Dossier thématique
Logistique et organisation
Le projet d’une exposition coloniale consacrée exclusivement à la célébration
de l’Empire apparaît dès les années 1910, mais son organisation, repoussée par
la guerre, n’est décidée qu’en 1920. Marseille et Paris s’en disputant l’attribution,
il est finalement arrêté que la première organisera une exposition coloniale nationale
en 1922, tandis qu’une exposition coloniale interalliée aura lieu en 1925 à Paris.
Celle-ci, selon le ministre des Colonies Albert Sarraut, devra « constituer la
vivante apothéose de l’expansion extérieure de la France sous la IIIème République (…).
A l’industrie et au commerce de la Métropole, elle montrera les produits qu’offre
notre domaine colonial ainsi que les débouchés infinis qu’il ouvre à leurs entreprises ».
Organisée par le ministère des Colonies, l’Exposition coloniale
internationale est inaugurée le 6 mai 1931 au bois de Vincennes réaménagé
pour l’occasion et desservi par la ligne 8 du métro, prolongée jusqu’à la
nouvelle station Porte Dorée. Les visiteurs, auxquels on a promis
« le tour du monde en un seul jour », circulent jusqu’à minuit, dimanches
et jours fériés compris, sur 110 ha de décors exotiques et de constructions
spectaculaires, chaque pavillon symbolisant un territoire de l’Empire ou d’une
autre puissance colonisatrice présente à Vincennes. On découvre, on s’informe,
on se divertit … et on consomme : l’Exposition est aussi une gigantesque foire
commerciale qui présente, sur l’ensemble de sa superficie, toutes sortes de
produits, de la gaufre à la maison métallique, idéale sous les colonies.
A sa fermeture en novembre 1931, elle comptabilise 8 millions
d’entrées, des Parisiens, pour la plupart, mais également des provinciaux
et des étrangers. 17 millions de francs ont été consacrés à la publicité,
des loteries organisées, des tickets vendus à prix réduit, des voyages facilités :
elle fut l’événement de l’année 1931.
L’Exposition des enfants
La propagande fut particulièrement active auprès de la jeunesse : des « Caravanes scolaires » emmenaient enfants et élèves-instituteurs jusqu’à Vincennes pour une leçon « d’éducation coloniale » et des spectacles célébrant l’Empire furent spécialement organisés à cette occasion. Les enfants pouvaient également participer à des concours publicitaires, comme l’élection du « Roi des gosses de Paris », sponsorisée par une association de commerçants parisiens.
Plan de l’Exposition (ECI77)
Le plan officiel de l’Exposition existait en différents formats et plusieurs langues. Il a souvent servi de support publicitaire dont quelques exemplaires ont été retrouvés dans le fonds.
Tickets d’entrée
Vendu 3 francs l’unité, les tickets ne pouvaient être achetés que par quatre. Le vendredi, « jour chic », il fallait en présenter quatre pour visiter l’Exposition. Entre mai et novembre 1931, 33 millions de tickets seront vendus et parfois falsifiés. Les poinçons de contrôle de deux d’entre eux ont été ainsi rebouchés.
Le tour du monde en un jour
L’important budget publicitaire voulu par le maréchal Lyautey, commissaire général de l’Exposition, permit la large diffusion, sous différents supports et formats, du slogan « Le tour du monde en un jour ». Les agences de voyages proposaient quant à elles des week-ends touristiques qui incluaient la visite de Vincennes.
Les publicités à l’étranger
La publicité de l’Exposition fut internationale. L’affichage était installé le plus souvent dans les gares et les agences de voyages organisaient des stands et certaines de leurs vitrines autour de l’événement. L’association avec la visite des monuments parisiens et français était presque systématique.
Programmes
Pendant toute la durée de l’Exposition, des spectacles furent proposés aux visiteurs qui purent ainsi admirer le « cortège de Ramayana, avec les danseuses cambodgiennes, laotiennes, etc », « une fête chez le Naba des Mossis » ou le « Combat du Singe noir et de Hanouman, roi des Singes blancs ».
Bons à lot
Une partie de l’Exposition fut financée par l’émission de bons à lot. L’acheteur d’un bon à lot recevait automatiquement vingt billets d’entrée gratuits et les numéros gagnants, tirés périodiquement, donnaient droit à divers avantages, comme des réductions de transport pendant la durée de la manifestation. Ces loteries, organisées entre 1928 et 1931, contribuèrent également à la publicité de l’Exposition.
Attractions nocturnes
Les attractions de l’Exposition, au même titre que les pavillons, participaient au dépaysement. Un « scenic railway » emmenait les visiteurs à travers l’Atlas, une flotille « coloniale » - des pirogues et des sampans - traversaient le lac Daumesnil… Une attention particulière fut également apportée aux « attractions hydro-lumineuses » qui devaient terminer de frapper les esprits.
Vitrines
La construction du Musée permanent des Colonies fut décidée en même temps que l’organisation de l’Exposition. Les différents commissariats présentaient néanmoins dans les pavillons des objets souvent prêtés spontanément par des particuliers.
Les toilettes illégales
Malgré l’attribution du marché des sanitaires de l’Exposition à une entreprise, plusieurs restaurateurs édifièrent des toilettes dans l’enceinte de leur établissement. Le dossier constitué par la partie lésée a été retrouvé dans le fonds.