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CHALLENGE A-Z 2021

Pour leur quatrième participation au #ChallengeAZ, les Archives nationales d’outre-mer vous permettent de parcourir chaque jour leurs fonds sous la forme d’un abécédaire.

Comme l’an passé, notre site internet et nos réseaux sociaux (Twitter @ANOM_officiel et Instagram @anom_gouv) vous présenteront chaque jour une notice illustrée.

L’édition 2021 est placée sous le signe de l’#égalité avec un focus sur des parcours de vie de femmes et d'hommes ayant vécu dans les anciennes possessions françaises outre-mer. Personnalités ou anonymes, 26 destins, et une #memoirepartagee.

#challengeaccepted

Découvrez notre challenge 2020

Femmes Zafimaniry

A mesure que s’étend l’empire colonial français, les administrateurs ont à cœur de documenter les territoires conquis et les peuples qui les habitent, et à cette fin, la photographie est un médium particulièrement prisé. Le fonds Gallieni (FR ANOM 44 PA 1-63), versé aux ANOM entre 1977 et 1979, compte un très grand nombre de clichés de grande qualité, réalisés pendant son service dans les colonies, et notamment à Madagascar (1895-1905). Parmi eux, beaucoup de “types” ethnographiques, un sous-genre taxinomique de la photographie coloniale qui classe les habitants des colonies en différentes “races” selon des critères physiques que l’on veut objectifs et scientifiques. Si la stérilité et les dérives de cette anthropologie physique ne sont plus à prouver, nous n’en conservons pas moins l’abondante production photographique.

Les “types” représentés ici sont ceux de l’ethnie malgache des Zafimaniry, peuple du sud de la Grande Île réputé pour son savoir-faire dans la charpenterie et le travail du bois sculpté, inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO depuis 2008. Vivant dans des zones forestières que l’absence de routes a longtemps rendu extrêmement difficiles d’accès, les Zafimaniry se distinguent par l’importance sociale accordée aux femmes. Elles partagent sur leur foyer l’autorité avec leur mari, ont la responsabilité des ressources familiales, exécutent les travaux agricoles, pêchent, détiennent les connaissances médicales et médicinales, accomplissent une grande partie des rites religieux et pratiquent sur leur temps libre l’art du tissage et du tressage, quand les hommes, eux, travaillent le bois.

Ces très jolis clichés mettent ces fonctions sociales des femmes zafimaniry en exergue. On les représente parfois avec leurs enfants, portant les plus petits dans le traditionnel lamba, long tissu enroulé autour de la taille. Les enfants plus grands se distinguent par le port du chapeau sans bord tressé par leur mère lorsqu’ils atteignent quatre ans : l’une des femmes photographiées en porte un joliment décoré. Elle porte également à la taille la classique natte, et en tant que gardienne du foyer, pose devant la maison, laquelle est bâtie sans aucun clou ni chevron, mais selon les techniques traditionnelles d’emboîtement des pièces de bois.

Pour aller plus loin :
Le savoir-faire du travail du bois des Zafimaniry

  • Noro RAMINOSOA, “Système éducatif de la femme dans la société Zafimaniry”, in Bulletin de Madagascar n°307, décembre 1971, p. 922-951 (FR ANOM BIB AOM 20474)
  • Daniel COULAUD, Les Zafimaniry. Un groupe ethnique de Madagascar à la poursuite de la forêt, Antananarivo : Fanontam-boky Malagasy, 1973, 385 p. (FR ANOM BIB SOM D 4276)
  • Pierre VÉRIN, Les Zafimaniry et leur art, extrait de la Revue de Madagascar n°27, 16 p. (FR ANOM BIB SOMD BR 8042)

Illustrations :

  • Isakabe. Femme zafimaniry - FR ANOM 44PA219/46
  • Femme zafimaniry. Nom : Ravolazandrianana ; âge : 22 ans ; taille : 1m64 ; résidence : Antoetra - FR ANOM 44PA219/49
  • Antoetra. Femme zafimaniry et ses enfants - FR ANOM 44PA219/41
  • Antoetra. Femme zafimaniry et ses enfants - FR ANOM 44PA219/42
Isakabe. Femme zafimaniry Femme zafimaniry. Nom : Ravolazandrianana ; âge : 22 ans ; taille : 1m64 ; résidence : Antoetra Antoetra. Femme zafimaniry et ses enfants Antoetra. Femme zafimaniry et ses enfants
Yolande Bellot dite « Yo Laur »

L’art pictural tient une place importante dans la promotion de l’entreprise coloniale française, oscillant entre la tentation de l’exotisme et un regard ethnographique. Parmi les artistes – peintres officiels des colonies, chargés de mission ou indépendants – qui ont représenté le monde colonial, on trouve la peintre Yollande Bellot. Sous le pseudonyme Yo Laur, cette artiste expose au Salon des Artistes Français depuis 1898. Au début des années 1920, elle est chargée de mission par le Gouvernement général de l’Algérie. Elle y réalisera de nombreuses toiles, notamment des portraits de femmes. En 1923, elle sollicite du ministère des Colonies une mission en Indochine pour « fixer sur la toile les paysages et les sujets d’Extrême-Orient ». Cette demande n’aura pas de suite.

Illustrations :
FR ANOM MIS 63

  • Lettre de Yolande Bellot du 27 juin 1923 au ministre des Colonies.
  • Photographie de tableaux réalisés par Yo Laur pendant sa mission en Algérie.
Lettre de Yolande Bellot du 27 juin 1923 au ministre des Colonies Photographie de tableaux réalisés par Yo Laur pendant sa mission en Algérie.
Monsieur X, bagnard

Il est de coutume en France d’employer la lettre « X » pour désigner une personne inconnue ou ne souhaitant pas être désignée par son nom. Le bagnard « X », dit « Lamothe », dit « Régnier Alfred » est l’un d’entre eux. Condamné en 1906 par la cour d’assises du Jura, ce bagnard, matricule 35431, n’a jamais révélé sa véritable identité à la justice. C’est donc sous le nom de « X » que son dossier est conservé. Ce dossier, étoffé, comporte de la correspondance personnelle qui informe sur la famille du détenu, restée en France, et sur ses tentatives de dénoncer le système carcéral par une série d’articles. On y apprend également que monsieur « X » a tenté plusieurs évasions au cours de sa détention, qui lui ont valu des allongements de peine. Les pièces les plus récentes du dossier, datées d’il y a 100 ans jour pour jour, relatent qu’après son ultime évasion de la Guyane, il tentait de rejoindre la France via Caracas. Fait rare, cette enquête était assortie d’une photographie d’identité, qui permet finalement de donner corps à cet anonyme dont on perd la trace à compter de cette date.

Légendes des illustrations :

  • FRANOM_COL-H4111-B_001 : X dit Lamothe dit Régnier, notice individuelle de transporté
  • FRANOM_COL-H4111-B_005, 006 et 007 : Courrier du bagnard X adressé à sa famille, Iles du Salut, 28 janvier 1911
  • FRANOM_COL-H4111-B_002 et 003 : Courrier de la Délégation de la République française au Venezuela adressé au Gouverneur de la Guyane en date du 2 novembre 1921
X dit Lamothe dit Régnier, notice individuelle de transporté Courrier du bagnard X adressé à sa famille, Iles du Salut, 28 janvier 1911 Courrier de la Délégation de la République française au Venezuela adressé au Gouverneur de la Guyane en date du 2 novembre 1921
Weiss, Louise (1893-1983)

Journaliste, femme de lettres et femme politique, Louise Weiss a œuvré toute sa vie pour la défense de la paix et pour la condition féminine. On l’ignore souvent, mais cette personnalité forte et indépendante a également réalisé de nombreux films documentaires dans les années 1960.

