Prenons l’exemple de l’Algérie : un petit nombre d’entre eux demanda dans les années 1940 l’enseignement de l’arabe, une école pour tous, ouvrit des cantines pour réformer l’école. Après l’indépendance, Roger Mas, instituteur, a été le premier sous-préfet de Aïn Témouchent.
Pourquoi ne pas découvrir lors d’une prochaine séance en salle de lecture la correspondance échangée entre Jean-André Vergnes et son épouse Brigitte, quand il était parti former de jeunes Africains à devenir des instituteurs de village (FR ANOM 263 APOM 1) ou le renouveau bibliographique sur les enseignants dans les colonies grâce à la bibliothèque ?

Leçon d'écriture, école de Koudougou (Burkina Faso), vers 1950. FR ANOM 30Fi47/34 Groupe de normalienne recevant une normalienne de Paris, école normale d'Atakpamé (Togo),1953. FR ANOM 30Fi54/13 Manuels scolaires – Bibliothèque des ANOM

Hygiéniste

Dans les colonies, les médecins sont aussi des hygiénistes. Les problèmes sanitaires sont pensés dans leur globalité et la politique de santé est conçue comme un élément de la réussite de l’entreprise colonisatrice. En Indochine, l'administration s'emploie à améliorer les conditions sanitaires en créant des hôpitaux, des dispensaires et en organisant des campagnes massives de vaccination. Les bactériologistes font progresser les connaissances en matière de maladies tropicales.
En 1895, Alexandre Yersin, découvreur du bacille de la peste (Yersinia pestis) fonde l'Institut Pasteur de Nha Trang (Annam, centre du Vietnam actuel) pour y fabriquer le vaccin anti-pesteux. Il est également à l'origine du sanatorium de Dalat sur les hauts-plateaux du centre du Vietnam à 1500 m d'altitude, qui devient la première station climatique d'Indochine.
La pratique médicale moderne passe également par la formation de praticiens. L’École de Médecine de Hanoï est créée en 1902.

Analyses de dossiers concernant les services sanitaires du Gouvernement général de l’Indochine (extrait de l’inventaire numérique) Hôpital secondaire de Quinhon (centre du Vietnam actuel), personnel de l’assistance médicale (FR ANOM 31Fi A41/1N2) Hué, laboratoire de bactériologie « Bourret » Hué, laboratoire de bactériologie « Bourret » : consultation

Gardien de phare

Les gardiens de phare ont pour mission de veiller au bon fonctionnement des phares, notamment du feu et de l’optique. Ils exerçaient leur métier en Indochine, à Saint-Pierre-et-Miquelon, au Sénégal, au Congo, sur la Côte française des Somalis, à Madagascar, en Inde, en Guadeloupe...
Le statut de gardien de phare apparaît administrativement avec la création, en 1806, du service des phares et balises. Ils pouvaient être fonctionnaires ou contractuels, employés par la Marine puis le ministère des Colonies.
Gardien de phare était à la fois un métier et un grade administratif, avec plusieurs échelons : 3ème classe, 2ème classe, 1ère classe. Lorsqu’il monte en grade, le gardien de phare devient maître de phare, à l’image de monsieur Toussaint Tanquerel, basé en Indochine, gardien de phare 3ème classe le 14 juin 1904 et devenu maître de phare 1ère classe le 04 septembre 1918.
Les dossiers individuels de ces gardiens et maîtres de phare employés par le ministère des Colonies sont aujourd’hui conservés aux Archives nationales d’outre-mer. Ils nous renseignent sur leurs parcours professionnels, mais aussi d’où ils sont originaires : par exemple la Bretagne, le Nord, ou le Vaucluse.
Ce métier a quasiment disparu aujourd’hui, en raison de l’automatisation des phares. L’entretien de ces derniers est aujourd’hui confié à des contrôleurs des travaux publics, qui veillent sur l’équipement électronique, les optiques et les bâtiments.

