Parmi les différentes fabriques de céramique implantées à Desvres (Pas-de-Calais), la faïencerie d'art Géo Martel est surtout réputée pour ses reproductions d'anciennes vaisselles françaises (Nevers et Rouen) ou hollandaises (Delft). On sait moins que cette société, rachetée en 1900 par Géo Martel auprès de Gaëtan Level, produisit aussi des carrelages. Comme pour ses objets de vaisselle, beaucoup étaient des reproductions de motifs anciens : certaines pièces exceptionnelles sortent néanmoins de ces séries et frappent plutôt par leur caractère innovant.
En 1959, la faïencerie Géo Martel dépose ainsi un brevet pour un nouveau matériau appelé "Clocéram", mis au point par ses services techniques. Parmi les archives de l'entreprise, un dossier spécifique s'en fait le témoin : plans, croquis, brevets, grille de tarifs, essais de calculs de prix de revient et correspondances retracent le parcours de cette invention de 1956 à 1960.
Clocéram a ainsi été conçu à destination des architectes et des entrepreneurs pour faciliter la contruction des "cloisons séparatives à deux faces émaillées". En clair, il s'agit d'éléments creux en céramique, à doubles faces, et dont les dimensions sont normalisées (15x15 cm). Ils sont prévus pour être inaltérables et surtout facilement assemblables : ils peuvent en théorie remplacer une cloison "traditionnelle" en maçonnerie. Le Clocéram est présenté comme un matériau "révolutionnaire", tout spécialement pour les collectivités, établissements publics (écoles, hôpitaux), équipements sportifs, usines, etc. qui souhaiteraient construire des cabines de douches, des installations sanitaires en général, des laboratoires, etc.
Malgré son renom, ses inventions et des tentatives de diversifier la production (un atelier de ferronnerie est par exemple ouvert, qui réalise des grilles, lustres et émaux sur cuivres ou encore des pièces en fer forgé à destination des faïences), la faïencerie Géo Martel ferme ses portes en avril 2003 pour des raisons économiques.
Une partie des archives de la faïencerie Géo Martel a été donnée aux Archives nationales du monde du travail en en 2005 par les héritiers de la famille Martel (Jacqueline Martel, épouse Boulet, Rita Martel, épouse Euzet, Anne-Thérèse Martel, épouse Pottier, Philippe Martel, Xavier Martel). Il s'agit plus spécifiquement des documents témoignant de l'activité de la faïencerie pendant la 2de moitié du XXe siècle (années 1950 à 2000).
Faïencerie d'art Géo Martel. Entrée 2005 10 : 10,50 ml. Fonds communicable et reproductible suivant les délais légaux prévus par le Code du patrimoine pour les archives publiques.