À la veille de la Seconde Guerre mondiale, dans un contexte de grandes tensions internationales l’industrie aéronautique vise une performance toujours plus haute. Déjà utilisée en 1914-1918, l’aviation militaire se doit alors de dépasser en tous points l’aviation commerciale et civile, prenant pour modèle l’aviation de course.
C’est dans ce cadre que sont menées les recherches scientifiques et techniques de Lucien Sabathier pour la construction de moteurs d’avion. Employé de Renault, celui-ci entretient du 13 juin 1938 au 30 avril 1939 une correspondance avec un certain [W. Emilien], en villégiature à Cannes, sur la mise au point d’un carburateur à pompe pour un moteur à explosion pouvant mélanger et doser les combustibles liquides. Ces lettres ont été conservées ainsi que les croquis et textes explicatifs qui les accompagnent. Elles sont le témoin précieux de cette effervescence au profit d’une industrie aéronautique qui est encore largement privée : la participation de l’entreprise Renault en est une des facettes surprenantes.
Né en 1876, l’ingénieur centralien Lucien Sabathier a déjà en 1939 une belle carrière derrière lui. Il commence à travailler dans la construction mécanique dès 1905 chez Panhard-Levassor puis entre en 1907 chez Clément-Bayard, où il construit des moteurs de dirigeables et d’avions. Ensuite, sans doute aux alentours de 1923 date de la fermeture de Clément-Bayard, il devient ingénieur conseil attaché aux moteurs d’aviation chez Renault puis directeur commercial (toujours au département des moteurs d’aviation). Nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1922, puis officier en 1932, il est décoré de la grande médaille de la Société de France de navigation aérienne en 1930.
Cet échange épistolaire est extrait d’une cote plus riche encore, qui contient correspondance, notes, croquis et rapports pour la période 1922-1939.
Le fonds Lucien Sabathier dans son ensemble représente un peu plus d’un mètre linéaire d’archives. Il a été donné aux Archives nationales en 1956 par une de ses descendantes, en même temps que les archives de la famille.
Cette partie très technique du fonds est transférée en 2000 au Centre des archives du monde du travail. Classée en 2007, elle révèle tout un pan de l’histoire de l’aéronautique française.
Fonds communicable suivant les délais légaux du Code du patrimoine prévus pour les archives publiques.