FR ANOM EE 2772-01 FR ANOM EE 2772-3

Fonctionnaire

Les archives nationales d’outre-mer conservent des dizaines de milliers de dossiers de fonctionnaires, femmes et hommes ayant travaillé pour le ministère des Colonies, répartis dans plusieurs séries
Ces femmes et ces hommes ont exercés leur métier au Sénégal, au Niger, au Tchad, sur les Côtes Françaises des Somalis, à Madagascar, en Martinique, en Nouvelle-Calédonie, à La Réunion, en Inde et en Indochine par exemple.
Les métiers de ces fonctionnaires sont divers et variés, nécessaires au fonctionnement de l’administration dans les colonies : commis, administrateur, greffier de justice, notaire, géomètre, inspecteur de police, douanier, surveillant pénitentiaire, receveur des PTT, facteur, ingénieur des travaux publics, conducteur de train, gardien de phare, laborantin, instituteur, institutrice, sage-femme, infirmière, géologue, vétérinaire, médecin…
Afin de devenir fonctionnaires, ils passaient des concours ou bien postulaient sur des emplois créés ou vacants. Ils étaient souvent déjà fonctionnaires, mais souhaitaient partir travailler dans les colonies. Ainsi, monsieur PUJARNISCLE, alors en poste à Castres, qui en 1913 « a lu dans le dernier bulletin de l’Instruction publique, que des postes de professeurs doivent être créés au lycée Paul Bert à Hanoï ».
Certains ont mis rapidement un terme à leur détachement dans les colonies, tandis que d’autres ont demandé à intégrer le cadre local de l’administration. Beaucoup ont quitté les colonies au moment de leur retraite, tandis que certains ont décidés de rester sur place. Enfin, un certain nombre de fonctionnaires sont décédés de maladies, notamment liées aux conditions climatiques et de vie dans les colonies.
Leurs dossiers, s’ils ne comportent parfois que quelques feuilles peuvent être volumineux et contenir des dizaines de documents. Ce sont alors de vraies mines d’informations, pour reconstituer des carrières professionnelles, mais aussi des parcours personnels. Au fil des documents, vous pouvez remonter le fils d’une histoire, où vous croisez conjoint(s) et enfant(s). Vous pouvez suivre les voyages, et à l’évocation des noms des navires, reconstituer les longues semaines en mer pour prendre son poste dans les colonies, ou en revenir, à l’occasion de congés administratifs, de congés de convalescence, ou bien définitivement.

Dossiers de personnel FR ANOM COL EE II 3512-001 FR ANOM COL EE II 3655-001 FR ANOM COL EE II 3655-008

Exploratrice

Isabelle Eberhardt, Odette du Puigaudeau, Madeleine de Lyée de Belleau, Suzanne Bernus, Isabelle Massieu… toutes ces femmes ont quelque chose en commun, leur soif de l’aventure, leur curiosité, leur audace.
Au cours des XIXe et XXe siècle, de nombreuses exploratrices françaises ont sillonné les contrées qui s’étendent du Maghreb à l’Afrique noire, de l’Orient à l’Asie. Dans un univers masculin, ces pionnières ont affronté les dangers et les interdits pour découvrir, apprendre, s’émanciper.
Ces voyageuses, ethnographes, archéologues, écrivaines ont laissé des carnets de route, des récits de voyages ou encore des photographies qui ont fait progresser la connaissance des autres sociétés. À travers leurs récits, elles abordent les thèmes du mariage, de la sexualité, de la liberté des femmes, du vêtement, du foyer domestique...
Ces héroïnes libres, audacieuses suscitent encore de nos jours notre étonnement et notre admiration.