C’est ainsi qu’en 1963 et en 1965, Louise Weiss se rendit à Djibouti dans la « Côte française des Somalis », alors territoire français, pour des séjours de plusieurs semaines. La correspondance du service de l’Information concernant le tourisme, le cinéma et le théâtre en Côte française des Somalis permet de retracer l’itinéraire de la réalisatrice, ainsi que les réactions accompagnant l’annonce de sa venue. On y découvre ainsi que sa première série de trois reportages, diffusés en France métropolitaine en 1963, avait suscité une certaine indignation, ce que démentira Louise Weiss par la suite. Il n’en demeure pas moins que son second séjour fut scruté de très près par les services du gouvernement local afin qu’ils puissent « servir utilement la propagande du Territoire ».

S’il est aujourd’hui difficile de se procurer l’un des sept documentaires (dont un en couleur) que Louise Weiss réalisa alors, on en conserve l’esprit dans l’une de ses lettres, où elle décrit « les beautés du désert de Somalie, beautés bibliques qui s’apparentent au thème de la jeunesse et de la création du monde. »

Légendes des illustrations :

  • FR ANOM 1b3/2 Louise Weiss_022 : courrier du Gouverneur de la Côte française des Somalis à Louise Weiss en vue de son séjour à Djibouti, en date du 9 décembre 1965
  • FR ANOM 1b3/2 Louise Weiss_010 et 11 : courrier de Louise Weiss au Gouverneur de la Côte française des Somalis à son arrivée à Djibouti, en date du 25 décembre 1965
  • FR ANOM 1b3/2 Louise Weiss_04 : courrier du Gouverneur de la Côte française des Somalis au Commandant du Cercle de Dikhil annonçant le trajet de la mission Louise Weiss, en date du 15/02/1966
Courrier du Gouverneur de la Côte française des Somalis à Louise Weiss en vue de son séjour à Djibouti, en date du 9 décembre 1965 - FR ANOM 1b3/2 Louise Weiss_022 Courrier de Louise Weiss au Gouverneur de la Côte française des Somalis à son arrivée à Djibouti, en date du 25 décembre 1965 - FR ANOM 1b3/2 Louise Weiss_010 et 11 Courrier du Gouverneur de la Côte française des Somalis au Commandant du Cercle de Dikhil annonçant le trajet de la mission Louise Weiss, en date du 15/02/1966 - FR ANOM 1b3/2 Louise Weiss_04
Vergnes, Brigitte et Jean-André

Instituteur dans le sud-ouest de la France, Jean-André Vergnes demande à partir aux Colonies en mars 1944. Il est envoyé en Haute-Volta (Burkina Faso), à Koudougou, pour un premier poste, puis à Ouagadougou. Il y dirige le « cours de moniteurs indigènes » : sa mission consiste à former de jeunes Africains âgés de 15 à 18 ans à devenir des instituteurs dans leurs villages.

Composée d’une centaine de lettres, la correspondance entre Jean-André et Brigitte, son épouse, relate de façon intime et personnelle la vie quotidienne des époux lorsqu’ils sont éloignés l’un de l’autre. Leur séjour commun en Afrique sera de courte durée puisque les Vergnes rentrent définitivement en métropole en 1948. Voyages, découvertes, prise de fonction, vie professionnelle et sociale, difficultés matérielles… autant d’aspects que cette correspondance privée conservée précieusement par leurs descendants permet de décrypter et de reconstituer.

Légendes des illustrations :

  • 263APOM Lettre3_002 : Télégramme de Jean-André à Brigitte, Dakar, 10/12/1945
  • 263APOM 1 Lettre1_002 et Lettre1_003 : Lettre de Jean-André à Brigitte, à bord du Pasteur en rade de Dakar, 28/12/1947

Bibliographie :

  • Friquet Vergnes, Brigitte, « Une correspondance familiale lors de l’expatriation d’un enseignant en Haute-Volta en 1945 : le rôle du père », Mémoire de Master 2 sous la direction de Christian Thibon, Université de Pau et des pays de l’Adour, 2016.
Télégramme de Jean-André à Brigitte, Dakar, 10/12/1945 - 263APOM Lettre3_002 Lettre de Jean-André à Brigitte, à bord du Pasteur en rade de Dakar, 28/12/1947 - 263APOM 1 Lettre1_002 et Lettre1_003
Une femme journaliste, Andrée Viollis (1870-1950)

Aujourd’hui inconnue du grand public, Andrée Viollis a pourtant été considérée dans l’entre-deux-guerres comme une journaliste de grand talent par ses confrères. Elle fut également la première femme grand reporter. Mère de quatre enfants nés de ses deux mariages, elle a su concilier vie familiale et carrière professionnelle au service de ses idéaux politiques, ce qui dans la société française de l’entre-de-guerre représentait un vrai défi.

Andrée Claudius-Jacquet de la Verryere naît le 9 décembre 1870 aux Mées (Alpes-de-Haute-Provence) dans une famille de la bourgeoisie aisée, d’un père ancien sous-préfet et d’une mère qui anime des salons littéraires. La jeune fille qui bénéficie d’études solides, fréquente les milieux littéraires et intellectuels de la capitale où elle commence à écrire des articles dans le journal féministe « La Fronde » entre 1899 et 1903. Dorénavant le journalisme et la littérature vont faire partie de sa vie et lui permettre de défendre ses convictions, sous le nom de plume d’Andrée Viollis : féminisme, socialisme, plus tard anti-fascisme. Après la 1ère Guerre mondiale, elle est accréditée au Petit Parisien comme « envoyée spéciale » où elle se spécialise très vite dans le grand reportage. Ces enquêtes la mènent en Russie (1926), en Afghanistan (1929) et en Inde (1930).

C’est en 1931, alors qu’elle est âgée de 61 ans, qu’elle part en Indochine à la demande du ministre des Colonies, Paul Reynaud. La lointaine colonie asiatique est secouée depuis plusieurs décennies par la contestation nationaliste. C’est un choc pour Andrée Viollis qui découvre les abus du colonialisme envers la population locale. Elle en rapporte des notes accablantes qu’elle publiera dans son ouvrage, peut-être le plus célèbre « Indochine S.O.S», publié chez Gallimard en 1935 (préface d’André Malraux).

En 1937, « la petite dame » comme on l’appelle, participe à la « commission d’enquête dans les territoires d’outre-mer » mise en place sous le gouvernement du Front populaire et dirigée par le socialiste Henri Guernut. Elle y est la seule femme à siéger à côté de trente-six membres parmi lesquels André Gide, Lucien Levy-Bruhl (philosophe et anthropologue), Robert Delavignette (futur directeur de l’Ecole nationale de la France d’outre-mer), Victor Basch (co-fondateur de la Ligue des droits de l’homme) et Léopold Sédar-Senghor. Cette commission, voulue par le gouvernement (loi du 30 janvier 1937 et décret modifié du 4 février 1937), devait faire le point sur « les besoins et les aspirations légitimes des populations habitants les colonies, les pays de protectorat et sous mandat ». Dans l'esprit de ses initiateurs, elle était destinée in fine à appuyer une campagne de réformes visant « le progrès intellectuel et le développement économique, politique et social des populations », sujets mobilisateurs pour une Andrée Viollis toujours plus engagée jusqu’à la fin de sa vie.
Elle s’éteint à Paris le 10 août 1950 à l’âge de quatre-vingts ans.

Sources aux ANOM :

Nombreux ouvrages d’Andrée Viollis dans la bibliothèque dont :

  • BIB ECOL 17138 ; BIB SOM a5235 L’Inde contre les Anglais, Edition des Portiques, 1930
  • BIB SOM a4427 ; BIB AOM 49328 Indochine SOS, Gallimard, 1935
  • BIB AOM 45233 Indochine SOS, édition Les éditeurs français réunis, 1949
  • BIB AOM b9142 La vérité sur le Viet-Nam, Andrée Viollis, Prof. Boyer, Jean Hovan, Cinq-Mars, André Lescure, M. Michel... [et al.], La Bibliothèque française, 1948
  • SLOTFOM V 19 : Tracts et brochures (1921-1927), au sujet du livre SOS Indochine d’Andrée Viollis (1935)
  • GUERNUT 12 Liste des membres de la commission, répartition par sous-commissions (1938)
  • GUERNUT 20 Candidatures et acceptations (1937)

Illustration :

  • S.O.S Indochine édition de 1949, couverture couleur (BIB AOM 45233).

