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FR ANOM 3 HCI 98

Les camps d'internés chinois
en Indochine (1949-1953)

Organisation des camps et conditions matérielles de vie des internés. Leurs revendications.
Les internés sont à la charge du gouvernement français. Leur situation matérielle n’est pas mauvaise, mais leur état moral est difficilement contrôlable. Des solutions ont été étudiées depuis 1949, parmi lesquelles la proposition d’emplois dans les plantations ou encore le transfert de l’ensemble du dossier des internés et réfugiés à un organisme international. Cette solution proposée dès janvier 1950 par le Haut Commissariat, et écartée par le ministère des Affaires étrangères, est à nouveau étudiée par le ministère des États associés en janvier et février 1951.

Amenés dans les camps après de nombreux jours de marche, les internés arrivent fatigués physiquement et choqués moralement par leur internement. Après une période d’adaptation, l’inertie est secouée par l’impression favorable que produisent sur les internés la mise en place d’une bonne organisation et du lancement de travaux de construction. De plus, les troupes sont reprises en main par leurs chefs hiérarchiques « En un mot redonner aux chefs et au Général leur ancienne autorité en les traitant avec certains égards… pour leur permettre d’être écoutés, obéis et ne pas avoir une masse désordonnée, un terrain où règne l’anarchie et qui serait des plus favorables pour les éléments rebelles ou hostiles aux Français » (rapport du chef de bataillon commandant le camp de Cam Ranh en date du 31 mai 1950).
Si la condition physique des internés de Phu Quoc est jugée excellente, leur ration alimentaire semble restreinte mais surtout déséquilibrée, manquant de protides animales et de glucides.
Concernant l’habillement, les crédits budgétaires permettent d’acheter en 1952, pour chaque interné, deux collections d’effets  : chemises, shorts, chaussons.
Sur le plan médical, si le manque de médicaments n’est pas probant, une amélioration pourrait être apportée dans le statut de l’infirmerie qui dessert les camps d’internés. Cette analyse ressort de la note sur les conditions matérielles de vie des internés chinois à Phu Quoc d’après le rapport d’inspection du Général commandant les Forces Terrestres Sud Vietnam en janvier 1952.
À cette vision décrite par les Français, il faut bien sûr opposer le point de vue des officiers et soldats chinois nationalistes internés qui protestent contre leur détention et contre la durée et les conditions de celle-ci. Pour montrer leur indignation, les internés de Phu Quoc et de Cam Ranh font une grève de la faim le 25 décembre 1951 annoncée dans leurs requêtes du même mois qu’accompagne un rapport d’envoi du commandant Marc du camp de Cam Ranh.
À la suite de ces incidents, un comité d’études est constitué par le Cabinet militaire du Haut Commissariat afin d’examiner les problèmes soulevés. Sa première réunion se tient le 10 janvier 1952, elle est suivie d’un projet de note.