88AJ - Fonds de l'Amicale nationale des déportés et familles de disparus de Mauthausen et de ses Kommandos.

1939 et années suivantes

Lieu de conservation : Centre historique des Archives nationales

Provenance : Amicale nationale des déportés et familles de disparus de Mauthausen et de ses Kommandos.

Présentation ou importance matérielle : Pour la partie inventoriée : 2,5 ml, 2 fichiers, 4 planches de contact, 514 photographies et 4 cartes postales.

Modalités d'entrée :

Le fonds de l'Amicale nationale des déportés et familles de disparus de Mauthausen et de ses Kommandos a fait l'objet, le 22 juin 2001, d'un premier contrat de dépôt au Centre historique des Archives nationales. Ce contrat porte sur un ensemble d'archives historiques conservées par l'Amicale dans ses locaux situés boulevard Saint-Germain à Paris, et sur une collection de photographies réunies en douze albums par Paul Le Caër de Deauville, responsable de l'iconographie de l'Amicale. Les photographies ont été agrégées aux archives historiques grâce aux démarches du directeur des Archives départementales du Calvados, Louis Le Roc'h-Morgère.

Conditions d'accès :

La communication du fonds est libre.

Conditions de reproduction :

La reproduction des documents ne fait l'objet d'aucune restriction, à l'exception de la collection de photographies dont la reproduction est soumise à l'autorisation de la présidente ou du vice-président délégué de l'Amicale de Mauthausen.

Note historique

Le fonds de l'Amicale nationale des déportés et familles de disparus de Mauthausen et de ses Kommandos, aussi dénommée Amicale de Mauthausen, constitue un ensemble documentaire incontournable pour appréhender l'histoire du camp de concentration de Mauthausen et de son réseau concentrationnaire.

Créé au lendemain de l'Anschluss, le camp de concentration de Mauthausen a le sinistre privilège d'avoir été l'un des camps les plus durs et les plus meurtriers du système concentrationnaire nazi. Implanté au nord du bourg de Mauthausen situé sur la rive gauche du Danube à environ vingt-cinq kilomètres en aval de la ville de Linz (Autriche), il résulte à la fois des projets économiques élaborés par la SS et de l'extension de la répression à l'ensemble du Grand Reich. Le choix du site de Mauthausen fut en effet guidé par la proximité immédiate des carrières du Wiener Graben dont le granit était réputé depuis le XVIIIe siècle pour sa qualité et sa dureté. Un premier transport de trois cents détenus, formé essentiellement de criminels de droit commun d'origine autrichienne, fut ainsi expédié à Mauthausen le 8 août 1938. Ils provenaient tous du camp de concentration de Dachau dont Mauthausen constituait finalement une simple annexe. Cette sujétion de Mauthausen à Dachau fut cependant très vite abandonnée. Dès le 18 octobre 1938, une nouvelle série de numéros matricules fut ouverte spécifiquement pour Mauthausen qui devenait ainsi un camp de concentration à part entière. A la fin de cette même année, le camp de concentration de Mauthausen comptait un millier de détenus composés essentiellement de criminels de droit commun et d'asociaux d'origine allemande ou autrichienne. La fermeture provisoire du camp de concentration de Dachau lui permit à l'automne 1939 de connaître un premier essor important avec l'arrivée de plusieurs centaines de détenus. Cet accroissement rapide de la population concentrationnaire s'accompagna d'un envol brutal de la mortalité durant l'hiver 1939-1940. En 1940, la population du camp de concentration de Mauthausen se diversifia avec l'arrivée des premiers convois de Polonais et d'Espagnols. Cette augmentation démographique, accompagnée des prétentions économiques de la Deutsche Erd-und Steinwerke qui exploitait déjà la carrière du Wiener Graben, incitèrent les autorités SS à ouvrir, au printemps 1940, un camp annexe pour Mauthausen : Gusen était créé. Le travail forcé y constituait, comme à Mauthausen, le quotidien des détenus de même que l'extermination en était le seul horizon. Le camp de concentration de Mauthausen avait en effet été classé par l'ordonnance du 28 août 1940 comme camp de concentration de catégorie III destiné aux détenus politiques, aux criminels et aux asociaux considérés tous comme irrécupérables. Et de fait, le taux de mortalité à Mauthausen comme à Gusen atteignit très rapidement l'effroyable pourcentage des 50 %. Dès l'été 1941, les autorités SS commencèrent à recourir aux assassinats par gaz utilisant à cet effet le centre d'euthanasie d'Hartheim tandis que le camp central de Mauthausen se dotait d'un Krematorium destiné à assurer l'incinération des cadavres. En parallèle, l'exploitation économique de la population concentrationnaire se poursuivait dans des conditions atroces, avec des projets et des exigences toujours plus affirmées. Cette importance économique donnée aux camps de concentration provoqua dès le mois de juin 1941 la création d'un véritable réseau concentrationnaire autour du camp central de Mauthausen composé, à l'issue de la guerre, d'une trentaine de camps annexes. Deux cent mille déportés, provenant de toute l'Europe occupée, passèrent ainsi par le réseau concentrationnaire de Mauthausen parmi lesquels cent vingt mille y laissèrent leur vie. Le camp de concentration de Mauthausen fut le dernier des camps nazis libérés. Le 5 mai 1945, l'armée américaine franchissait la forteresse de granit et découvrait l'immense et l'indicible horreur de Mauthausen.