S.O.S Indochine édition de 1949, couverture couleur (BIB AOM 45233).
Tillion, Germaine (1907-2008)

Germaine Tillion (1907-2008) est une ethnologue et une figure de la Résistance.
Etudiante à la fin des années vingt du XXe siècle, Germaine Tillion tâtonne entre plusieurs disciplines, elle suit des cours de sociologie, d’archéologie, d’histoire de l’art mais c’est surtout l’ethnologie qui la passionne. Quelques années plus tard, elle reçoit une bourse pour aller enquêter sur le terrain, dans le massif de l’Aurès, dans l’Est de l’Algérie. Sur place, elle décrit soigneusement tout ce qu’elle peut observer dans le comportement de l'ethnie berbère des Chaouias.
C’est au cours de sa première mission en 1935-1936 dans l’Aurès qu’elle travaille aux côtés de Thérèse Rivière, directrice du département « Afrique blanche et Levant », au Musée d'ethnographie du Trocadéro. Les deux jeunes chercheuses effectuent pour le Musée -devenu peu après le musée de l’Homme- une mission d'étude qui les conduit à étudier cette population berbère qui conserve son ancienne économie agropastorale. Armées d'un Leica et d'un Rolleiflex, les deux femmes y prennent plusieurs milliers de photographies, s'y ajoute un film tourné par Thérèse Rivière en 1936.

Lorsque Germaine Tillion revient en France en 1940 au moment de la demande d’armistice formulée par le maréchal Pétain, elle trouve un pays vaincu. L’idée de résistance s’impose alors et Germaine Tillion anime, avec d’autres, le « réseau du musée de l’homme », qui travaille à l’évasion de prisonniers et au renseignement. Son activité résistante ne se limite pas à ce seul groupe, elle a beaucoup oeuvré pour l’aide aux prisonniers de guerre des colonies françaises.

Après avoir été dénoncée pour ses activités de résistante, elle est arrêtée puis déportée au camp de concentration de femmes de Ravensbrück. Les quantités de notes et analyses sur l’ethnie berbère des Chaouïas sont confisquées par les Allemands. Ce n'est qu'en 2000 qu'elle a publié un ouvrage consacré spécifiquement à l'Aurès : Il était une fois l'ethnographie, suivi en 2005 de L'Algérie aurésienne.

Germaine Tillion obtiendra par la suite une mission d'observation de trois mois (novembre 1954-février 1955) dans le département de Constantine, surtout dans l'Aurès, où elle revient dans les lieux qu'elle a connus vingt ans avant, assez changés. Elle constate la déstructuration de la société traditionnelle et la chute du niveau de vie des agriculteurs. Face à cette situation, elle développera des centres sociaux jusqu’au début de 1957 pour notamment scolariser correctement et former professionnellement les jeunes Algériens du monde rural.
Fin 1957, elle passe trois mois chez les touareg dans le Sahara, avant de rentrer à Paris.

L’ethnologue insatiable poursuivra d’autres travaux sur les sociétés méditerranéennes jusqu’à la veille de sa retraite.
Germaine Tillion rentrent au Panthéon en mai 2015 aux côtés de Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay.

  • Tillion (Germaine), L’Algérie en 1957, Paris, Les éditions de Minuit, 1960. - FRANOM BIB AOM 189
  • Tillion (Germaine), Les ennemis complémentaires, Paris, Les éditions de Minuit, 1960. - FRANOM BIB AOM 3078
  • Tillion (Germaine), L’Afrique bascule vers l’avenir : l’Algérie en 1957 et autres textes, Paris, Les éditions de Minuit, 1960 FRANOM BIB AOM 3410
  • Tillion (Germaine), Le Harem et les cousins, Paris, Le Seuil, 1982. - FRANOM BIB AOM 44507
  • Colonna (Fanny) Texte, Tillion (Germaine), Photographies, Aurès : Algérie 1935-1936, Paris, Editions de la Maison des sciences de l’homme, 1987. - FR ANOM BIB AOM 43419
  • Tillion (Germaine), Il était une fois l’ethnographie, Paris, Les éditions du Seuil, 2000. - FRANOM BIB AOM 46097
  • Tillion (Germaine), L'Algérie aurésienne, Paris, La Martinière, 2001. - FRANOM BIB AOM 13881

Saint-Exupéry, Simone de (1898-1978)

Née le 26 janvier 1898 à Lyon et morte le 14 juin 1978 à Saint-Raphaël dans le Var, la sœur de l’aviateur et écrivain Antoine de Saint-Exupéry, est une historienne, archiviste et femme de lettres qui fit carrière en Indochine.
Elle entre à l’École des chartes en 1922, soutient sa thèse et est diplômée en 1928.
Elle occupe le poste de conservatrice-adjointe à Lyon avant d’être nommée en 1933 à Saïgon. Sa carrière se déroulera durant vingt-cinq ans entre Hanoi et Saïgon.

86 APOM – Fonds Paul Boudet (1870-1940)

  • 86 APOM 88 – Lettres à Paul Boudet du 30 novembre et 23 décembre 1947
  • 115 Fi – photographies extraites du 86 APOM 105. Album des promotions des secrétaires archivistes et bibliothécaire 1942-1943 et 1943-1944 (Simone est assise à côté de Paul Boudet)
  • 115 Fi - photo extraite du 86 APOM 105. Simone assise une main soutenant son menton

Lettre à Paul Boudet du 30 novembre 1947 Lettre à Paul Boudet du 23 décembre 1947 photographies extraites du 86 APOM 105. Album des promotions des secrétaires archivistes et bibliothécaire 1942-1943 et 1943-1944 (Simone est assise à côté de Paul Boudet) photo extraite du 86 APOM 105. Simone assise une main soutenant son menton
Recrutement de Marguerite Donnadieu
(alias Marguerite Duras)

En septembre 1938, recrutement de Marguerite Donnadieu (Marguerite Duras) comme auxiliaire au Comité de Propagande de la Banane Française. En 1937, elle était déjà employée au ministère des Colonies, au Service Intercolonial d’Information et de Documentation. Elle sera à nouveau affectée dans ce service à partir de mars 1939, après six mois au Comité de Propagande de la Banane Française.

FR ANOM EE II 6175(64)

Recrutement de Marguerite Donnadieu (Marguerite Duras)
Quy Vu-Thi, couturière et bonne d’enfant (1913-?)

Vu-Thi Quy est née en 1913, à Yên Hung, petit village de la province de Quang Yen au Tonkin (nord du Vietnam actuel), partie intégrante de l’Indochine française depuis 1887. Depuis 1934, elle travaille pour des Européens et entre au service des époux Pellegrini en 1937 comme couturière et bonne d’enfants. René Pellegrini est fonctionnaire à la Direction des Forêts du Gouvernement général de l’Indochine, où il occupe un poste de garde principal. En mai 1938, il décide de se rendre en France, à Mavilly-Mandelot (Côte d’Or) avec toute sa famille et leur employée . C’est ainsi qu’à l’âge de 25 ans, la jeune femme quitte son pays (probablement) pour la première fois, dans le cadre de son emploi. Après l’obtention de son visa, délivré par les services de police de la Sûreté du Tonkin, elle embarque avec ses patrons sur le « Cap Varella » qui quitte le port de Haïphong le 17 mai 1938. Le séjour en France doit durer un an. La demande d’autorisation de sortie de l’Indochine mentionne que René Pellegrini s’engage à « supporter les frais de voyage aller et retour … quel que soit le motif et la date » de celui-ci.

Melle Quy fait partie de ces nombreux « indochinois » venus en France pour des raisons très variées : étudiants, domestiques, ouvriers, intellectuels. Le plus célèbre d’entre eux est sans conteste Nguyen That Thanh, futur Hô Chi Minh qui débarque à Marseille en 1919. Tous sont « fichés » par les services de la Sûreté du Gouvernement général au départ de l’Indochine. Ceux-ci communiquent ensuite leurs informations aux services du ministère des Colonies en charge de la surveillance des ressortissants des Colonies présents en métropole : le service de contrôle et d’assistance des indochinois en France (CAI). C’est grâce aux archives de ce service que nous gardons une trace de l’existence de Mlle Quy.

