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sur le bagne

Avant-propos

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Le bagne : Présentation générale

Héritier des galères d’Ancien Régime et des bagnes portuaires, le bagne colonial a été institué par le Second Empire, dès 1852. Sur la durée d’un siècle exactement, y auront été internés plus de 100000 condamnés, principalement dans deux territoires : la Guyane (de 1852 à 1953) et la Nouvelle-Calédonie (de 1867 à 1921).

Trois catégories principales de « bagnards » sont à distinguer : les transportés (condamnés aux travaux forcés), les déportés politiques (non astreints au travail forcé), et les relégués (petits délinquants multi-récidivistes, dont la métropole, à partir de 1885, entend se débarrasser à tout jamais et à bon compte).

Au bagne, cette « guillotine sèche », la violence, la maladie et la mort sont les compagnes quotidiennes. Néanmoins, selon les lieux et le bon vouloir de l’administration pénitentiaire, les conditions de vie s’y révèlent extraordinairement disparates. Quoi de commun, en effet, entre le « 3e classe » ou « l’incorrigible », soumis au régime inhumain des camps forestiers ou du cachot noir, en proie à la sous-alimentation, aux moustiques et aux fièvres, à la tyrannie et à la cruauté des surveillants, jusqu’à la folie, et le « garçon de famille », par exemple, qui aura pu - ou su - décrocher un emploi de domestique, voire de précepteur des enfants dans les familles de notables et de fonctionnaires de la colonie ? Car, dans cette société isolée, quasiment sans contrôle, règnent la corruption, l’arbitraire et l’injustice.

Le Second Empire a créé le bagne avec le double dessein de punir tout en régénérant, au profit d’une mise en valeur de territoires plus ou moins laissés pour compte. L’échec précoce et retentissant du volet « philanthropique » de l’expérience, et les campagnes d’opinion toujours plus virulentes, notamment après la Première guerre mondiale (Albert Londres, Monnerville...) - quand bien même se limitent-elles à réclamer une « humanisation » et non l’abolition -, auront finalement raison de la cruauté et de l’absurdité de ce système pénitentiaire. Système qu’un de ces hauts fonctionnaires coloniaux, l’inspecteur de 1re classe Berrue, n’a pas craint de qualifier, dans un rapport à son ministre en 1918, de « déshonneur de nos institutions » et de « tache imprimée à la civilisation française. »


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