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Cahier d'Henri Berryer, surveillant militaire - 1930

« Sept mois au bagne »

Henri Berryer était sans doute moins que tout autre prédisposé à occuper la fonction de surveillant du bagne. Et, de fait, il n’est resté que très peu en Guyane. C’est un homme déjà fragilisé qui débarque sur le ponton « vermoulu » de Cayenne en juillet 1929. Il vient d’Indochine, où il a passé neuf années difficiles (sa santé, autant physique que psychique, s’y est délabrée, notamment en raison de l’abus d’opium). Sept mois plus tard, dont deux passés à l’hôpital de Saint-Laurent-du-Maroni, il quitte le territoire, au soulagement de ses chefs, qui l’épinglent comme « antimilitariste et très indiscipliné » et parfaitement « inapte » à la fonction de surveillant militaire. Les médecins psychiatres qui l’examinent en métropole n’en jugent pas autrement et il est congédié pour inaptitude au service colonial. Il semble que ce soit à Nevers, retiré chez son père, qu’il rédige quelques mois plus tard son témoignage.

Ce manuscrit soigné, non sans prétentions littéraires, mais à l’orthographe des plus précaires, orné d’aimables dessins – qu’on peut estimer peu accordés à la sinistre réalité qu’ils sont censés illustrer -, constitue un remarquable document sur cette période terminale du bagne.

C’est une charge résolue contre la « Tentiaire » (l’administration pénitentiaire ou encore l'AP). En dépit de sa position d’agent de ladite administration, on dirait avoir affaire à un observateur extérieur, détaché, comme en visite. Ainsi des pages curieuses où il tient un rôle de confident des bagnards qu’il est censé surveiller, à propos de leur désir d’évasion ou de compagnie amoureuse.

Au sein de la gabegie généralisée, ses cibles préférées sont ses collègues surveillants, mais aussi les bureaucrates, qui sont là pour « faire de l’administration », tous agissant aux dépens des condamnés. Les écrivains et journalistes ne sont pas davantage épargnés, qui viennent juste quelques jours visiter ce que l’AP veut bien leur laisser voir ; car, comme il le déclare dès les premières lignes, même en sept mois, et qui plus est sous l’uniforme de surveillant, il n’est « pas possible de tout voir ».



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