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Cahier d'exercices d'Henri Martin, surveillant militaire – 1863-1871

Henri Joseph Martin est un jeune horloger drômois de 21 ans quand il s’engage en 1855 dans l’armée. En dépit d’appréciations sévères sur sa manière de servir (« mauvais sergent, paresseux, négligent [...] instruction théorique et pratique mauvaise, [même si] ne manque pas d’intelligence ; beau physique, belle conduite, belle tenue »), il est réengagé pour 7 nouvelles années en 1862, et obtient un avis favorable de ses supérieurs pour un emploi de surveillant militaire des établissements pénitentiaires à la colonie. Il arrive à Cayenne le 10 février 1863. Après neuf années de service, démissionnaire et nanti d’un certificat de bonne conduite, il embarque le 10 janvier 1872 pour la métropole, où il se retire à Étoile, près de Valence, son village d’origine.

Son dossier de carrière (cote ANOM : EE/1363/20), des plus banals, révèle un surveillant sans histoires, exempt notamment de ces accusations – que l’administration pénitentiaire s’emploie le plus souvent à étouffer – de corruption, d’abus de pouvoir, de brutalités et d’irrégularités en tous genres entachant l’activité de nombre de ses collègues.

Il est inattendu de voir à quel point l’écrit est au centre du métier de surveillant militaire : il y a d’abord les innombrables règlements, ordres, circulaires, rapports d’inspections à recopier ; il y a surtout les incessants procès-verbaux rédigés à la moindre rébellion, même la plus minime, à chaque évasion, vol, rixe et incident de toute nature qui ponctuent le quotidien du bagne.

Ainsi, chaque surveillant est doté d’un cahier d’exercices, où les copies de règlements et de rapports d’inspections, côtoient des dictées ou des rédactions de procès-verbaux fictifs. Apprentissages essentiels tant il est vrai que la terminologie et le formalisme administratifs de rigueur ne sauraient s’improviser.

Des deux cahiers d’exercices d’Henri Martin acquis par les ANOM, seul le premier (1863-1867) est annoté par ses supérieurs. L’apprentissage théorique du nouvel agent est suivi de près, les devoirs donnent lieu à des appréciations très scolaires, à l’encre rouge, qui confèrent d’ailleurs un agrément certain au document (il n’y manque même pas le blâme pour avoir copié sur un camarade !) L’élève Martin, médiocrement jugé au début, finit par recueillir des éloges pour ses progrès constants.

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