Sources aux ANOM :

SLOTFOM XV 105 3238 : dossier de Vu-Thi Quy

Illustration

Dossier de Vu-Thi Quy, protégée française du Tonkin, établi par le commissaire de police spéciale, service de Contrôle et Assistance des indochinois en France, 12 mai 1938 (FR ANOM XV 105 3238)

Dossier de Vu-Thi Quy, protégée française du Tonkin, établi par le commissaire de police spéciale, service de Contrôle et Assistance des indochinois en France, 12 mai 1938 (FR ANOM XV 105 3238)
Mme Phung Ha, comédienne de théâtre rénové annamite

Le théâtre traditionnel vietnamien est un théâtre chanté. Il comprend deux variantes : l’une classique appelée tuong et l’autre populaire, le chéo. Sous l’influence de pièces du répertoire français jouées en Indochine dès les débuts de la colonisation, ce théâtre dit « annamite » évolue et se modernise dans le courant des années 1920-1930. Notamment, des pièces du répertoire classique français sont adaptées en langue vietnamienne. C’est le cas de la « Bérénice » de Corneille, jouée par la troupe de Nguyen Ngoc Cuong lors de l’exposition coloniale de 1931.

En Indochine, la « Grande Troupe théâtrale cochinchinoise Phung Hao » dirigée par Nguyen Bu’u fait partie de ces troupes de théâtre dit « rénové », qui sans sacrifier à la grande tradition du théâtre annamite, chère à l’élite cultivée, s’inspire des pièces occidentales pour introduire des nouveautés : actions plus rapides, dialogues plus modernes.
La troupe Phung Hao qui se produit au début des années 1930 essentiellement dans les grandes villes du sud du Vietnam, mais aussi au Cambodge, est subventionnée par le Gouvernement général de l’Indochine. Elle compte plusieurs actrices dont la plus saluée par la presse locale spécialisée est Mme Phung Ha qui porte le titre convoité de Première vedette. Son jeu sobre, naturel et élégant fait l’unanimité des critiques et du public tant vietnamien que français. Les articles de presse saluent également sa voix mélodieuse qui met en valeur les chansons cochinchinoises adaptées d’après des airs européens.
En novembre 1951, Mme Phung participe à une manifestation théâtrale qualifiée « d’un intérêt exceptionnel » par le journaliste de la revue « Viet-Nam ». « Pour la première fois au cours d’un même programme » dit-il des pièces en langue française et vietnamienne ont été représentées avec le concours « de deux grands acteurs vietnamiens ».

Sources aux ANOM

FR ANOM AGEFOM 249 : dossier Théâtre (1921-1953)

Illustrations :

  • Portraits de Mme Phung Ha FR ANOM AGEFOM 249
  • Brochure sur la troupe de Nguyen Bu’u FR ANOM AGEFOM 249

Brochure sur la troupe de Nguyen Bu’u FR ANOM AGEFOM 249 Portraits de Mme Phung Ha FR ANOM AGEFOM 249
Olympe et Marguerite Ogé :
deux bagnardes en Guyane

Souvent oubliées de l’histoire, ce sont plus de 2 000 femmes qui ont été envoyées dans les bagnes coloniaux de Guyane et de Nouvelle-Calédonie entre 1859 et 1906. Le destin de ces bagnardes est un épisode méconnu de l’histoire des bagnes coloniaux français, qui demeure particulièrement tragique. Condamnées pour meurtres, infanticides, crimes politiques, mais aussi pour des délits mineurs, ces femmes ont, elles aussi, connu le pire des châtiments. Les premières femmes arrivent à Saint-Laurent du Maroni en 1859. L’article 4 de la loi du 30 mars 1854 qui définit la transportation des condamnés aux travaux forcés hors de la métropole précise que les femmes condamnées à la transportation « seront séparées des hommes et employées à des travaux en rapport avec leur âge et avec leur sexe ». Enfermées, sous la surveillance de religieuses, dans un bâtiment construit à cet effet, elles peuvent prétendre à fonder un foyer avec un libéré en cas de bonne conduite. Mais rapidement on ne croit plus beaucoup à de telles unions et la Guyane ne devient qu’un lieu d’expiation où rejeter es femmes sans avenir. La grande majorité de ces femmes ne survit que quelques années. En 1906, le gouvernement suspend l’envoi des femmes en Guyane.

A travers les registres matricules conservés aux ANOM, découvrons une partie de l’histoire de deux de ces femmes envoyées au bagne : Marie, dite Olympe, condamnée à 20 ans de travaux forcés pour avoir involontairement donné la mort à son nouveau-né et Marguerite Ogé, exerçant le métier de couturière et condamnée à 10 ans de travaux forcés en 1858 pour vol qualifié. Les deux furent libérées par décision impériale.

La plus connue des bagnardes fut sans doute Louise Michel. Les ANOM conservent le dossier de bagne et le registre matricule de la célèbre communarde déportée en Nouvelle-Calédonie sous le matricule 1 (FR ANOM COL H 92).

Les ANOM conservent quelque 120 000 dossiers de condamnés aux bagne. Malheureusement, tous les dossiers individuels n’ont pas été conservés, ont notamment disparu ceux des femmes transportées. Pour en savoir plus et consulter la base de données des dossiers individuels de condamnés au bagne : http://anom.archivesnationales.culture.gouv.fr/bagnards_dossiers_individuels/

Bibliographie :

Le Dernier exil, histoire des bagnes et de forçats, Michel Pierre, Gallimard, 1989 Lettres du Bagne, Isabelle Dion, Hélène Taillemite, collection histoire d’outre-mer

Cotes des documents :

  • Marie, dite Olympe, FR ANOM COL H 2382
  • Marguerite Ogé, FR ANOM COL H 2382

Marie, dite Olympe, FR ANOM COL H 2382 Marguerite Ogé, FR ANOM COL H 2382
Naudin-Roumégous, Georgette

Née en France au XIXe siècle, Georgette Naudin est une artiste, ethnologue et archéologue. Elle fut également critique d’art et mènera parallèlement à sa carrière scientifique en Indochine, une carrière de peintre. Elle affectionne les scènes de fleuve et de vie quotidienne. Elle exposera pour la première fois en 1927 à la Foire de Saïgon.

Elle occupera le poste de conservatrice du musée Blanchard de la Brosse à Saïgon et exercera aussi des fonctions de correspondante de l’École française d’extrême-Orient de 1934 à 1943.

5 APOM – Fonds Naudin-Roumégous Georgette (1921-1945)

Illustrations

  • 5 APOM 3 – article sur l’ethnographie en Indochine signé Georgette Naudin [s. d.]
  • 5 APOM 6 – photographie de Mme Roumégous au musée Blanchard de la Brosse à Saïgon en 1930 ou 1931

article sur l’ethnographie en Indochine signé Georgette Naudin [s. d.] photographie de Mme Roumégous au musée Blanchard de la Brosse à Saïgon en 1930 ou 1931
Massieu, Isabelle (1844-1932),
exploratrice, photographe et écrivain

Née à Paris, elle est l’épouse d’un avocat membre du Conseil de l’Ordre à Caen avec qui elle visite l’Europe, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc et la Tripolitaine. Devenue veuve, elle poursuit ses voyages et remonte le Nil en 1892, puis visite la Syrie et le Liban.

En 1895, elle se dirige vers Ceylan et s’enfonce dans l’Inde anglaise mais la guerre du Tchitral l’oblige à se rabattre sur le Cachemire. Elle atteint le lac Pangong à la frontière chinoise. En 1896 et 1897, elle visite la Cochinchine, le Cambodge, parcourt le Siam, la Birmanie et se rend au Laos. Après de nombreuses villes et des milliers de kilomètres parcourus à travers la Chine, elle visite les ports de la Corée et, parvenue à Pékin, traverse en charrette chinoise le désert de Gobi puis poursuit sa route par le Baïkal, Irkoustk, Tomsk et Omsk. Elle évite la voie ferrée du Transibérien et franchit 3000 verstes pour gagner Samarcande et rentrer par le Caucase à Moscou.