L'Amicale de Mauthausen est née de cette horreur mais aussi du désir impérieux de « garder le souvenir de la solidarité internationale du camp » comme l'affirme le serment de Mauthausen prononcé le 16 mai 1945 par le responsable du Comité international de Mauthausen, Emile Valley. Fondée en 1945 afin de perpétuer le souvenir des dix mille Français déportés dans ce camp pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Amicale de Mauthausen compte aujourd'hui plus de deux mille membres composés d'anciens déportés, de leur famille et de membres bienfaiteurs. Ses activités sont nombreuses et extrêmement diversifiées et témoignent de la volonté impérieuse de ne pas oublier Mauthausen et de le raconter. A ce titre, l'Amicale s'est employée à conserver toutes traces historiques du camp. Elle possède ainsi dans ses collections de nombreuses archives dont les plus précieuses, aux yeux de ses membres, ont été déposées au Centre historique des Archives nationales. Outre des listes de déportés originales, il convient de citer un très important fonds photographique qui a fait l'objet principal de cet inventaire et dont la consultation demeure incontournable pour appréhender l'histoire de Mauthausen et de ses nombreuses victimes.

Sources complémentaires de même provenance que celles analysées :

L'Amicale de Mauthausen détient dans ses locaux sis boulevard Saint-Germain à Paris un certain nombre d'archives relatives non seulement à son propre fonctionnement mais aussi à l'histoire du camp de concentration de Mauthausen et de ses camps annexes.

Parmi ces derniers, il convient de citer quelques documents datant de la période d'activité du camp. Un rapport sur l'intendance du camp central de Mauthausen entre les mois d'octobre 1941 et de décembre 1944 intitulé Tätigkeitsberichte n°2 est ainsi conservé, de même que plusieurs bordereaux de primes touchées par les déportés employés dans les différents ateliers du camp central de Mauthausen ou du camp annexe de Gusen. Des plans cadastraux de Mauthausen et de ses environs mais aussi des camps de détention eux-mêmes et de leurs bâtiments (Mauthausen, Ebensee, Gusen et Melk) datant de la guerre ou de l'immédiate après-guerre ont aussi été sauvegardés.

A ce premier ensemble d'archives historiques, s'ajoute un corpus de témoignages de déportés du camp central de Mauthausen ou des camps annexes d'Ebensee, de Gusen, de Linz, de Loibl Pass et de Melk. Ces témoignages portent sur des sujets souvent extrêmement précis qui éclairent certains épisodes de l'histoire du réseau concentrationnaire de Mauthausen. Enfin, l'Amicale de Mauthausen a réuni une documentation très riche et variée sur les différents camps.

Sources complémentaires, sans lien de provenance avec celles analysées :

De même que pour la bibliographie, les sources complémentaires présentées ci-dessous ont été choisies pour leur rapport avec le fonds de l'Amicale de Mauthausen.

Bibliographie

La bibliographie sélectionnée a été délibérément orientée sur la question des photographies du camp de concentration de Mauthausen qui constituent l'essentiel du fonds de l'Amicale de Mauthausen. Pour une connaissance plus approfondie du système concentrationnaire nazi et du camp de Mauthausen en particulier, il convient de se reporter à la bibliographie élaborée par Michel Fabréguet dans sa thèse de doctorat d'Etat parue en 1999 aux éditions Honoré Champion.

About (Ilsen), Les photographies du camp de concentration de Mauthausen. Approches pour une étude iconographique des camps de concentration, mémoire de maîtrise d'histoire, université de Paris VII-Denis Diderot, 1996-1997, 157 p.

About (Ilsen), Chéroux (Clément), « L'histoire par la photographie », dans Etudes photographiques, n° 10, novembre 2001, p. 8-33.

Chéroux (Clément) dir., Mémoire des camps. Photographies des camps de concentration et d'extermination nazis (1933-1999), exposition organisée par le Patrimoine photographique, Paris : Marval, 2001, 246 p.

Fabréguet (Michel), Mauthausen. Camp de concentration national-socialiste en Autriche rattachée (1938-1945), Paris : Honoré Champion, 1999, 747 p.

Le Caër (Paul), Sheppard (Bob), Mauthausen, Bayeux : éd. Heimdal, 2000, 159 p.

Mauthausen contre l'oubli (1945-1995), Paris : Amicale des déportés et familles de Mauthausen,2000, 105 p.

Mauthausen. Des pierres qui parlent, Paris : Amicale des déportés et familles de Mauthausen,1995, 80 p.

Mémoires de la déportation, CDrom réalisé par la Fondation pour la mémoire de la déportation, 1998.

Pike (David Wingeate), Spaniards in the Holocaust. Mauthausen, the horror on the Danube, Londres et New-York : Routledge, 2000, 442 p.

Razola (Manuel), Constante (Mariano), Triangle bleu. Les républicains espagnols à Mauthausen. 1940-1945, Paris : éd. du Félin, 2002, 190 p.

Tillard (Paul), Mauthausen, Paris : Editions sociales, 1945, 78 p.

Tribunal militaire international. Nuremberg. Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international (14 novembre 1945-1er octobre 1946), texte officiel en langue française, Nuremberg : Secrétariat du tribunal sous la juridiction des autorités alliées de contrôle pour l'Allemagne, 1947 (déposition de Francisco Boix des 28 et 29 janvier 1946, 42 tomes : t. VI, p. 273-278 et p. 279-290).

Wormser-Migot (Olga), Le système concentrationnaire nazi (1933-1945), Paris : P.U.F., 1968, 660-VII p.

Wrocklage (Ute), Fotografie und Holocaust. Eine annotierte Bibliographie, Francfort : Fritz Bauer Institut, 1998.