I. Eberhardt, Au pays des sables, Paris, F. Sorlot, 1944 - BIB AOM 1451 Portrait de O. de Puigaudeau. A. R. Voisin, Les femmes explorent le Sahara, Paris, L’Harmattan, 2009 - BIB AOM 48579 Aquarelle de M. de Lyée Belleau - FR ANOM 67APC Portrait de Suzanne Bernus - 224 APOM

Danseuse royale (Cambodge)

La « troupe de ballet royal » englobait plusieurs groupes de danseuses vivant à la cour du roi cambodgien. Elles dansaient lors de la réception de hauts-dignitaires étrangers, mais aussi lors de cérémonies rituelles dans l’enceinte du palais. Issues des grandes familles, elles entraient au service de la cour et suivaient un apprentissage long et difficile. Les danseuses cambodgiennes, avec leurs costumes somptueux, leurs chorégraphies sophistiquées et leur maquillage élaboré représentaient un sommet de l’exotisme pour les Européens. Elles fascinèrent les visiteurs des différentes expositions coloniales à Marseille en 1906 et 1922, à Vincennes en 1931.
Les ANOM conservent de nombreuses photographies du ballet royal et des danseuses dans le fonds de l’Agence économique de la France d’outre-mer.

Phnom Penh, groupe de danseuses royales, sans date - 31Fi K23/01N16 Phnom Penh, danseuse du palais, sans date - 31Fi K23/06N09 Phnom Penh, portrait de danseuse, sans date - 31Fi K23/07N02 Phnom Penh, préparatifs d’une danseuse, sans date - 31Fi K8/39N04

Comédien-ne

Le théâtre est une activité culturelle très prisée des Européens et des élites colonisées. Très vite des salles de spectacle se construisent dans les différents territoires de l’empire. En Indochine, la commission théâtrale gère les salles de Hanoi, Saigon et Haïphong. Les troupes théâtrales viennent de France pour des saisons qui durent 6 mois. On y joue du théâtre de vaudeville, des opérettes, des opéras-comiques. Claude Bourrin, ami de Louis Jouvet, acteur lui-même et fondateur d’une troupe puis premier directeur de l’opéra de Hanoi, défend un répertoire à la fois classique et populaire. En 1927, il programme une représentation de l’Avare de Molière.

Par ailleurs, les territoires de l’Indochine ont une longue tradition de théâtre chanté et dansé (Vietnam, Cambodge, Laos). La rencontre du théâtre traditionnel annamite avec le théâtre français à la fin du XIXe siècle nourrit une veine créatrice nouvelle qui conduit le théâtre annamite vers la modernité. C’est le "théâtre rénové" qui utilise les ressorts de la dramaturgie occidentale au profit d'un sujet traditionnel.

Les archives du Gouvernement général de l’Indochine et du ministère des Colonies conservent de nombreux dossiers sur le théâtre français en Indochine et quelques sources sur le théâtre traditionnel.

Claude Bourrin dans l’Avare de Molière, Hanoi, v. 1927 - GGI 66908 Une comédienne de la troupe de Claude Bourrin, v. 1927 - GGI 66908 Programme de la troupe de théâtre rénové de Nguyên Bứu « Phụng Hảo », v. 1930 - AGEFOM 249 Théâtre annamite (ph. Léon Busy), 1928 - 30Fi121/22

Brasseur

En 1892 le strasbourgeois Auguste Hommel crée la « Brasserie de Hanoi ». L’usine se trouve sur les hauteurs de la ville près du Champ de Course, les bureaux et le magasin boulevard Jules Ferry. La bière blonde rencontre vite un vif succès grâce à son goût et à son prix modique, tant auprès des consommateurs européens qu’asiatiques. Au Café-Hôtel de la Paix, on la consomme aux cris de « Boy! Un bock d'Hommel, bien tiré... et pas trop de faux-col ».

À partir de 1911, Maurice Hommel, formé à l’École de brasserie de Nancy, reprend et modernise l’affaire familiale avec sa mère. La « Brasserie Hommel » produit 6000 hectolitres dès l’année suivante. L’entreprise compte alors 80 employé-e-s. À partir de 1914, la Société gère la «Brasserie de Hanoï» et la «Brasserie du Coq d'Or». La Maison Hommel exporte vers la Chine et jusqu’en Inde.