Douée de grandes qualités et de volonté, elle accomplit ce long voyage escortée d’un seul domestique, choisissant de préférence les chemins non frayés. En 1908, elle part assister à l’inauguration du palais français des Maharajas puis rentra en Europe au début de 1909.

Elle est décorée de la Légion d’Honneur le 10 mars 1906, promotion des Explorateurs. Aventurière sur le tard, elle est la première européenne à être venue seule en Indochine.

GGI 19795 et 22235 - missions 1896.

Mission 1896
Lyée de Belleau, Madeleine (1873-1953)

Madeleine de Lyée de Belleau (1873-1953), dite aussi Manette, est une Femme de lettres, exploratrice, photographe, artiste sculpteur et auteur de nombreuses lithographies et gravures.

Fille d'André Bernard, comte romain, zouave pontifical, et de Mathilde Tilloy, Madeleine Bernard naît le 4 novembre 1873 à Courrières dans le Pas-de-Calais.
En 1893 elle épouse à Courrières, Théodore de Lyée de Belleau, officier, ancien élève de Saint-Cyr.

Madeleine de Lyée de Belleau effectua plusieurs voyages en Afrique, au Moyen et en Extrême-Orient dans les années 1930, voyages qu’elle racontera dans des causeries radiophoniques par la suite, sur les ondes de Radio-Paris, et qu’elle tenta de faire publier auprès de divers éditeurs. « Les femmes captives gardiennes du M’Zab » fut publié dans le magazine La Nature, par exemple.
Sa curiosité pour les cultures qu’elle rencontre, la condition des femmes offrent un exemple particulièrement atypique d’écriture coloniale de voyage. De nombreux contes, nouvelles, récits courts figurent dans les fonds d’archives des Archives nationales d’outre-mer : ces différents textes témoignent d’une réflexion sur le féminisme, ainsi de l’essai « Les touaregs, précurseurs du féminisme » ou encore du récit bref « Le mariage d’Aïcha ». Cet ensemble constitue un bel exemple de pensée coloniale du féminisme, au sein d’un fonds privé.

Archives privées Madeleine de Lyée de Belleau

FRANOM 67 APC 1-2
Ouvrages

  • 67 APC 1 L'Alpe Saharienne
  • 67 APC 1 Faffa la boîteuse : moeurs M'Zabites
  • 67 APC 2 Du Cameroun au Hoggar

Articles

  • 67 APC 2 Journaux
  • 67 APC 2 Revue L'Exportateur Français
  • 67 APC 2 Documentation
  • 67 APC 2 Photographies : Exposition internationale de Paris

Lyée de Belleau (Manette de), Du Cameroun au Hoggar, Paris, Editions Alsatia, 1945 FRANOM BIB AOM 5353

L'Alpe Saharienne Faffa la boîteuse : moeurs M'Zabites Du Cameroun au HoggarDu Cameroun au Hoggar
Femmes Kha Lao

La péninsule indochinoise est la région au monde la plus complexe du point de vue linguistique et ethnographique. On a coutume d’opposer les zones montagneuses dans lesquelles est établie une mosaïque complexe d’ethnies minoritaires « montagnardes » aux deltas des grands fleuves, des plaines et des vallées. Le Laos comporte officiellement 48 groupes ethniques. On peut identifier quatre grands groupes ethniques correspondant à des phases de peuplement différentes du Laos : les Môn-Khmers, les Taï, les Miao-Yao, les Tibéto-Birmans. Les « Khas » font partie du groupe des Môn-Khmers qui peuplaient l’ensemble du territoire avant l’arrivée des Taï. Les explorateurs et administrateurs coloniaux leur ont donné les noms de Moï, au Vietnam, Kha, au Laos et Phnong, au Cambodge. Ces termes péjoratifs signifient sauvages ou esclaves.

« Le costume pour tous les Khas se compose uniformément ; celui de l’homme : d’un pagne bleu foncé roulé autour de la ceinture, passé plusieurs fois entre les cuisses avec les deux extrémités frangées retombant par devant. Les élégants les désirent long (3m50 environ) de façon à pouvoir laisser un des tours un peu lâche sur une partie du derrière et sur une cuisse ; les deux extrémités enrichies de dessins rouges, blancs et jaunes frangées avec à chaque brin de franges de petits tubes et des boules en ivoire et en étain […]. La femme se couvre davantage, son pagne noué pendant mais non cousu sur le devant est plus long ; il forme une jupe qui descend aux genoux qu’il cache. A fond bleu sombre également il est ou tout uni ou à rayures soit verticales, soit horizontales rouges, blanches ou jaunes […]. Les deux sexes portent les cheveux longs noués en chignon sur la nuque. » (de Coulgeans, membre de la mission Pavie)

Illustration :

Muong Sum. Femmes Kha Lao FR ANOM 8Fi 524/221

Muong Sum. Femmes Kha Lao FR ANOM  8Fi 524/221
Jeanne, compagne de tirailleur indochinois

Pendant la Première Guerre mondiale 90 000 hommes ont été recrutés en Indochine pour participer à l’effort de guerre en France. A partir de 1915, environ 40 000 tirailleurs et 50 000 travailleurs ont débarqué sur le sol métropolitain. Les tirailleurs « annamites » et « tonkinois » (du nom des deux protectorats sous administration française au centre et au nord du Vietnam actuel), considérés par l’Etat-major comme de piètres combattants furent engagés principalement dans des travaux de terrassement, tandis que les travailleurs bénéficiant au contraire d’une très bonne réputation servaient dans les usines d’armement et poudreries.

Brutalement transplantés dans un univers très éloigné du leur (la plupart des recrues proviennent de milieux ruraux pauvres), confrontés à une société dont les codes sont très différents de ceux pratiqués dans l’Indochine coloniale, les travailleurs et tirailleurs livrent leurs impressions sur leurs conditions de vie et sur la société française, dans des correspondances, lettres ou cartes postales, adressées à leurs familles sur l’ensemble du territoire de l’Indochine. Alarmées par le contenu potentiellement subversif de ces missives, les autorités françaises en Indochine mettent rapidement en place un contrôle postal sur les lettres en provenance des contingents indochinois stationnés sur le territoire français. Parmi ces correspondances, nombre d’entre elles parlent des femmes françaises et plusieurs photographies représentent des couples mixtes.

C’est le cas de Jeanne et My. Le jeune couple pose tendrement enlacé dans un décor soigné, sans doute le studio du photographe local, sollicité pour immortaliser leur complicité. Elle en costume de ville, un petit bouquet de fleurs à la main, lui en uniforme de tirailleur, le poing posé sur la hanche gauche dans une attitude pleine de fierté et d’assurance, un bras protecteur posé sur l’épaule de sa compagne. Un couple somme toute banal. Mais en Indochine une telle photo peut choquer, car la frontière entre la société européenne et la société dite indigène est presqu’infranchissable. Les relations mixtes surtout dans le sens femme blanche-homme vietnamien sont taboues. C’est pourquoi cette carte postale, adressée à Monsieur Trien, notable d’une petite ville de la province de Soc Trang dans le delta du Mékong (sud du Vietnam), par son frère et sa belle-sœur, n’est jamais arrivée à destination ! Alors même que les quelques mots inscrits au dos sont dénués de charge politique : « Souvenir à notre frère et notre belle sœur, souhaitez (sic) en bonne santé ».

Sources aux ANOM

  • FR ANOM GGI 33411 : correspondances des tirailleurs annamites censurées durant la guerre 1914-1918
  • FR ANOM 3SLOTFOM 143 : contrôle postal indochinois par le bureau de Marseille (1916-1923)
  • BIB AOM 49636. Le Van Ho, Mireille Des vietnamiens dans la Grande guerre : 50 000 recrues dans les usines françaises, Paris : Vendémiaire, 2014

Illustration :

  • FR ANOM GGI 33411 : Carte postale retenue par la censure coloniale conservée dans le fonds du Gouvernement général de l’Indochine, série Q affaires militaires.

