FOEFI
Fédération de l'oeuvre de l'Enfance Française d'Indochine
En France, Mme Graffeuil, trésorière de la Fédération, veuve du Résident supérieur en Annam de 1934 à 1940, organise l’accueil des enfants avec l’aide du ministère de la France d’Outre-mer. Grâce aux subventions obtenues, la Fédération peut acheter entre 1949 et 1959 un grand nombre de propriétés pour les accueillir. Le siège social s’installe au 7 rue Washington à Paris en 1954, période à laquelle l’arrivée des pupilles devient massive. À partir de cette date les mères qui confient leurs enfants à la Fédération ont l’obligation de signer un «certificat de décharge» qui stipule : «Je donne tous pouvoirs à la FOEFI…». Cette décision est difficile. Ces mères qui ont déjà affronté le rejet de leur communauté, vivent cette séparation comme un cauchemar.
À l’arrivée en France, une nouvelle vie doit remplacer celle du Vietnam : changement d’identité, interdiction de parler vietnamien, séparation des fratries, lien maternel rompu, objets personnels rattachant aux origines confisqués afin de rendre l’intégration plus facile. Des enfants fuguent.
L’Association pour le Développement des Œuvres Sociales Coloniales (ADOSC) répartit les pupilles en 102 établissements de façon à les mêler aux petits Français. Les filles moins nombreuses vont à Saint-Rambert-en-Bugey dans l’Ain et les garçons plus nombreux en Touraine et dans l’Eure. Les établissements sont régulièrement visités par les représentants de la Fédération qui rendent compte de leur mission. La FOEFI ne manque pas d’argent. Les enfants partent en colonies de vacances à la mer, à l’étranger (Espagne, Angleterre…), à la montagne, au ski. Ils sont bien habillés.
Dans certains foyers, Vouvray et Semblançay, des écoles
primaires sont ouvertes où les enfants demeurent entre-eux
en permanence. Ailleurs, ils fréquentent les écoles des
communes avoisinantes.
D’une manière générale les enfants sont acceptés,
voire appréciés mais ce n’est pas le cas près du
foyer de Rilly où les habitants manifestent leur
hostilité en septembre 1957. Les responsables de
la Fédération organisent alors la dispersion des
97 enfants dans 27 institutions différentes, Paris,
Marseille, Saint-Malo, Brive-la-Gaillarde, Orléans…
L’année 1957, est marquée aussi par un autre épisode. Au foyer de Semblançay les plus grands demandent de l’argent de poche, les sorties, la nourriture, sont contre la sieste obligatoire. Ils parlent vietnamiens entre-eux. Le 2 août pour calmer les esprits, le directeur appelle deux gendarmes. Ils sont accueillis à coups de pierre. C’est la panique générale…
Le but principal de l’association reste de sauver des
milliers d’enfants, de leur procurer une meilleure
éducation et une formation professionnelle. Les différents
succès aux examens en témoignent.
1019 certificats d’études primaires ; 748 BEPC ; 393 BAC ;
29 brevets élémentaires ; 39 brevets industriels ; 751 CAP ;
68 BEP ; 65 brevets de secrétariat de direction ; 116 diplômes d’État,
et dans l’enseignement supérieur :
20 diplômés en Droit ; 21 en Lettre ; 44 en Médecine ;
146 en Sciences ainsi que 80 autres diplômes supérieurs.
Mais après une jeunesse marquée par les séparations, l’absence et le renoncement, est-il réellement possible de trouver sa place ?