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Le général Bertrand
CONTEXTE

« Sur la détresse des colonies françaises en général, de l'île Martinique en particulier ». Général Bertrand (1838)

FRANOM R615C

Dès le début de la colonisation des Antilles, au XVIIe siècle, les Français vont souhaiter y développer la culture de la canne à sucre, la préférant à celle du tabac, en perte de compétitivité. Les procédés, encore parfois expérimentaux au début du siècle, vont s'enrichir des apports successifs d'émigrés hollandais notamment pour atteindre une certaine maîtrise au milieu du XVIIe siècle. La technique, rationalisée, se perpétuera durant des siècles, n'évoluant que légèrement au fil des innovations techniques, apportées notamment par la Révolution industrielle au XIXe siècle.

Florissante aux XVIIe et XVIIIe siècles, l'industrie sucrière va connaître dès la fin de l'Ancien Régime un ralentissement, lié notamment au développement du sucre de betterave et au grand protectionnisme royal dont bénéficiaient les colons, dont la majorité vivait d'ailleurs en métropole.

Dans son ouvrage intitulé Sur la détresse des colonies françaises en général, de l'île Martinique en particulier (1838), le général Bertrand dresse un constat alarmiste de l'économie sucrière qu'il découvre lors de son séjour. Considérant l'industrie du sucre de betterave comme une concurrence déloyale, notamment en termes de taxation, il explique que : « L'impôt excessif qui pèse sur le sucre exotique, s'il n'était pas diminué, aurait pour résultat inévitable de faire abandonner la culture de la canne, et de tarir la source de la richesse coloniale. »1. Ajoutant plus loin que pour sa part, durant les deux années écoulées, ses deux exploitations ne lui avaient « pas rapporté un écu »2.

1. Sur la détresse des colonies françaises en général, de l’île Martinique en particulier,
Paris, F. Didot frères, 1838, p. 7.
2. Idem p. 18.