Carte postale retenue par la censure coloniale conservée dans le fonds du Gouvernement général de l’Indochine, série Q affaires militaires.
Indochine

De très nombreuses femmes sont parties travailler dans les anciennes colonies françaises, notamment en Indochine. Comme beaucoup d’autres, Marie Bono, Eglé Bouquet, Lucie Guerini, Antoinette Guimontheil, Henriette Guillemard ou Berthe Bourgeois ont parcouru des milliers de kilomètres pour exercer les métiers de chimiste, comptable, professeur d’éducation physique et sportive, infirmière, directrice d’école d’art… Certaines d’entre elles ont travaillé dans de nombreux territoires, à l’image d’Antoinette Guimontheil, où avant d’être infirmière en Indochine, elle a été affectée à Madagascar, en Afrique équatoriale française et en Afrique occidentale française.

Cote des documents :

  • Photo d’Antoinette Guimontheil, EE II 5115
  • Notice complémentaire de Lucie Guerini : EE II 3512
  • Livret de Marie Bono : EE II 3951
  • Notice complémentaire de Berthe Bourgeois : EE II 1630
  • Couverture du dossier d’Eglé Bouquet : EE II 1630

notice complémentaire de Berthe Bourgeois : EE II 1630 couverture du dossier d’Eglé Bouquet : EE II 1630 notice complémentaire de Lucie Guerini : EE II 3512 livret de Marie Bono : EE II 3951 photo d’Antoinette Guimontheil, EE II 5115
Héritier, Françoise (1933-2017),
une géographe devenue ethnologue en Haute-Volta (1959)

Les Archives nationales d’outre-mer possèdent un exemplaire dactylographié avec des tirages originaux de sa première étude de terrain en Haute-Volta (Burkina-Faso)
intitulée : « les Mossi du Yatenga, , étude de la vie économique et sociale » qu’elle mena avec Michel Izard à la fin de la période coloniale (1957-1958).

Cette mission lui avait été proposée par Claude-Levi Strauss alors qu’elle fréquentait avec passion son séminaire de l’école pratique des hautes études comme étudiante de géographie, cette mission était dirigée par l’Institut des sciences humaines appliquées de l’université de Bordeaux pour le compte du service de l’hydraulique du gouvernement général de l’AOF :

Il s’agissait d’étudier « les problèmes humains posés par l’aménagement hydro-agricole de la vallée du Sourou », fleuve situé nord-ouest du pays. Le service de l’hydraulique de Haute-Volta envisageait la construction d’un barrage afin de développer la riziculture. Cet organisme souhaitait savoir s’il pourrait s’appuyer sur l’émigration et l’installation futures dans cette vallée des jeunes mossis du Yatenga, région surpeuplée aux terres pauvres.

Elle postula comme géographe, d’abord refusée par le mandataire par ce que femme, elle fut acceptée faute de candidat aux cotés de l’ethnologue Michel Izard. Ils partagèrent les taches de géographe et d’ethnologue.

Dans cette étude Ils dressent un tableau en mouvement de la région du Yatenga : rappelant les structures familiales et sociales des mossis, mais relativisant l’attachement à celles-ci des jeunes qui émigrent vers l’ouest, région du projet d’aménagement…

Après cette mission Françoise Héritier poursuivit ces études ethnographiques… Ainsi, elle partit géographe et revint ethnologue...

Sources aux ANOM
FR ANOM BIB SOM D 3511 :
Les Mossi du Yatenga : étude de la vie économique et sociale par Françoise Izard-Héritier et Michel Izard, Institut des sciences humaines appliquées de l'Université de Bordeaux, Service de l'hydraulique de Haute-Volta (1959).

Webographie :
Entretien radiophonique, France-Culture, émission A voix nue, épisode 1 Au commencement était la terre (20/11/2017) :
https://www.franceculture.fr/emissions/series/francoise-heritier

Les Mossi du Yatenga : étude de la vie économique et sociale par Françoise Izard-Héritier et Michel Izard
Goldschmidt, Clara (1897-1982) - épouse Malraux

Clara Goldschmidt naît en France le 22 octobre 1897, dans une famille de classe aisée d’origine juive allemande. Très jeune elle s’intéresse à la littérature et à l’art. A Paris où elle travaille un temps comme traductrice à la Revue d’avant-garde Action, elle côtoie de nombreux artistes et intellectuels dont André Malraux qu’elle épouse en 1921. Ensemble ils vont parcourir l’Europe : Florence, Venise, Prague, Vienne, Berlin, la Sicile puis la Tunisie.

En 1923 André Malraux fait avec l’argent de son épouse un placement hasardeux dans des valeurs mexicaines qui s’effondrent en bourse. Le couple ruiné part alors en Indochine. André Malraux veut y refaire fortune en vendant à une galerie américaine des sculptures d’art khmer volées dans un temple au Cambodge, pays sous protectorat français depuis 1863. Appuyé par ses relations André obtient du ministère des Colonies un financement pour un prétendu voyage d’étude. Le couple arrive à Phnom Penh en décembre 1923. Là ils retrouvent Louis Chevasson, un ami d’enfance d’André. Après avoir rencontré les autorités locales, puis loué du matériel et les services de porteurs le trio se dirige vers le temple de Banteyai Srei au coeur de la jungle. Clara qui fait partie de l’expédition racontera dans ses mémoires sous le titre « Le bruit de nos pas – Nos vingt ans » tous les détails de celle-ci. Arrêtés sur dénonciation alors qu’ils s’apprêtent à ramener les bas-reliefs découpés à la scie, ils sont inculpés. Clara, qui entame une grève de la faim bénéficie d'un non lieu car « en tant qu'épouse elle est obligée de suivre son mari en tous lieux ». De retour à Paris elle mobilise les amis d'André et rédige le texte d'une pétition signée par vingt-sept intellectuels français dont Gide, Mauriac et Breton. Grâce à cet appui Malraux est finalement acquitté.
Le couple retournera en Indochine en 1925, cette fois-ci pour mener un combat contre l’administration coloniale. André Malraux fonde alors le journal l’Indochine avec son ami l’avocat André Monin. Clara reprend la plume et se fait journaliste. La période indochinoise se termine en 1926 date à laquelle le couple Malraux rentre à Paris. Intellectuelle engagée, militante antifasciste et résistante, épouse d’un homme illustre dont elle confie parfois avoir été écrasée par la personnalité hors-norme, elle n’a laissé de traces aux Archives nationales d’outre-mer qu’à travers l’expédition au temple de Banteay Srei et la documentation du dossier Malraux-Chevasson conservé dans le fonds de la Résidence supérieure au Cambodge.

Sources aux ANOM :

  • FR ANOM RSC 208 : dossier de l’affaire Malraux-Chevasson
  • BIB SOM b5317 : Le Bruit de nos pas (Mémoires), Paris : Grasset, 1963-1979 (6 vol.)
  • BIB AOM 53335 : « André Malraux aux Archives nationales d’outre-mer » dans Présence d’André Malraux : cahiers de l’Association Amitiés internationales André Malraux, n° 13, 2017, Paris : CNL, p. 124-133.

Illustration :

  • FR ANOM RSC 208 : Lettre d’André Malraux sur l’état de santé de Clara hospitalisée suite à son retour de la jungle et demandant son retour en France avant la fin du procès, adressée au Résident supérieur du Cambodge, depuis le Grand Hôtel à Phnom Penh, le 13 mai 1924.

Lettre d’André Malraux sur l’état de santé de Clara hospitalisée
Femmes de l’ethnie Man Cao Lan

Le Vietnam est un pays multiethnique d’une grande richesse qui compte pas moins de 53 ethnies minoritaires (la population majoritaire est composée de l’ethnie Viêt). Chaque ethnie possède sa propre langue et sa propre culture souvent identifiable grâce aux costumes féminins particulièrement soignés. L’ethnie Cao Lan (groupe des Thaïs), aussi appelée San Chay, occupe les provinces de Thaï Nguyen, Bac Giang et quelques provinces du nord-est du Vietnam qui durant la période coloniale (1884-1954) faisaient partie du Tonkin. Lors du recensement de 2009 les San Chay étaient 169 410, soit 0,20 % de la population vietnamienne.

