« D’un côté la jactance,
la méconnaissance de la vraie France, pour aboutir à l’échec.
De l’autre, la défense de la plus juste des causes, peu de paroles,
des actes et la victoire » (Weygand).
La force M, commandée par l’amiral anglais
Cunningham, appareille de Liverpool le 31 août. Elle se compose
pour les Anglais de 4500 hommes, de deux cuirassés le Resolution
et le Barham, du porte-avion Ark Royal, de quatre croiseurs et de
dix destroyers ; pour les Français libres de 2400 hommes embarqués
sur le Westernland et le Pennland, de trois avisos, le Savorgnan
de Brazza, le Commandant-Dominé, le Commandant-Duboc. Initialement
dénommée Scipio, l’opération Menace débute le 23 septembre au lever
du jour. De Gaulle dépêche vers Ouakam deux avions qui atterrissent
après avoir largué des tracts annonçant l’arrivée du général de Gaulle
à la tête de ses troupes « pour renforcer la défense et ravitailler Dakar ».
Les deux pilotes sont arrêtés et emprisonnés. Au même moment, de Gaulle
diffuse un message radiotéléphonique annonçant l’arrivée de parlementaires.
Agenda de Pierre Boisson.
FR ANOM 250 APOM
« Le général de Gaulle arrive avec
ses troupes pour renforcer la défense de Dakar et pour
ravitailler la ville. Une puissante escadre anglaise
et de nombreuses troupes britanniques sont là pour l’appuyer.
Le général de Gaulle vient d’envoyer des officiers de son
état-major auprès des autorités de Dakar : Gouverneur général,
Amiral commandant la Marine, Général commandant supérieur.
Cette délégation du général de Gaulle a mission de demander
le libre débarquement des troupes françaises et du ravitaillement.
Si tout se passe bien, les forces britanniques n’auront pas à
intervenir et ne débarqueront pas. Tous les officiers, soldats,
marins, aviateurs, habitants de Dakar doivent s’employer à
faciliter cette opération de salut ».
Mais les forces britanniques et françaises au
large de Dakar sont dans une brume épaisse, ce qui ne permet
pas d’impressionner les défenseurs de la ville.
Note de de Gaulle en rade de Dakar, 22 septembre 1940.
FR ANOM 30APC 2
Télégramme de Boisson à Vichy, 23 septembre 1940.
FR ANOM Tel 685
Note de de Gaulle sur la mission des parlementaires, 22 septembre 1940.
FR ANOM 30APC 2
Note de de Gaulle sur la mission de d’Argenlieu, 22 septembre 1940.
FR ANOM 30APC 2
Compte-rendu du chef de bataillon Gostcho sur la mission des parlementaires, 23 septembre 1940.
FR ANOM 30APC 2
Deux embarcations, sous le commandement
de Thierry d’Argenlieu, sont mises à l’eau devant Gorée par
l’aviso
Savorgnan de Brazza. Elles pénètrent dans le port et
accostent. Les émissaires sont repoussés par le chef de la
police portuaire et essuient des coups de mitrailleuse.
D’Argenlieu et un officier sont blessés. Boisson organise
alors la résistance du port. Peu après, deux avisos
essaient de débarquer mais essuient des salves
de semonce. Dans le port de Dakar, les deux camps commencent
à échanger des tirs. Plusieurs bâtiments sont touchés,
dont le sous-marin français
Persée, qui coule. De Gaulle
et Cunningham se rendent compte qu’une entrée directe à Dakar
est impossible. Dans l’après-midi, les Gaullistes tentent un
débarquement à Rufisque et là aussi échouent. Dans un dernier
message, de Gaulle avait espéré encore rallier les autorités.
Mais Boisson lui avait répondu :
« Vous confirme que nous nous
opposerons par la force à tout débarquement. Stop.
Vous avez pris la responsabilité de faire couler le
sang français, gardez cette responsabilité, ce sang
a déjà coulé ».
De Gaulle renonce à engager à nouveau
ses forces car il ne veut pas de bataille entre Français ou,
selon certains historiens, parce que la force Y, une
escadre française envoyée par Vichy pour rétablir l’ordre
en Afrique équatoriale, n’est pas loin. L’amiral Cunningham
reçoit l’ordre de Churchill de poursuivre les combats et
donne l’ordre à Boisson de rallier de Gaulle.
« La France m’a confié Dakar » répond Boisson « je le défendrai jusqu’au bout ».
Les 24 et le matin du 25 septembre,
les Anglais vont faire plusieurs tentatives pour forcer
l’entrée du port. Ils renoncent à 9h30 et se retirent vers Freetown.
États de service de Pierre Boisson. FR ANOM Contrôle 177