Les incendies sont légion dans l’industrie en particulier dans les établissements textiles où les fibres sont naturellement inflammables comme l’atteste entre autres la destruction complète en juillet 1866 de l’« usine monstre » Motte-Bossut à Roubaix (Nord). C’est la raison pour laquelle la prévention est primordiale.
Tel l’avait bien compris les dirigeants de l’entreprise Baumain-Sallez et Compagnie, anciennement Établissements Louis Hugues, à Rumégies puis à Rosult (Nord).
La société Baumain-Sallez est spécialisée dans la commercialisation du charbon et de toiles de jute.
Elle semble d’être dotée presque aussitôt de moyens de prévention spécifiques et novateurs pour l’époque : à savoir des extincteurs à produits liquides étouffant le feu et protégeant les biens menacés.
Son fonds d’archives donné en 2004 et 2013 aux Archives nationales du monde du travail renferme un exemplaire du brevet d’invention d’un « liquide ignifuge destiné à l’extinction des incendies et à rendre incombustibles les tissus et toutes autres matières », déposé en Belgique par Louis Hugues le 14 mars 1910 à 11h55.
Ce produit composé de sulfate d’ammoniaque et d’eau est une invention oubliée, qui s’inscrit pourtant pleinement dans la longue histoire des extincteurs.
En 1723, Ambrose Godfrey mit au point un tonneau rempli d’une solution permettant de stopper un incendie.
En 1813, l’Anglais George Manby inventa l’extincteur moderne portatif et,
en 1866, le Français François Carlier mit en place le premier extincteur chimique à base non pas d’eau mais d’un mélange de produits chimiques étouffant le feu.
Ainsi Louis Hugues sut-il astucieusement adapter le liquide d’extincteur à la problématique des tissus inflammables.