En 1936, une commission parlementaire, présidée par le député Henri Guernut, est chargée de faire un état des lieux concernant les « besoins et les aspirations légitimes des populations habitant les colonies, les pays de protectorat et sous mandat ». Les travaux des 3 sous-commissions vont donner lieu à une documentation d’une très grande richesse consultable aujourd’hui dans le fonds de la Commission Guernut qui représente 19 ml linéaires d’archives variées. Celles-ci se composent de rapports, notes descriptives, cahiers des vœux, réponses aux questionnaires, photographies, plans et graphiques concernant six thèmes : l'alimentation, l'habitation, les migrations intérieures, les métis, l'industrie et les Européens et assimilés.

L’enquête sur l’habitation a donné lieu a un véritable inventaire réalisé province par province, avec à chaque fois la mention détaillée des habitants, du mobilier, de l’outillage et instruments agricoles ainsi que du cheptel. Luong Van Nam vit au village de Phan-Mê dans la province de Thai Nguyen avec son épouse, leurs deux fils, leur bru et une nièce. C’est une famille de la classe riche. Ils posent avec leurs domestiques devant leur maison sur pilotis coiffée d’un toit à quatre pans, recouvert en feuilles de latanier, caractéristique de cette région montagnarde et appelée Nhà Sàn. Les trois femmes de la famille sont sur la droite de la photo. Leur costume se compose d’une tunique longue bleu indigo à large bordure brodée, fermée par une ceinture de couleurs vives. Elles sont coiffées d’un simple turban. La plus âgée porte sur ses genoux le plus jeune des huit enfants de la maisonnée.

Province de Thai Nguyen, renseignements accompagnant les plans, Man Cao Lan, classe de riches (TO XIII 2), [1938]. Province de Thai Nguyen, renseignements accompagnant les plans, Man Cao Lan, classe de riches (TO XIII 2), [1938].
Eberhardt, Isabelle (1877-1904)

Parmi les figures de femmes libres et inspirantes du siècle dernier, Isabelle Eberhardt occupe une place particulière. Journaliste, auteure d’origine russe, née en Suisse, devenue française suite à son mariage, Isabelle Eberhardt s’installe en Algérie à l’âge de vingt ans, en 1897, aux côtés de sa mère qui y quelques mois plus tard. Contrainte de rentrer en Suisse, la jeune femme repartira dès le décès de son tuteur, en 1899. Passionnée de langue et de culture arabe depuis son plus jeune âge, elle se convertit à l’Islam. Elle parcourt successivement la Tunisie, le Sahara et l’Algérie où elle se fixe dès 1902 suite à son mariage avec Slimène Ehnni, sous-officier des Spahis, musulman de nationalité française. Elle collabore à différents journaux, notamment en tant que reporter de guerre. Elle périt en 1904 à Aïn Sefra à l’âge de 27 ans, suite à l’effondrement de sa maison lors d’une importante inondation. Ses ouvrages (Au pays des sables, Dans l’ombre chaude de l’Islam, Yasmina…) et carnets de route, partiellement sauvés des eaux, ont été publiés à titre posthume.

Polyglotte, aventurière, intrépide, Isabelle Eberhardt laisse le souvenir d’une personnalité hors norme, qui s’habille en garçonne pour ses explorations, emprunte des pseudonymes masculins pour signer ses premiers écrits et se détourne de la posture coloniale pour se tourner vers les peuples nomades et l’immensité des paysages. Fascinante pour beaucoup, dérangeante pour certains, elle est victime d’une tentative d’assassinat en 1901 et est expulsée momentanément d’Algérie, mais son « cœur trempé » et sa détermination lui permettront de vivre la vie qu’elle avait choisie, avec la liberté comme seule philosophie.

« Ne pas éprouver le torturant besoin de savoir et de voir ce qu’il y a là-bas, au-delà de la mystérieuse muraille bleue de l’horizon… Ne pas sentir l’oppression déprimante de la monotonie des décors… Regarder la route qui s’en va toute blanche, vers les lointains inconnus, sans ressentir l’impérieux besoin de se donner à elle, de la suivre docilement, à travers les monts et les vallées, tout ce besoin peureux d’immobilité, ressemble à la résignation inconsciente de la bête, que la servitude abrutit, et qui tend le cou vers le harnais. »

Isabelle Eberhardt, Vagabondages, texte publié dans Ecrits sur le sable, Paris, Grasset, 1988, p.28.

I. Eberhardt, Au pays des sables, Paris, F. Sorlot, 1944 - BIB AOM 1451 EBERHARDT Isabelle, BARRUCAND Victor, Dans l’ombre chaude de l’Islam, Paris, Charpentier et Fasquelle, 1926. BIB AOM 52639 MACKWORTH Cecily, The destiny of Isabelle Eberhardt, London, Routledge, 1951. BIB AOM 5512 FR ANOM GGA 23 X 10 et 23 X 45 : Gouvernement général de l’Algérie, Dons et acquisitions 1758-1956, Fonds Isabelle Eberhardt.
David-Néel, Alexandra (1868-1969)

Née le 24 octobre 1868 à Saint-Mandé, connue pour avoir été en 1924 la première femme occidentale à atteindre Lhassa, capitale du Tibet, Alexandra David-Néel a été chanteuse d’opéra sous le nom d’Alexandra Myrial. Elle occupe l’emploi de première chanteuse à l’opéra d’Hanoi durant les saisons 1895-1896 et 1896-1897 où elle interprète plusieurs rôles titre, notamment Violetta dans la Traviata de Verdi, Carmen de Bizet, Thaïs de Massenet.

BIB AOM 22850 2019 – L’étoile du Tonkin : Alexandra Myrial et l’envers du décor de la saison théâtrale 1895-1896 à Hanoi et Haiphong / Thévoz Samuel. Dans : « La Francophonie en Asie-Pacifique », n°3, 2019 : pp. 21-46. Hanoi : Université nationale du Vietnam ; Aix-en-Provence : Presses universitaires de Provence, 2019

Mission 1929 Photographie des membres de la troupe, supplément au millième n° du 24 décembre 1895 Chronique locale, 3 octobre 1895
Chivas-Baron, Clotilde (1876-1956)

Clotilde Chivas-Baron (1876-1956) est une romancière exotique célèbre.
Née le 5 septembre 1876, à Paris, elle passe sa jeunesse et son adolescence à Corenc (Isère). Elle y demeure jusqu’à l’âge de 27 ans. Passionnée de lecture, elle dévore des livres d’histoire. Un remariage va orienter sa destinée en conduisant la jeune femme en Indochine. En 1909-1910, non loin de Hué, elle séjourne au bord de la brousse avec son mari Michel Baron et sa fille. Elle recueille des récits qu’elle trouve captivants d’un ministre annamite, N’Guyen Huu Bay, ainsi que d’un missionnaire français. Dans le « Figaro », puis divers journaux, paraîtront ses « Contes et légendes de l’Annam », lesquels, groupés et édités en 1917, seront couronnés par l’Académie française.
L’Indochine sert de cadre à ses romans, même si, à la demande du Gouverneur général, Joseph-François Reste, elle effectue un reportage en Côte d’Ivoire et publie son dernier livre, « Côte d’Ivoire », en 1939. A travers ses romans, sont évoqués les problèmes de la société coloniale : la question métisse, la condition de la femme, la prostitution, la misère sociale…
A la question posée par un journaliste dans un interview(1) « Comment êtes-vous devenue écrivain? », elle répondit : «C’est l’Indo-Chine qui a fait de moi un écrivain. J’y ai vécu quatre ans, dont seulement deux mois à Hanoi, deux ans à Saigon et dix mois près de Hué le reste de ma vie coloniale s’est passé dans la brousse où j’ai commencé d’écrire sans avoir la moindre intention de publier quoi que ce soit... Mes livres ne se font pas dans la poussière d’une bibliothèque. Je rêve longtemps, parfois deux ans, j’ai l’impression de nourrir un enfant qui vient lentement à la vie. J’aime composer mes récits. J’espère procurer le même plaisir à ceux qui les lisent... »

Un fonds Clotilde Chivas-Baron est disponible dans la bibliothèque des ANOM. Il rassemble 144 ouvrages ayant appartenu à la romancière. Les nombreuses dédicaces manuscrites placées en début d’ouvrage par les auteurs, révèlent leur profonde admiration pour la Femme de lettres.

