Les Forges et chantiers de la Méditerranée, dont l’existence remonte à 1856, ont au cours de leur existence construit plus de 175 navires : militaires pour beaucoup (croiseurs, cuirassés et même porte-avions), mais également civils (paquebots). Les quelque 400 mètres linéaires du riche fonds d’archives de cette entreprise, transféré aux Archives nationales du monde du travail en 1995, permettent de retracer ses succès – et quelques-uns de ses échecs – jusqu’à la cessation d’activités intervenue en 1966.
Lancé le 13 juin 1964 à La Seyne (Var), le Sagafjord est le 174e navire construit par les Forges et chantiers de la Méditerranée : son destin mouvementé mérite qu’on s’y attarde un instant ! Long de 188 mètres, d’une capacité de 21 000 tonneaux, équipé de deux moteurs diesel construits au Havre lui permettant de filer à une vitesse de 20 nœuds, le paquebot a été commandé par la Compagnie « Den Norske Amérikalinje ». Il est prévu pour accueillir 446 passagers et doit assurer le service de la ligne transatlantique Norvège – États-Unis. Son lancement fait l’objet d’une cérémonie en petit comité, baptême et voyage inaugural devant être célébrés par la suite. Les allocutions prononcées par les différents directeurs à cette occasion n’en font pas moins partie des documents conservés, tout comme le menu du repas, dont la maquette est particulièrement soignée !
L’histoire du Sagafjord va connaître de nombreux soubresauts. Il change une première fois de pavillon en 1983 quand la Norske Amérikalinje fusionne avec la Cunard Line. Il devient ensuite le Gripsholm après une série de travaux de réparation en 1996, mais s’échoue dès le 4 août au large de Landskrona (Suède). Il est alors rénové une nouvelle fois, racheté par la société Saga Cruises et renommé en 1997 le Saga Rose. Après plusieurs accidents, notamment en 1999 quand il heurte le navire Havbas, il est finalement désarmé en 2009.