En 1927, La Société des Brasseries et Glaçières de l’Indochine (BGI) appartenant à Denis Frères prend le contrôle de la brasserie Hommel.

Les ANOM ne conservent pas les archives de la Brasserie Hommel ni celle des BGI. Les dossiers concernant l’activité des brasseries se trouvent dans la série U (douanes et régies) du Gouvernement général de l’Indochine.

Lettre de Maurice Hommel au Gouverneur général de l’Indochine au sujet du relèvement des droits de douane frappant les bières étrangères (27 juillet 1925) - GGI 45495 Lettre de Maurice Hommel au Gouverneur général de l’Indochine au sujet de l’importation de 50 tonnes d’orge provenant du Phu Kien (Chine) pour les besoins de la brasserie (22 mars 1922) C. Cucherousset « L’industrie de la bière au Tonkin » dans L’Éveil économique de l’Indochine, 11 avril 1926 - BIB AOM 30995 Publicité pour les Brasseries Hommel dans L’Avenir du Tonkin, 30 octobre 1897 - BIB AOM 30504

Archiviste

« (…) ce n’est pas une mince besogne que celle d’archiviste dans une capitale coloniale, et toutes sortes d’épreuves y attendent le bon paléographe qui avait rêvé de mener, dans un paisible dépôt provincial ou dans un casier des Archives nationales, la plus méthodique des existences. »

Ce court extrait des Éléments de l’histoire coloniale, publié par Georges Hardy en 1921 , donne le ton de ce que pouvait être la carrière d’un archiviste outre-mer au début du vingtième siècle. En effet, comme pour bon nombre d’autres professions, la rencontre avec le climat, le mode de vie et l’organisation administrative des colonies pouvait parfois s’avérer assez complexe et dans tous les cas, déstabilisante.

Les fonctions d’archiviste pouvaient s’exercer de diverses manières selon les territoires : on rencontre aussi bien un agent bien en place, identifié, menant une politique d’archivage similaire à celle qui se pratiquait en métropole, que des bureaux « intermittents » où l’archiviste est sans cesse déplacé, n’a que peu de moyens et peine à justifier de l’importance de son rôle auprès de sa hiérarchie. Dans tous les cas de figure, le problème crucial s’avère celui du stockage matériel des documents. En fonction de l’intérêt relatif que nous venons d’évoquer, les archives sont ainsi malheureusement souvent entreposées dans des locaux inadaptés, avec les conséquences désastreuses que l’on peut imaginer sur leur conservation.

La décolonisation entraîne également son lot de conséquences sur la question des archives : en renfort des archivistes locaux, des archivistes du ministère des Colonies sont envoyés afin de préparer, lorsque les conditions de sécurité le permettaient, le rapatriement des liasses, cartons et autres caisses de documents.

L’exemple du témoignage de Marie-Antoinette Menier, responsable de la Section outre-mer à Paris, envoyée en mission à Djibouti, est assez savoureux pour donner le ton :
« Une partie des archives a été brûlée puis retirée du feu. Mieux vaut ne pas décrire l’état de ma personne juchée au haut d’une échelle et des traces de suie sur la figure, les bras, la robe (…). Si je voulais qualifier les archives que j’ai trouvées dans les postes, celles de Tadjourah étaient pleines de sable, celles d’Obock empestaient la souris, celles de Ali Sabieh disparaissaient sous le ciment. Quant à Dickil, on m’a promis un serpent cracheur. »

Destruction d’archives à Tananarive. FR ANOM SOM 72/136 Marie-Louise Marchand-Thébault. FR ANOM SOM 72/1136 Expo ANOM dans la cité : photos des sacs entreposés en 1966 - Etat de conservation des archives rapatriées dans le dépôt, 1966  © ANOM


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