1) Dans : « Extrême-Asie : revue indochinoise illustrée », 1927 (mars), nouvelle série, n°9, p. 351

Chivas-Baron (Clotilde), La simple histoire des Gaudraix : roman de moeurs coloniales, Paris, Flammarion, 1923 Chivas-Baron (Clotilde), Confidences de métisse, Paris, Charpentier et Fasquelle, 1927 Chivas-Baron (Clotilde), La femme française aux colonies, Paris, Larose, 1929 Chivas-Baron (Clotilde), Folie exotique en brousse sedang, Paris, Flammarion, 1934 Chivas-Baron (Clotilde), Côte d’Ivoire, Paris, Larose, 1939 Bellan (Charles), Fleur de lotus, Paris, Editions du Monde nouveau, 1924
Baker, Joséphine (1906-1975)

Cette affiche promotionnelle réalisée pour l’Exposition coloniale internationale de 1931 représente au premier plan une danseuse noire, dont les traits ressemblent à ceux de la célèbre Joséphine Baker. Américaine d’origine, arrivée en France dans les années 1920, elle devient rapidement la vedette des music-halls parisiens et une icône des Années folles. Au cours de cette période, l’intérêt pour une esthétique dite « noire » se diffuse en France, dont Baker est représentative, avec ses danses « frénétiques » et « sauvages », et ses costumes évocateurs du monde colonial.
Sur cette affiche aussi, la robe, le voile et les couleurs laissent immédiatement songer à l’univers africain. Elle répond à l’objectif visé par l’Exposition coloniale, qui selon son Commissaire général, le maréchal Lyautey, « montrera dans un pittoresque et saisissant raccourci la prodigieuse activité de notre Empire d’Outre-Mer ». L’utilisation à des fins promotionnelles de l’image de Joséphine Baker, reconnaissable notamment par sa coupe de cheveux à la garçonne, suit la même démarche. Ses traits ethniques sont mis en avant pour vendre la mission de l’Exposition coloniale : une intégration totale des colonies à la métropole, en utilisant l’image de la femme noire qui a été le symbole de l’intégration en France. Quelques années plus tard, Joséphine Baker obtiendra la nationalité française et s’engagera même dans les rangs de la Résistance. Sur décision du Président de la République, Joséphine Baker sera honorée au Panthéon le 30 novembre prochain.

Illustrations :

  • 9 FI 642 : « Visite la exposicion colonial international, Paris Mayo-noviembre 1931 ». Affiche en couleurs illustrée. Silhouette de Joséphine Baker. 1930
  • 9 FI 626 : Exposition coloniale internationale. Paris 1931, plan officiel à vol d'oiseau. Affiche en couleurs illustrée. Plan de l'exposition. 1931

Bibliographie :
https://www.erudit.org/fr/revues/as/2006-v30-n2-as1445/014114ar/ :
« Politique d’une « culture nègre » : la Revue Nègre (1925) comme événement public », Olivier Roueff, 2007, revue Anthropologie et sociétés.
« Le succès du personnage de Joséphine Baker[6] trouve ainsi son ressort dans la superposition de trois ambiguïtés articulées autour de l’érotisme : tout autant comble de la sauvagerie que de la civilité, de la féminité que de l’androgynie, de la sensualité que de l’innocence (infantile) »

Le modèle noir, de Géricault à Matisse. Catalogue d’exposition. Musée d’Orsay, Flammarion, 2019. Article consacré à Joséphine Baker, intitulé « Joséphine Baker, Icône noire », Pap Ndiaye, p. 284- 291

« Visite la exposicion colonial international, Paris Mayo-noviembre 1931 » Exposition coloniale internationale. Paris 1931, plan officiel à vol d'oiseau. Affiche en couleurs illustrée. Plan de l'exposition. 1931
André, Valérie (née en 1922) - Mme Ventilateur

Valérie André, née le 21 avril 1922 à Strasbourg, est une résistante, médecin militaire et pilote d'hélicoptère française.

Une destinée exceptionnelle
Adolescente, elle est fascinée par le monde de l'aviation, et, en 1939 prend des cours de pilotage à l'aéroclub de sa ville natale. En 1948, son brevet de parachutisme en poche, elle devient à la fois pilote et médecin militaire, des professions alors peu accessibles aux femmes en France.

Première femme pilote d’hélicoptère
En 1948, à la suite d'une pénurie de médecins militaires, elle rejoint l'Indochine où elle y fait deux séjours. Après avoir appris qu'elle possédait le brevet de parachutiste, ses supérieurs l'amènent à suivre le cours de chirurgien de guerre et à servir dans une zone frontalière entre l'Indochine et le Laos qui ne pouvait être atteinte que par parachutage. En 1949, elle retourne en France pour obtenir la licence de pilote d'hélicoptère. En Indochine, en effet, elle s'était rendu compte à quel point des endroits isolés ou couverts par la forêt sont difficiles d'accès pour les avions du transport médical. De retour en Indochine, elle se spécialise dans le service d'évacuation médicale de pilotage des hélicoptères Hiller 360 et Sikorsky H-34.

Nom de code « Ventilateur »
C’est sous le nom de code « Ventilateur » qu’elle a assuré au cours de ses missions, l'évacuation de 165 blessés vers des postes médicaux ou l'hôpital le plus proche. « A peine ai-je eu le temps d’examiner les hommes allongés sur leurs brancards que des coups de feu éclatent. Couverte des hautes herbes, la berge du faux canal se réveille brutalement. D’instinct, je me retourne vers le chef de poste. Il n’est plus là… ses hommes non plus ! Tout le monde a détalé. A ma stupéfaction, les brancards sont vides. Tête la première, les deux blessés ont plongé dans les paniers [d’osier installés de chaque côté des portes de la cabine de pilotage de l’hélicoptère]. Il n’est pas question de les en faire sortir, pour leur demander de se coucher dans le bon sens. Je n’ai que le temps de sauter dans la cabine et, sans fermer les portières, d’arracher au sol l’appareil. Tout en mettant les gaz, je crie dans le micro : « A l’ouest du canal, des Viet tirent ! » V.A.

Guerre d’Algérie
De 1959 à 1962, elle sert en Algérie en tant que commandant adjoint du service médical à la base de Boufarik, puis en tant que commandant de l'hélicoptère de service de sauvetage stationné sur la base de Réghaïa, Oran. Au cours de cette période, elle effectue plus de 350 missions. À la fin de la guerre en Algérie, elle revient en France et continue sa carrière d'officier du service de santé.

Officier général
L'année de sa retraite, en 1981, Valérie André est promue médecin général inspecteur. En 1981, elle devient présidente du Comité des femmes militaires, elle y travaille à la promotion de l'emploi des femmes dans les forces armées.

« Il y a des femmes qui ont une modestie aussi grande que le courage. Valérie André en fait partie et de nombreuses femmes militaires et civiles lui doivent aujourd’hui de pouvoir piloter» Jean Lartéguy

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André (Valérie), Ici ventilateur ! Extrait d’un carnet de vol, Paris, calmann-Lévy, 1954

Sur l'air d'atterissage de l'hopital Lanessan. FR ANOM BIB SOM b3855 Valérie André consultant la carte entre deux évacuations FR ANOM BIB SOM b2855 Débarquement d'un bléssé sur l'air d'atterrissage de l'hopital Lanessan à Hanoï. FR ANOM BIB SOM b3855 ?? Décorée par le général de Lattre de Tassigny. FR ANOM BIB SOM b3855


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